Le règlement, c'est le règlement

Voile islamique - étendard idéologique


Ah, le hijab ! Ce qui m'indispose, quand je vous lis, c'est pas que vous soyez en désaccord avec moi. C'est la mauvaise foi généralisée. Ou l'ignorance, je sais pas. Exemple : je fouille, je déniche les lois du jeu de la FIFA, je trouve des exemples de matches féminin internationaux où les joueuses évoluent avec le hijab. Je me documente, quoi. Et je vous soumets tout ça.
Et il se trouve des génies pour me dire : « Le règlement, c'est le règlement. » Ou encore : « Il faut penser à la sécurité. La sécurité prime sur tout. »
Ben justement, c'est pas dans le règlement de la FIFA. Nulle part. Je vous le souligne. Je vous démontre que l'arbitre a interprété de façon très, très conservatrice le règlement sur la sécurité de la FIFA, qui n'aborde pas la question du hijab (mais celle des bijoux, oui ; celle des lunettes, oui). Pas grave. Vous dites : « C'est le règlement. » Et pour vous montrer à quel point la décision de Laval était absurde, je vous trouve des matches d'équipes internationales où des filles jouent avec un hijab. Pas grave. Vous dites : « La sécurité avant tout. »
Là, je suis flabbergasté, totalement.
Donc, si je suis votre logique, le hijab n'est pas considéré comme un danger pour les joueuses de soccer de niveau international. Mais le hijab est un danger pour les joueuses de soccer de Laval. Les arbitres internationaux, des arbitres certifiés FIFA, des arbitres qui en ont vu pas mal plus que l'arbitre de Laval, ces arbitres, donc, laissent jouer des filles avec un hijab. Pendant ce temps, à Laval, un arbitre (mais c'est un musulman !) décide, lui, que le hijab est un dangereux objet qui risque de blesser l'attaquante de 11 ans (même si elle joue à Ottawa avec son hijab et que l'objet n'a tué personne là-bas) et les autres joueuses.
Et vous, vous penchez du côté de l'arbitre de Laval ! D'un côté, le monde. De l'autre, le 450. Vous pensez que le 450 a raison!
Le plus drôle, c'est de lire ces frileux et ces frileuses qui évoquent le danger d'accident, en pleine action. La jeune fille pourrait se faire agripper le hijab, voyez-vous, en pleine course, et, et, et je ne sais pas, moi, SE FAIRE BRISER LE COU ! Hein, M. le journaliste, ça, vous n'y aviez pas pensé ! Non, je n'y ai pas pensé pour l'excellente raison que CE N'EST JAMAIS ARRIVÉ. Ah, comment ? Ça pourrait arriver ? Bien sûr. Je vous soumets ceci : la dernière fois qu'un enfant est mort sur un terrain de soccer, c'est parce que le filet lui est tombé dessus. J'espère que la question des filets non-fixés au sol vous obsède autant que celle des dangereux hijabs. J'espère que vous avez écrit à votre député pour le sensibiliser. J'espère que M. Charest va commenter ça, aussi, lui qui semble si préoccupé par la sécurité dans les sports.
Et la jeune attaquante, dites-vous, est opprimée par son père, qui la force à porter le voile (il doit l'enchaîner dans le sous-sol, aussi). Bien sûr. Mais le père n'est pas très conséquent, entre vous et moi. Il la laisse s'affirmer en jouant au soccer, il la laisse s'intégrer à notre société décadante en courant en short sur un terrain, en marquant des buts, en jouant avec d'autres petites filles en short, qui rient, qui crient et qui s'encouragent. Il ferait un mauvais taliban, ce papa-là (la pognez-vous : pap-Allah ?)!
L'arbitre de Laval est musulman ? Ah bon. Et ça explique tout ? Ça explique sa sagesse ? C'est drôle, je pensais que l'arbitre interprétait la « game » en fonction des lois du jeu de la FIFA, pas en fonction du Coran ou en fonction de son héritage religieux. Je dois être dans le champ. Ou hors-jeu. La loi du hors-jeu au soccer est très complexe. Imaginez quand Mahomet s'en mêle, je suis content de ne plus être arbitre (à Laval, by the way, de 1986 à 1993).
Mais si vous êtes partisans du tribalisme, parfait, la prochaine fois qu'un premier ministre du Canada va fourrer le Québec, s'il est Québécois, je dirai : « Y doit avoir raison, c'est un Québécois ! » Car si je suis votre raisonnement sur l'arbitre musulman de Laval, Trudeau avait raison d'envoyer l'armée au Québec, en 1970. Ben quoi ? C'était un Québécois!
Je suis de mauvaise foi, bien sûr, là-dessus. Mais moi, je le sais.
Bon, je vous laisse, Rivière-éternité m'attend. J'y fais une entrevue avec l'équipe de soccer du coin, dont toutes les joueuses portent la burqa!


Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé