Yves Schaëffner - À l'occasion de sa réunion annuelle, hier, l'International Football Association Board (IFAB) avait l'occasion de clarifier la question du port du hidjab par les joueuses de soccer durant les matchs. Il ne l'a pas fait. Il a préféré laisser aux arbitres le soin de trancher la délicate question sur le terrain.
Réuni dans un chic hôtel cinq étoiles de Manchester, l'IFAB, qui dicte les règles du soccer depuis 1886, s'est contenté d'assurer que la question du «port du hidjab est déjà couverte par le règlement 4 sur l'équipement des joueurs».
Le problème? La Fédération de soccer du Québec (qui s'oppose au port du hidjab) et l'Association canadienne de soccer (qui l'autorise) se basent toutes deux sur ce même règlement pour arriver à des conclusions opposées! La règle 4 précise ce que les joueurs doivent porter (short, t-shirt, chaussures...)
Puis, ce qu'ils ne peuvent pas porter (bijoux et tout ce qui pourrait être dangereux). Le hidjab peut-il être considéré comme dangereux pour les joueuses? Ne comptez pas sur l'IFAB ou sur la Fédération internationale de football association (FIFA) pour répondre à cette question.
«Il y a une chose importante à savoir : c'est l'arbitre qui doit appliquer les règles du jeu, a précisé Pekka Odriozola, porte-parole de la FIFA, après la rencontre. Ce sont les arbitres qui doivent vérifier l'équipement des joueurs avant qu'ils n'entrent sur le terrain.»
Comme s'il était en campagne électorale, Brian Barwick, directeur général de l'Association anglaise de soccer (FA) et membre de l'IFAB, a assuré favoriser «un soccer inclusif " tout en rappelant : " S'il est important de se montrer sensible à la pensée et à la philosophie des autres, il faut aussi s'assurer que tout le monde adhère aux mêmes règles, et nous favorisons l'adhésion à la loi 4.»
En Angleterre, comme partout au Royaume-Uni, il est courant que des joueuses musulmanes portent le hidjab sans que les arbitres s'y opposent.
«J'ai entendu parler de cette histoire au Québec, mais ici les filles peuvent jouer avec un foulard tant que l'arbitre juge que cela ne pose pas de problème pour la sécurité des joueuses», a précisé Alex Stone, porte-parole de la FA.
Un porte-parole de la FIFA joint vendredi considère quant à lui que «toute cette histoire n'est qu'une tempête dans un verre d'eau». Il a notamment rappelé qu'il y a «énormément de filles qui jouent avec un hidjab dans les pays arabes sans que cela pose de difficulté». D'ailleurs, aucun des médias européens présents à la rencontre d'hier à Manchester n'a cru bon de s'intéresser à ce sujet.
Même en France, où la question du hidjab est depuis longtemps controversée, la Direction nationale de l'arbitrage a assuré à La Presse que, selon son interprétation, «rien dans les textes n'interdit de jouer avec un foulard».
En précisant que cela n'avait aucun rapport avec le hidjab, l'IFAB a par ailleurs décidé hier d'interdire tout message à caractère politique, religieux ou personnel sur l'équipement des joueurs. Même si le sujet du foulard a été abordé lors de cette réunion en raison de l'exclusion de la jeune Asmahan Mansour d'un tournoi de soccer à Laval, l'IFAB et la FIFA ont refusé de commenter le cas.
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