Changer de changement

Réponse de Bernard Frappier

Tribune libre

Changer de changement...
Le Québec veut du changement, non mais du vrai-vrai changement. ; si ça continue comme ça, d'après moi, on va finir par changer de changement à force de changer tout l'emps ! Depuis quelques temps, quand j'entends ce mot, je sors mon révolver jaune-orange!
Mais j'ai une question pour mes amis Vigiliens : Quand on veut changer de capitaine parce que ce dernier ne semble pas se diriger vers le bon port, pourquoi vouloir changer le bateau avec ???
C'était une question pour Bernard Frappier.
André Vincent
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Bonjour André Vincent,
Je crois sincèrement qu'après 40 ans, ce parti a produit ce qu'il pouvait produire historiquement. Le PQ, ce n'est pas seulement un chef, c'est une culture organisationnelle, des habitus, un héritage. Or cette culture est celle d'un projet de refondation du Canada accueillant le Québec; c'est un parti autonomiste qui considérait la souveraineté comme un détour indispensable à la négociation d'une meilleure place dans la fédération canadian, "le couteau sur la gorge"...
D'où l'essentiel trait d'union dans l'article UN : souveraineté-association et ses avatars. Il propose la souveraineté, mais avec la peur au ventre. Ce parti est tenaillé par "la peur de gagner", donc il fait le mort sur la question de l'indépendance...
D'où l'incapacité pour ce parti d'organiser sérieusement "la suite des choses" dans la perspective d'un référendum gagnant.
D'où ses mesures dilatoires permanentes quand il s'agit d'indépendance.
D'où malheureusement sa propension au double langage, à la duplicité, à l'ambiguïté.
Mis à part Jacques Parizeau, le seul qui trouve grâce à mes yeux, tous les autres chefs ont été des magiciens du changement-stable, de la révolution-continuité, des politiciens qui ont poussé le peuple québécois à faire un fou de lui, à faire tourner un ballon sur son nez, dans le cirque canadian, dans ce Canada hargneux, excité par l'efficience de sa domination et exalté par la victoire imminente de sa politique de subordination-extinction de la nation québécoise.
Bref, le PQ ne peut pas être autre chose que le PQ. Changement de chef ou pas. Quand je dis que Pauline Marois m'ennuie, je le dis parce que c'est vrai, elle a sur moi le même effet qu'un article du B'nai Brith ou de Bill Johnson ou de Barbara Kay, le même haut-le-coeur que produisait Jean Chrétien quand il vomissait sur les Québécois ("They have a pain in a ass" - "Ils ont une humiliation" - quel crétin celui-là!!!); pas pour les mêmes raisons évidemment.
Plutôt parce qu'elle me donne l'impression de reculer, d'être un danger pour la nation dans cette période critique de notre histoire, plutôt parce qu'elle ne fait pas la job nécessaire à la survie nationale. Forte en rhétorique, mais nulle en action. Je retiens d'elle des erreurs de jugement politique (1° proposer d'enseigner l'histoire en anglais en 6e primaire - enseigner une matière inconnue dans une langue inconnue, des fusibles ont sauté dans ma tête; 2° soutenir la promotion d'un projet d'amphithéâtre en exigeant le bâillon de la part du gouvernement - faut le faire!).
Non je ne souhaite pas voir mon pays gouverné par une personne de cette petite envergure.
Et les Québécois non plus!, nous disent les sondages, mois après mois.
Je conclus en disant que le PQ doit être remplacé, non pas recyclé. Parce que c'est un "brand" périmé. Il a accompli son travail historique, c'est le seul aspect positif que je lui reconnais: le PQ a contribué à moderniser le Québec, à civiliser les acteurs économiques. Il a accompagné le peuple québécois dans sa prise de conscience de lui-même. Mais aujourd'hui, il semble être devenu un frein pour la suite des choses.
Bernard Frappier, 19 juillet 2011


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2 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    20 juillet 2011


    Bon matin Bernard Frappier,
    Vous savez, j'aurais très bien pu écrire ce que vous venez de me dire. Vous êtes d'ailleurs bien placé pour savoir à quel point j'ai pu critiquer ce parti.
    Comme vous pouvez le voir, je suis présentement très ambivalent. Mais rassurez vous : y'a toujours un moment où faut y aller et à ce moment-là, les traces sont dans le chemin.
    Et je suis un fervents des chemins de traverse...
    Ave

  • Laurent Desbois Répondre

    20 juillet 2011

    « Je crois sincèrement qu’après 40 ans, ce parti a produit ce qu’il pouvait produire historiquement. Le PQ, ce n’est pas seulement un chef, c’est une culture organisationnelle, des habitus, un héritage. »
    • 1965, 15% pour la souveraineté (Trudeau arrive à Ottawa pour sauver le Canada!)
    • 1980 référendum, 40% pour la souveraineté!
    • 1995 référendum volé, près de 50% pour la souveraineté!
    …….. 2011 60%?????
    La décanadianisation du Québec s’accélère
    http://www2.lactualite.com/jean-francois-lisee/la-decanadianisation-du-quebec-saccelere/7024/
    Pas si mal en quarante ans !!!!
    Les fédéralistes sentent le souffle chaud des souverainistes dans le cou!!!
    « Je ne suis pas un champion des causes perdues, mais des causes pas encore gagnées. »
    Norman Thomas