Le Parti libéral est encore et toujours le parti des nouveaux arrivants. Il y en avait beaucoup, lundi soir, dans cette salle de Laval où M. Charest présentait son équipe lavalloise. Beaucoup de femmes qui portaient le hijab et que j’observais pendant le discours du premier ministre.
Franchement, elles étaient bien discrètes et plusieurs, sinon la plupart, sont restées assises sur leurs mains pendant que les autres militants libéraux acclamaient le chef. Et quelques hommes sont venus me voir, bien discrètement eux aussi, pour me dire qu’ils avaient lu mon blogue sur la question du hijab au soccer et qu’ils trouvaient que M. Charest avait perdu une belle occasion de se taire.
En fait, M. Charest a eu l’air opportuniste de la pire des manières dans ce dossier. Il n’a pas regardé les faits, il a juste vu une occasion d’avoir l’air d’un gars qui «met ses culottes», selon l’expression de Mario Dumont. À peu de frais, parce qu’il pensait qu’il pouvait s’appuyer sur les règlements de la FIFA – le seul organisme international qui compte plus de pays que l’ONU.
Mais la «mise de culottes» à peu de frais avait ses limites parce que M. Charest a oublié les faits de la cause : à la fin, à moins de vouloir chercher la petite bête, un foulard est un foulard. On ne peut pas s’étrangler avec un foulard en jouant au soccer et on ne peut pas faire mal aux autres avec un foulard. On ne peut pas s’appuyer sur la FIFA non plus, puisqu’elle ne le défend pas.
C’est précisément le genre d’accommodement qui est raisonnable parce qu’il ne dérange personne, sauf ceux qui, ces temps-ci, ont le goût d’être dérangés par tout ce qui ne leur ressemble pas.
Non, M. Charest ne perdra pas le vote des nouveaux arrivants. Pas même celui de ces femmes de Laval qui portaient le hijab, hier soir. Mais elles auraient espéré voir un chef qui se tenait debout quand c’était si facile. Elles ont vu un homme qui pliait parce que c’était encore plus facile.