Dérapages contrôlés?

Débat des chefs - Québec 2007


Les militants libéraux sont confiants de voir leur chef, Jean Charest, bien faire au débat de mardi soir. Ils savent qu’au cours de sa carrière, tant au niveau fédéral que provincial, M. Charest est rarement sorti perdant d’un tel exercice. Pourtant…


On a beaucoup dit que le chef libéral était un redoutable «campaigner».* Or, M. Charest a plutôt déçu depuis le début de cette campagne-ci. Non qu’il ait mal performé en général. Mais les seules occasions où il a été dans l’embarras, ce n’est pas à cause des coups donnés par ses adversaires, mais en raison de dérapages qu’il a lui-même commis. Je pense évidemment à ses déclarations sur les transferts fédéraux et sur l’intégrité du territoire québécois.
Au sujet des transferts fédéraux, le chef du PLQ n’avait pas tort de dire que dans un Québec indépendant, nous ne recevrions plus de transferts venant d’Ottawa. Là où il est allé trop loin, c’est en laissant entendre que ces transferts pourraient être coupés dès la victoire du Parti québécois, et que même les transferts aux individus (les pensions de vieillesse, notamment) pourraient être touchés. Ce faisant, il a eu reucours à une sorte de tactiques dont les fédéralistes ont abusé dans le passé et qu’on espérait rangées à jamais au musée des épouvantails.
Sur l’intégrité du territoire québécois, M. Charest avait raison de dire que rien ne la garantirait advenant un OUI à la souveraineté. Un avis juridique remis au gouvernement Landry en 2002 disait exactement cela.
Cependant, M. Charest aurait dû affirmer sans ambiguïté qu’il défendrait personnellement cette intégrité de toutes ses forces, aujourd’hui comme au lendemain d’un OUI. Cela aurait à tout le moins montré son attachement indéfectible au Québec. Les questions des journalistes lui ont donné maintes occasions de faire une telle déclaration; il les a toutes manquées.
Quand il affirmait que le territoire québécois était indivisible, il donnait l’impression de réciter une leçon pénible apprise par coeur plutôt que de parler avec ses tripes.
Certains commentateurs prétendent que le premier ministre a fait cela sciemment, cherchant ainsi à polariser le vote. Peut-être. Mais si c’est le cas, c’était une mauvaise stratégie. Quand on choisit «S’unir pour réussir» comme thème de campagne, qu’on veut se différencier d’adversaires qu’on accuse de diviser les Québécois, on ne provoque pas la chicane.
Alors, M. Charest sera-t-il bon au débat des chefs? Rien n’est sûr.
* L’Office québécois de la langue française propose le mot «campagniste» comme équivalent français de «campaigner». Cependant, la définition qu’on donne au mot («Personne qui, pendant une campagne électorale, met en oeuvre tous les moyens de propagande nécessaires pour obtenir le plus grand nombre de votes») ne correspond pas à ce que le milieu politiqe définit comme un «campaigner», i.e. une personne qui excelle dans l’art de faire campagne.

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André Pratte878 articles

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[une chronique intitulée « Tout est pourri » (critique de Anne-Marie Gingras) ->http://books.google.fr/books?id=EZWguAMXAtsC&pg=PA27-IA27&lpg=PA27-IA27&dq=pratte+Tout+est+pourri&source=bl&ots=MUti9NTQuH&sig=h2zgJlLgOg844j5ejxnUl4zH2_s&hl=fr&sa=X&ei=73RrT8aQEqnh0QHuh4GyBg&ved=0CEEQ6AEwBQ#v=onepage&q=pratte%20Tout%20est%20pourri&f=false]

[Semaine après semaine, ce petit monsieur nous convie à la petitesse->http://www.pierrefalardeau.com/index.php?option=com_content&task=view&id=30&Itemid=2]. Notre statut de minoritaires braillards, il le célèbre, en fait la promotion, le porte comme un étendard avec des trémolos orwelliens : « La dépendance, c’est l’indépendance ». « La soumission, c’est la liberté ». « La provincialisation, c’est la vraie souveraineté ». « La petitesse, c’est la grandeur ». Pour lui, un demi-strapontin à l’Unesco est une immense victoire pour notre peuple. C’est la seule politique étrangère qu’il arrive à imaginer pour le peuple québécois. Mais cet intellectuel colonisé type n’est pas seul. Power Corp. et Radio-Cadenas en engagent à la poche.





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