Claude Léveillée - mon ami, mon frère, mon père, mon compatriote

2011 - nos disparus


Claude Léveillée est entré dans ma vie vers l'âge de six ou sept ans. Par les oreilles. Il n'est depuis lors jamais ressorti de mon esprit, de mon corps. De mon être tout entier. Depuis presque cinquante ans, maintenant.
Je n'ai jamais cessé, depuis cette époque, d'écouter, d'apprécier (de jouir, même, par), et par le même « canal », les Brel, les Félix, les Vigneault, les Piaf, les Françoise (Hardy), les Ferré, Brassens, Ferland, Ferrat, Bécaud, Aznavour, ainsi que les Raymond Lévesque, Georges Dor, Clémence, Claude Gauthier, Jacques Michel, Sylvain Lelièvre et autres Paul Piché. Et pardon, embrouillé par l'émotion, à/pour ceux que j'oublie pour l'instant.
Non, je n'ai jamais cessé.
Car la beauté, à l'image de la vérité (ou, pour le moins, de l'authenticité), n'a rien à voir avec les modes. Ni, en particulier, avec le diktat des goûts que celles-ci cherchent à imposer à tous par le biais de l'un des termes-instruments les plus vulgaires de la langue française, à savoir : le vocable « tendance ».
Je me nourris de l'Oeuvre chansonnière de Claude Léveillée (qui ne se réduit pas, très loin s'en faut, au « Vieux piano » ou à « Frédéric » : minuscules pointes d'iceberg de son génie créateur, quelque superbes que puissent être, et demeurer, ces créations extraordinaires jusqu'à l'immortel), aujourd'hui encore, au même titre, et habité de la même émotion, que jadis... dans les années soixante, soixante-dix, quatre-vingts, quatre-vingt-dix. Sans cesse. Je ne connus pour ainsi dire aucun « temps mort ». Jamais.
Un Boticelli ou un Renoir, c'est magnifique.
_ À jamais. Ou pas du tout.
_ Rien à voir avec la dictature des faiseurs d'images. Ou de sons !
De vide surtout.
_ Pour emplir la bulle de carbone de l'instant.
Aucun temps mort, en effet. Je l'affirme et le confirme.
_ Le poing levé. L'autre main sur le coeur.
Par nostalgie ? Non point.
_ Par amour de la Beauté. Simplement.
_ Immortelle par définition.
Claude Léveillée était et reste l'un des grands des Arts du Québec. Et de la Francophonie mondiale. Il le demeurera. À jamais.
Comme Félix, Brel, Vigneault ou Brassens.
Aussi est-ce encore un pan énorme de notre Histoire nationale qui s'écroule. Et ça fait mal. Très mal. Car notre époque (et ce, depuis plus d'une génération entière) n'aura jamais su produire des gens de cette qualité, de cette beauté, de cette grandeur, de cette magnificence. De cette intemporalité.
Claude, ton départ me heurte, me blesse, me désarme, me tue, à la manière même de la « désertion » des Félix, des René Lévesque, des Pierre Bourgault, des Camille Laurin, Des Brel aussi.
Québécois, nous sommes un peuple d'orphelins.
Nous étions si beaux avec Vous.
_ Si beaux avec Toi, Claude.
_ Et si nuls sans Vous.
Et sans Toi.
Je t'embrasse comme un fils, Claude.
_ Comme un compatriote de Février aussi, marchant vers l'Échafaud.
du No Future.
Avec André Gagnon, ton grand compagnon de la Musique, présent auprès de toi depuis quasi tes tout débuts, et également homme et compositeur de première force (Ah !, parmi moult au fil des décennies, ce « Projection » de 1973 qui me turlute toujours dans la tête dessous mes gris cheveux raréfiés), je te dis à mon tour, Claude Léveillée :
« Je t'aurai tant aimé »...
Pour l'éternité.
Jean-Luc Gouin,
_ Montréal, le 9 Juin 2011

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Jean-Luc Gouin94 articles

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Chambrelan du verbe et indocile citoyen de la Cité (les dossiers de la Francité et de la « Question » nationale du Québec l’occupent – et le préoccupent – tout particulièrement), mais également docteur en philosophie diplômé de l'Université Laval et spécialiste nord-américain du penseur allemand Hegel, JLG a publié ouvrages et maint article portant pour la plupart sur celui-ci.



Hegel. De la Logophonie comme chant du signe, son dernier opus, fruit de trente ans de recherche, a été publié simultanément, en 2018, et aux PUL, à Québec, et chez Hermann à Paris.

 

Textes « citoyens » choisis de Jean-Luc GOUIN ( 1995-2018 )

( parmi quelques centaines, qui hélas ne vieillissent pas )

 

•• Les Bilinguistes. Grands sorciers des langues phagocytaires

•• Débat sur la langue dans le quotidien Le Devoir (Été de 1998)

•• Qui sort, digne ! Franchir le miroir de notre schizophrénie collective

•• Le Franc Pays. Québécois ou Québec coi ? (+ de 20 ans plus tard, rien n’a changé...)

•• Le Lys dans le lisier (Ou pourquoi l’Indépendance du Québec, en quelques mots)

•• Aux larmes citoyens ! (anthropoème en hommage à Gaston Miron)

•• Philippe Couillard : Le Philippe Pétain de notre temps (Lettre à mon premier sous - ministre)

•• Autres espaces de réflexion (Société, Culture, Politique... dont : Ouvrez le Feu ! , Liquider pour argent liquide , Halloween. Plaie ou plaisir de l’enfance ? , Interdit de ne pas fumer ! ...) 

•• De l’humain travesti en divin (modeste contribution au projet d’une Charte de la laïcité)

•• Précis sur la malhonnêteté intellectuelle (aussi nommée mauvaise foi)

•• L’Homme Prométhée (une forme de « CQFD » irrésistible aux textes qui précèdent...?)

 

 





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