L'indépendantisme muet

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L'indépendance est autre chose qu'un simple produit électoral

La Presse nous apprenait récemment que, selon un sondage, 23% des Québécois se disent souverainistes, tandis qu'une proportion identique s'identifie au fédéralisme. En outre, seulement 18% des francophones de 18 à 24 ans se décrivent comme souverainistes. Il n'en fallait pas plus pour que divers membres du commentariat officiel proclament, pour la énième fois, l'impasse absolue dans laquelle se trouve selon eux le mouvement indépendantiste.


Pourtant, l'étude nous apprend également que les Québécois sont plus que jamais inquiets pour la survie du français: chez les francophones, 70% partagent cette inquiétude, ce qui représente une augmentation de 10% depuis 2001; quant au sentiment d'appartenance au Québec d'abord et au Québec seulement, il bondit à 62%, contre 49% en 2003. Enfin, comme en 1995, une bonne majorité de Québécois considèrent que le fédéralisme canadien comporte davantage d'inconvénients que d'avantages pour le Québec.


Le portrait que dessine cette étude fait dire à l'un de ses auteurs que la question nationale semble sortie de l'ordre du jour alors qu'elle n'est pas réglée du tout.

En effet, alors que les chantres de la démission qui conseillent les péquistes depuis le début des années 2000 continuent de seriner sans relâche que les ressorts du sentiment indépendantiste sont cassés et qu'il faut par conséquent mettre l'option en veilleuse pour ne pas déranger l'électeur, ce sondage, comme bien d'autres auparavant, montre que les éléments essentiels du clivage Québec-Canada sont toujours bien actifs. On pourrait même dire davantage qu'autrefois dans certains cas, mais que l'indépendance n'apparaît plus dans l'horizon immédiat. Comment ne pas voir dans cet état de choses, et dans le fléchissement plus marqué de l'option chez les jeunes, le résultat de 25 ans d'attentisme?


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Faire de la politique, comme prendre part au débat public de façon plus large, c'est aussi, pour le dire un peu bêtement, mettre des idées en marché. Comme dans le commerce, si un produit intellectuel n'est pas en marché, il va de soi qu'on ne l'achètera pas. À l'inverse, si un produit est présent, dispose d'une bonne publicité et, surtout, répond à certaines aspirations — ce qui est absolument le cas de l'idée indépendantiste —, il a de bonnes chances de bien se vendre, et même, éventuellement, de créer une demande grandissante qui verra sa popularité augmenter d'autant.


En ce sens, dans le marché politique québécois, le produit indépendantiste est très nettement sous-représenté. L'environnement, à titre de comparaison, est sur toutes les tablettes et chez tous les bons dépositaires. C'est le produit à la mode, et pour cause: il répond à une aspiration profonde qui fait consensus. Qui souhaite détruire l'environnement au péril de l'humanité? Adhérer à la cause environnementale est facile, même si le combat qui en découle est immense et loin d'être gagné.


Tandis que l'indépendance du Québec est une cause plus difficile à porter en ce sens qu'elle fera subir à ses défenseurs des vents contraires jusque dans leur famille, leur couple, leur carrière, leur vie sociale. Paradoxalement, c'est un objectif davantage à portée de main que le recul du réchauffement climatique.


La compagnie des indépendantistes n'a qu'elle-même à blâmer pour son état de semi-faillite actuel. Non pas parce qu'elle offre un produit mal foutu ou défectueux, mais, bien plus simplement, parce qu'elle en a cessé la vente depuis 25 ans.

Que représente le souverainisme péquiste aujourd'hui, notamment pour les jeunes? Un pays dynamique et moderne admiré de par le monde, ou une proposition provinciale ponctuée de multiples louvoiements opportunistes plus ou moins nauséabonds? Poser la question, c'est y répondre.


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