Erreurs, blâmes et Facaleries...

Crédibilité en jeu

Vigile


Allons d'abord aux faits. S'est-il trouvé, sur Vigile, des écrits qui stigmatisaient une communauté en particulier ? La réponse est oui. Même s'il s'agit d'une part infinitésimalissime de l'information disponible sur le site. L'éditeur l'a reconnu, et a élagué les quelques passages en question.
J'ai moi-même lu quelques uns des propos litigieux, et je les déplore vivement. Je ne les aurais pas publiés, et je n'y adhère d'aucune façon. Je peux imaginer que certains lecteurs aient été blessés par ces mots, qui leur auront peut-être rappelé les abominables faits historiques que l'on connaît.
Je ne me reconnais pas la compétence pour discuter avec autorité du fond du dossier dont il est question, vaste, complexe et délicat s'il en est un, ni, par le fait même, pour évaluer correctement le travail de Vigile à cet égard.
À ce que je sache, cependant, la justice n'a ni accusé, ni trouvé Vigile coupable de quoi que ce soit.
Je sais aussi que Vigile porte, à l'origine et au coeur même de sa mission, la volonté de libérer une parole indépendantiste qui, pour toutes sortes de raisons, ne trouve pas facilement le chemin des médias traditionnels. En soi, cette démarche comporte quelque chose de subversif. Il en découle, en toute cohérence, un certain état d'esprit qui transparaît dans la façon dont Vigile présente et gère son contenu. En bref, vous n'êtes pas en train de lire Châtelaine.
Les titres de Vigile sont parfois cinglants, caricaturaux ou provocateurs, y compris sur d'autres sujets que la seule question nationale québécoise, et des liens sont parfois proposés vers des éléments externes qui peuvent porter à controverse. On comprend, me semble-t-il, qu'il s'agit de présenter une diversité de points de vue plus grande que dans les médias traditionnels.
Quant aux interventions de citoyens publiées sur Vigile, dont celles récemment dénoncées, elles sont exprimées dans un cadre qui ressemble à celui d'un forum internet. Les règles d'un tel lieu d'échange ne sont quand même pas celles, plus strictes, des pages d'opinion d'un journal. Un débat dans un forum de ce genre est un exercice qui, dans sa facture et au niveau de la crédibilité qu'on lui accorde, s'approche davantage de la discussion informelle, même s'il est écrit, diffusé et habituellement surveillé par un modérateur.
Aussi, il se trouve que les tenants des propos dont il est question ici, se sont souvent fait répondre et contredire vertement par d'autres intervenants sur ce même site.
Voilà pour le contexte. Cela n'empêche personne de dénoncer des propos tenus sur Vigile, et de le faire à bon droit, mais permet de remettre en perspective les accusations parfois exorbitantes des derniers jours.
***
Outre faire certains ajustements qui s'imposent, il faut maintenant se demander quels sont les dommages faits à la crédibilité de Vigile. Aussi, les blâmes adressés avaient-ils, dans certains cas, ces dommages pour but, et des motifs sous-jacents ?
Dans cette affaire, il est très intéressant d'examiner d'où viennent les coups. D'abord, à travers le comité qui a lancé la polémique, ils viennent d'un ex-bloquiste, et d'un militant dont on apprend de diverses sources qu'il est, ou qu'il fut souverainiste.
Ensuite, celui qui en remet une grosse couche dans un texte aux procédés plus ou moins honorables, est lui-même un ex-péquiste -- avec de bonnes chances de le redevenir -- et souverainiste démissionnaire dont une partie de l'élite souverainiste boit les lamentations comme du petit lait. Les péquistes critiquent François Legault du bout des lèvres, mais les entendez-vous dire quoi que ce soit sur Facal ?
Il ne s'agit pas de crier au complot, mais plutôt de constater les faits : Vigile, dans cette affaire, est pris à partie par des souverainistes. L'action de ceux-ci a une conséquence qui crève les yeux : la stigmatisation, le confinement des nombreux collaborateurs de ce site dans le rôle, au mieux, d'hurluberlus, au pire, d'extrémistes et de racistes.
Ne s'agit-il pas justement de ce que pense une certaine élite souverainiste d'une partie de sa base ? Voilà où nous en sommes : dans une lutte entre fonctionnaires de la souveraineté, et militants encombrants.
Vigile dérange. On peut le dire sans que cela ne serve à masquer certaines fautes qui ont bel et bien été commises en ses pages.
Il se trouve ici des gens qui rejettent avec éloquence la proposition péquiste actuelle. Il s'en trouve d'autres qui y adhèrent avec enthousiasme, mais qui ont la conviction de voir le spectre de l'indépendance danser entre les lignes de ce programme-minceur qui n'en parle pas. Ceux-là ne sont pas nécessairement les meilleurs alliés des fonctionnaires de la souveraineté non plus, parce qu'ils sont motivés, eux aussi, par l'indépendance.
Tout cela, tout ce beau monde, fait de Vigile une bannière qui hurle, qui implore, qui supplie qu'on lui accole au plus vite l'étiquette pure-et-dure, si commode pour neutraliser les indépendantistes. Raciste, xénophobe, c'est encore mieux.
Cela tombe drôlement bien, à l'approche d'un congrès où tout indique que l'objectif indépendantiste sera officiellement mis sur la glace pour des années.
Nic Payne


