Charte des valeurs: Jacques Parizeau met le PQ en garde

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Ses propos mal avisés de 1995 sur « l'argent et les votes ethniques » démontrent que Jacques Parizeau n'est pas nécessairement la meilleure autorité en la matière

Avec le projet de Charte des valeurs présenté par le Parti québécois, «le feu commence à prendre dans notre société», a averti l'ex-premier ministre Jacques Parizeau dans une entrevue accordée à l'animateur Paul Arcand.
L'interdiction des signes religieux stipulée dans le projet de charte fait peur aux immigrants, a déploré M. Parizeau. «Les immigrants de fraîche date, qui parlent d'ailleurs un excellent français, commencent à avoir peur. Ici, ils avaient la paix. Et nous, on entre là-dedans avec nos gros sabots. Et on vise pas les musulmans, mais les musulmanes !»
Avec cette charte, c'est la première fois que le Québec légifère pour interdire quoi que ce soit de religieux, a-t-il souligné. «Passer une législation de ce genre là, essentiellement destiné à un certain nombre de femmes musulmanes, c'est gênant», dit-il.
Dans une chronique publiée ce matin dans le Journal de Montréal, Jacques Parizeau a plaidé pour un assouplissement de la charte, qu'il estime trop contraignante.
Selon, M. Parizeau il n'est pas nécessaire d'interdire le port de signes religieux aux employés de l'État. Sa position sur la Charte des valeurs s'inspire largement du rapport Bouchard-Taylor. «Pour le moment», il limiterait l'interdiction du port de signes religieux aux policiers, aux juges et aux gardiens de prison. Jacques Parizeau plaide aussi en faveur du retrait du crucifix de l'Assemblée nationale.
Ainsi, M. Parizeau se dit en faveur de la modification la Charte des droits et libertés et de l'instauration de balises claires pour gérer les demandes d'accommodements religieux. M. Parizeau insiste par ailleurs sur l'obligation de donner ou recevoir des services publics à visage découvert partout au Québec. «Personnellement, j'irais plus loin que cela», ajoute-t-il cependant de façon sibylline sur la question du voile intégral.
À l'animateur Paul Arcand, il a indiqué que le projet de charte nuirait à la souveraineté. L'animateur lui a demandé s'il cherchait, avec cette position «à se racheter» pour ses déclarations au soir de la défaite référendaire. «Ça n'a aucun rapport», a répondu M. Parizeau.
«Ce soir-là, j'ai ciblé DES votes ethniques. Je parlais des congrès italien, grec et juif qui ont fait front commun et qui avaient eu une activité politique extraordinaire avec un succès formidable.»
Réactions à Québec
L'ancien premier ministre Jacques Parizeau apporte au débat sur la charte des valeurs une contribution qui sera prise en considération par le gouvernement, a commenté le ministre responsable, Bernard Drainville, à la suite de la plus récente sortie de l'ancien chef péquiste.
Les membres du gouvernement étaient prudents dans leurs commentaires et peu bavards, jeudi matin, après avoir pris connaissance de la position nuancée de M. Parizeau, qui vient apporter de l'eau au moulin des détracteurs du projet de charte des valeurs.
La contribution de M. Parizeau au débat est très constructive, a jugé le ministre Drainville, en reconnaissant que certains aspects du projet de charte posaient problème, comme le droit d'en être exempté dont le libellé sera reformulé.
Mais il est trop tôt pour dire dans quel sens, a renchéri le ministre des Relations internationales, Jean-François Lisée, qui s'est borné à dire que le projet sera certainement bonifié dans les prochaines semaines.
M. Parizeau a le droit de prendre position sur le sujet comme tout autre citoyen, s'est contentée de dire de son côté la première ministre Pauline Marois, sans prendre aucune question des journalistes présents.
L'opposition libérale a réagi en disant que le gouvernement devrait se concentrer sur les éléments qui font consensus pour faire adopter son projet de charte, mais elle doute que ce sera le cas.
-Avec la Presse Canadienne


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