Le moment de vérité

Débat des chefs - Québec 2007



Alors que la campagne électorale est presque arrivée à mi-chemin, nous avons demandé à trois observateurs privilégiés de la scène politique de nous expliquer comment se présente la situation pour chacun des trois principaux partis politiques. À lire chaque jeudi dans La Presse.
Déjà on se prépare pour le débat. Un débat où ça jouera dur. Très dur. C'est de bonne guerre. Mais souhaitons que le débat reste au niveau des idées et des équipes. Parce que c'est ce qui compte le plus.
La pression sera grande pour tous les chefs. Certains feront des simulations pour mieux se préparer. D'autres se contenteront de rencontres de travail. Certains se feront "breffer" jusqu'à la dernière minute. D'autres iront prendre une longue marche sur les plaines d'Abraham. Un groupe restreint de conseillers entoureront le candidat et peaufineront les stratégies. Ils mettent présentement la dernière main aux documents de "breffage", à la rédaction des réponses, à la préparation de lignes d'attaque et de défense, aux "one liners", ces phrases "punch" qui marqueront les temps forts. On tentera de tout scripter d'avance. Mais, comme pour un athlète, c'est la préparation psychologique qui sera la plus importante.
Un faux pas et...
Les quelques heures avant seront interminables. Les quelques minutes avant d'entrer en scène seront les pires. Lorsqu'ils se présenteront devant les caméras, on pourra sentir la tension. Le trac les dévorera. Les chefs jouent gros et ils le savent. Un faux pas et leur campagne peut dérailler.
Que restera-t-il lorsque les dernières images se seront effacées de notre téléviseur? Une image forte. Une phrase-choc. Un "jab", un coup en bas de la ceinture? Un extrait de quelques secondes que l'on verra et entendra à satiété dans tous les bulletins de nouvelles, une photo et un titre à la une des journaux. Pour les adéquistes, Dumont aura gagné; pour les péquistes, Boisclair aura gagné; pour les libéraux, Charest aura gagné. Pour les médias, les journalistes et les analystes, chaque moment du débat sera disséqué et on débattra ad nauseam pour déclarer un vainqueur.
Moment privilégié
Mais la population, elle, qu'aura-t-elle gagné? Un débat, c'est un moment privilégié pour les électeurs. C'est le seul moment dans la campagne où les chefs pourront défendre leurs idées et leur programme, sans le filtre des médias et des journalistes. Enfin, nous les entendrons autrement qu'en clips de 10 secondes au téléjournal. Au-delà de la performance des chefs, il faudra écouter ce qu'ils diront.
Qui démontrera qu'il a ce qu'il faut pour diriger le Québec? Qui a le meilleur programme pour faire avancer et développer le Québec? Qui a l'équipe avec le plus de profondeur?
Mario Dumont? On cherche désespérément un semblant d'équipe sérieuse. André Boisclair? On cherche encore l'équipe de rêve dont il avait rêvé. Jean Charest? La preuve est faite que son équipe est prête à assumer les grandes responsabilités de l'exercice du pouvoir.
Un leader doit émerger de ce face-à-face. Ce leader dirigera une équipe de députés. Certains seront ministres. D'autres, dans l'opposition, se lèveront à l'Assemblée nationale pour confronter le gouvernement. Ils étudieront et voteront nos lois. Même si on dit que ce n'est qu'une campagne de chef, le jour du vote, nous voterons avant tout pour un député. Un parti qui aspire à prendre le pouvoir doit être plus que le parti d'un seul chef.


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