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6 commentaires

  • Daniel Magnan Répondre

    26 mars 2011

    J'ajouterais à votre propos que pour quiconque suit les débats à l'Assemblée nationale, il est facile de constater que les péellequistes sont en pleine campagne pour stigmatiser les péquistes. Les termes radicaux, purs et durs, etc. reviennent souvent de la bouche du parti corrompu. Or, dans ces conditions, il faut s'attendre à ce que le PQ qui n'est pas dupe tente d'éviter d'être mêlé à des souverainistes disons décidés pour ne pas tomber dans le piège libéral.
    Aussi, pendant que l'on s'obstine entre nous, les péellequistes peuvent respirer un peu plus aisément, mais à peine, car n'étant pas adéquistes, on peut faire deux choses en même temps.
    La solution à tout cet imbroglio réside peut-être dans le fait d'ouvrir une section où nous pourrions recenser tous les propos racistes envers les Québécois que l'on retrouve dans les publications de Gesca. Le PLQ se la fermerait pour les motions de blâme de peur d'écorcher Desmarais car condamner Vigile sans condamner Cyberpresse démontrerait toute la partisannerie derrière l'instrumentalisation du nationalisme égalitaire des QUébécois. Aussi, le PQ pourrait profiter des retombées d'une hypothétique hausse de la fierté nationale. N'oublions pas qu'il y a bien souvent adéquation entre racisme anti-Québec et partisans péellequistes.

    ***
    Je déplore que Facal ait bloqué les commentaires sur son site. Fuir le débat pour en conserver une apparence de victoire, c'est enfantin. En ce sens, je revois Cartman qui dit «je vous emm**** et je rentre à la maison»!
    Mais il a peut-être pris la bonne décision sachant qu'il ne faut pas attiser la flamme entre les décidés et les (futurs) décideurs...

  • Archives de Vigile Répondre

    25 mars 2011

    Que fait-on maintenant, demande Stéphane Bélanger. Je ne connais rien à la gestion de crise mais on n'en est pas là. Je serais étonné que des accusations soient portées.
    Il y a peut-être des choses à améliorer dans la validation des textes avant publication, je ne sais pas. M. Frappier nous a déjà présenté des exemples de commentaires rejetés. Je n'ai pas lu les textes incriminés mais je connais les auteurs par leurs textes sur Vigile, je crois M. Frappier quand il explique la démarche de M. Parent.
    Je ne vois pas comment pourrait mieux faire M. Frappier, mieux faire sans tomber dans la langue de bois ou le discours binaire. Personnellement le site Vigile ne m'a jamais refusé un texte ou un commentaire, bien que les titres ont été changés quelque fois, mais je n'écris pas souvent.
    Je crois que c'est à nous, les intervenants de la tribune libre, à faire attention à nos propos, à ne pas nuire au site, à agir dans un esprit de corps avec Vigile en quelque sorte.
    Je crois qu'il y a 2 options présentement pour Vigile : ne rien faire et se faire oublier afin de pouvoir continuer sans problème, ce qui est peut-être le plus sage, ou profiter de la visibilité momentanée (alors que des acteurs politiques sont interpellés) pour frapper un grand coup de sorte qu'après, Vigile sera pris au sérieux.
    C'est risqué, Jean-Marc Fournier et Jean Charest ont prouvé à maintes reprises leur malhonnêteté intellectuelle pour arriver à leur fins, ces gens n'ont aucun sens de l'éthique, ils n'ont aucun problème à frapper dans le dos.
    Mais ça vaut peut-être la peine d'essayer, faudrait calculer les risques.
    M. Frappier devrait peut-être préparer un dossier à présenter à la presse, un manifeste qui proclamerait la souveraineté de chaque québécois, son droit à l'indignation devant l'amenuisement perpétuel de la culture de la majorité. Cette accusation d'antisémitisme qu'on nous sert depuis des décennies, ici et ailleurs dans le monde, est un procédé dégueulasse. Les accommodements raisonnables commencent à taper sur les nerfs, je suis certain qu'une majorité de québécois peuvent comprendre et accepter qu'une organisation comme Vigile se rebiffe et fasse une telle gifle aux élus.
    Le jour ou Vigile sera un intervenant reconnu dans le monde médiatique, un intervenant "autorisé" par la corporation, le PQ et les autres partis ne pourront plus l'ignorer.

  • Archives de Vigile Répondre

    25 mars 2011

    Nous sommes officiellement en guerre:
    http://www.jta.org/news/article/2011/03/16/3086423/canadian-government-to-help-fund-jewish-campus
    Choisissez votre camp !!

  • Nic Payne Répondre

    25 mars 2011


    M.Bélanger,
    D'une bonne analyse émanent sûrement des pistes de solutions. On n'est pas obligé de toujours conclure à la place des autres.
    Si vous avez des questions précises, cependant, il me fera plaisir de vous répondre.
    Salutations,
    N.P.

  • Archives de Vigile Répondre

    25 mars 2011

    Bonjour Monsieur Payne,
    Comme toujours vous offrez une bonne analyse de la situation, mais comme toujours en bon analyste verbeux vous offrez peu de solutions ... allez allez un petit effort s.v.p.
    Que fait-on maintenant ...
    Bien à vous,
    Stéphane Bélanger
    Lévis

  • Archives de Vigile Répondre

    24 mars 2011


    C’est curieux, j’ai la même intuition, que Vigile dérange, et pas seulement les canadians, mais aussi et surtout, les déficitzéroistes, les bongouvernementistes, les conditiongagnantesistes, et maintenant les gouvernancesouverinistesistes.
    Dorénavant ceux et celles qui oseront critiquer ces ‘’istes’’, seront étiquetés de pur et dur, de caribous, de pressés, d’illettrés, et maintenant de vigilistes.
    Tout est prêt maintenant pour le couronnement de la reine des ‘’istes’’.
    Vous ne vous laissez pas intimidé Bernard Frappier, et c’est bien ainsi.
    Québecoisement libre
    Pierre Desgagné