Financement du Parti libéral du Québec

Charest ment comme il respire, dit Bellemare

Le gouvernement ne veut pas de l'ancien ministre devant une commission parlementaire

L'affaire Bellemare - la crise politique

Marc Bellemare

Photo : Clément Allard - Le Devoir

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Robert Dutrisac - Marc Bellemare accuse Jean Charest de mentir quand il affirme ne rien savoir des pratiques de financement illégales du Parti libéral du Québec. L'ancien ministre libéral est prêt à comparaître devant une commission parlementaire pour déballer son sac. Mais le gouvernement refuse qu'il fasse ses révélations publiquement, l'invitant plutôt à témoigner à huis clos devant le Directeur général des élections.
Québec — L'ancien ministre de la Justice Marc Bellemare a accusé, hier, le premier ministre Jean Charest de mentir quand il affirme qu'il n'avait jamais été mis au courant de plusieurs irrégularités dans le financement du Parti libéral du Québec. De son côté, le gouvernement fera tout pour empêcher l'ancien ministre libéral de comparaître devant une commission parlementaire.
«Jean Charest ment comme il respire», a déclaré hier Marc Bellemare au réseau TVA. À la Presse canadienne, l'ancien ministre a assuré qu'il dispose de preuves démontrant que le premier ministre Jean Charest a été informé à plusieurs occasions d'irrégularités dans le financement du PLQ. M. Bellemare a affirmé qu'il a discuté plus d'une fois de cette question avec le premier ministre durant l'année où il a été au gouvernement, soit d'avril 2003 à avril 2004.
Marc Bellemare s'est dit disposé, hier, à accepter une invitation à venir témoigner devant une commission parlementaire qui pourrait lui fournir l'immunité. L'ex-ministre souhaite avoir la même immunité que les parlementaires, puisque les révélations qu'il entend faire pourraient l'exposer à des poursuites.
Pour le leader parlementaire du gouvernement, Jacques Dupuis, il n'est pas question de laisser Marc Bellemare témoigner en commission parlementaire. Qu'il se présente devant le Directeur général des élections (DGE), dit-il. «Le Directeur général des élections est une institution indépendante et impartiale, a fait valoir M. Dupuis. Elle a les pouvoirs de porter des accusations, de faire des enquêtes relativement à tout manquement à la Loi électorale.»
Jacques Dupuis a rappelé que le DGE peut accorder «l'immunité à quelqu'un qui pense qu'il va s'incriminer», sans mentionner toutefois que cette immunité ne vaut que pour des manquements à la Loi électorale et ne tient pas contre des poursuites au civil pour diffamation, par exemple. Le leader parlementaire n'a pas non plus mentionné un des grands mérites que revêt une enquête du DGE aux yeux du gouvernement: elle se déroule à huis clos.
Motion adéquiste
Le chef de l'Action démocratique du Québec, Gérard Deltell, accompagné du député de Shefford, François Bonnardel, a indiqué hier qu'il déposera ce matin à l'Assemblée nationale une motion afin de permettre à la Commission d'administration publique (CAP) d'entendre Marc Bellemare. Contrairement à d'autres commissions parlementaires, ses membres ne peuvent de leur propre chef se confier un mandat d'initiative; c'est à l'Assemblée nationale qu'il revient de lui accorder ce mandat. De toute façon, les commissions sont composées d'une majorité de députés libéraux.
«C'est extrêmement décevant, ce refus du leader parlementaire des libéraux d'entendre M. Bellemare, a déploré Gérard Deltell. Il va continuer à y avoir un nuage de soupçon autour de cette affaire.»
«Ce n'est pas un quidam, Marc Bellemare. C'est un ancien ministre, procureur de la Couronne, ministre de la Justice, qui a été témoin en première ligne de situations qu'il juge qu'elles méritent d'être connues publiquement», a-t-il souligné.
Bellemare refuse d'aller devant le DGE
Hier, Marc Bellemare a rejeté une nouvelle fois toute possibilité qu'il accepte de témoigner devant les enquêteurs du DGE. Même si l'organisme lui garantit que son témoignage sera confidentiel et qu'il ne sera pas poursuivi en vertu de la Loi électorale, M. Bellemare juge ces assurances insuffisantes. Vendredi, il avait eu des mots très durs envers le DGE, Marcel Blanchet, qu'il a qualifié de «bon mercenaire servile» du premier ministre.
Marc Bellemare juge que M. Charest abuse de sa propre immunité parlementaire quand il affirme qu'il n'a jamais été mis au courant d'irrégularités dans le financement du PLQ. Selon l'ex-ministre, il a discuté à plusieurs reprises avec M. Charest de l'influence exercée par les syndicats et les entrepreneurs de la construction. M. Bellemare croit que le gouvernement ne souhaite pas qu'il comparaisse devant une commission parlementaire par crainte de ce qu'il pourrait révéler.
À l'Assemblée nationale, la chef de l'opposition officielle, Pauline Marois, a mis en doute le sens de l'éthique de Jean Charest. «Tout le monde aura compris que le premier ministre fait de la diversion et que pour lui, la recherche de la vérité, c'est accessoire», a-t-elle affirmé.
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Avec La Presse canadienne


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