Combien d'immigrants?

Ce débat, crucial et complexe, a malheureusement été lancé en fin de semaine de la pire façon qui soit - simpliste et partisane - par Jean Charest et Mario Dumont.

Immigration - capacité d'accueil


Combien d'immigrants le Québec devrait-il accueillir chaque année pour assurer sa croissance démographique et économique sans mettre en péril son identité et la paix sociale? Ce débat, crucial et complexe, a malheureusement été lancé en fin de semaine de la pire façon qui soit - simpliste et partisane - par Jean Charest et Mario Dumont.



[En entrevue avec notre collègue Patrick Lagacé, le chef de l'opposition officielle a soutenu que le Québec ne peut pas absorber plus d'immigrants que le seuil actuel - quelque 45 000 par année.->8186] Sur quoi M. Dumont se base-t-il pour affirmer qu'«on est pas mal sur notre capacité d'accueil» ? Il évoque la création de ghettos, la perspective d'entreprises «où toute la main-d'oeuvre va parler une autre langue»? De quels ghettos parle le chef de l'ADQ? Sait-il que la proportion des travailleurs immigrants maîtrisant le français à leur arrivée n'a jamais été aussi élevée que maintenant (60%)?
Mario Dumont concède qu'une hausse de l'immigration pourrait aider le Québec à satisfaire des besoins criants de main-d'oeuvre. Vu (sic) du point de vue d'un «économiste pur», concède-t-il, une telle hausse serait donc souhaitable, mais pas quand on étudie la chose avec une «vision de société équilibrée».
Pourtant, ce n'est pas seulement pour le bien des entreprises que nous avons besoin d'immigrants. C'est aussi parce que le déclin démographique va entraîner un ralentissement marqué de la croissance économique. D'où - c'est un sujet qui tient à coeur à M. Dumont - des finances publiques de plus en plus serrées. De plus, compte tenu du faible de taux de natalité, seule l'immigration pourra permettre au Québec d'éviter une diminution de son poids démographique - et donc politique - au Canada (une autre préoccupation du chef de l'opposition).
Les projections de l'Institut de la statistique du Québec montrent que si nous admettions chez nous 15 000 immigrants de plus par an, le déclin de la population totale serait reporté d'au moins 20 ans. En 2050, le Québec compterait 9,2 millions d'habitants, 1,4 million de plus que ce qui est actuellement prévu. En 2030, le nombre de personnes en âge de travailler (20-64 ans) serait plus élevé qu'aujourd'hui, à l'opposé de la pénurie qu'annoncent les tendances actuelles.
Bref, du point de vue économique, démographique et politique, il ne fait pas de doute que le Québec devrait viser à admettre 60 000 immigrants par année plutôt que 45 000.
Le premier ministre Charest a semblé dire en fin de semaine qu'il espérait une révision à la hausse des seuils d'immigration, parlant de «s'ouvrir davantage au monde extérieur». En principe, nous l'avons dit, une telle ouverture s'impose. Toutefois, qu'est-ce qui fait penser au premier ministre que c'est faisable? Le dossier des accommodements raisonnables n'a-t-il pas révélé que le seuil de tolérance des Québécois est atteint? M. Charest s'engage-t-il à accroître substantiellement les ressources consacrées à l'intégration et à la francisation des immigrants, bien au-delà de ce qui a déjà été fait depuis trois ans?
La ministre de l'Immigration, Yolande James, a lancé le mois dernier une consultation sur les niveaux d'immigration à définir pour les années 2008 à 2010. La question fera l'objet d'audiences de la Commission de l'Assemblée nationale sur la culture (les documents pertinents peuvent-être consultés sur le site de la Commission.
Souhaitons que le débat s'y fera de façon plus réfléchie et moins partisane qu'en fin de semaine. Après tout, c'est l'avenir du Québec qui est en jeu.

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André Pratte878 articles

  • 309 088

[une chronique intitulée « Tout est pourri » (critique de Anne-Marie Gingras) ->http://books.google.fr/books?id=EZWguAMXAtsC&pg=PA27-IA27&lpg=PA27-IA27&dq=pratte+Tout+est+pourri&source=bl&ots=MUti9NTQuH&sig=h2zgJlLgOg844j5ejxnUl4zH2_s&hl=fr&sa=X&ei=73RrT8aQEqnh0QHuh4GyBg&ved=0CEEQ6AEwBQ#v=onepage&q=pratte%20Tout%20est%20pourri&f=false]

[Semaine après semaine, ce petit monsieur nous convie à la petitesse->http://www.pierrefalardeau.com/index.php?option=com_content&task=view&id=30&Itemid=2]. Notre statut de minoritaires braillards, il le célèbre, en fait la promotion, le porte comme un étendard avec des trémolos orwelliens : « La dépendance, c’est l’indépendance ». « La soumission, c’est la liberté ». « La provincialisation, c’est la vraie souveraineté ». « La petitesse, c’est la grandeur ». Pour lui, un demi-strapontin à l’Unesco est une immense victoire pour notre peuple. C’est la seule politique étrangère qu’il arrive à imaginer pour le peuple québécois. Mais cet intellectuel colonisé type n’est pas seul. Power Corp. et Radio-Cadenas en engagent à la poche.





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