Des citoyens piégés?

Alouette, gentille alouette. Alouette, je te plumerai...

Crime organisé et politique - collusion (privatisation de l'État)



Inquiets, ressentant tous le même ras-le-bol et, surtout, à la recherche d'une solution, tout le monde ou presque, sauf pour le gouvernement Charest, exigent maintenant cette fameuse commission d'enquête publique. Il n'y a que la Reine d'Angleterre et le Pape à ne pas en avoir encore réclamé une...
Moi-même, j'en demandais déjà une dès le 18 juin dans The Gazette. C'est pour dire...
C'est qu'il est parfaitement plausible qu'une commission d'enquête serait LA meilleure manière de comprendre où se situe le fil conducteur dans toutes ces histoires de corruption, de collusion entre entrepreneurs, de copinage, de contrôle de la mafia, de privatisation du processus d'appel d'offres, de ristournes dans les coffres des partis, de prête-noms, sans oublier ces 37% de plus (*) que la moyenne canadienne payés par les contribuables pour les routes et infrastructures (un VOL QUALIFIÉ de deniers publics sous le nez d'élus sourds, muets et aveugles).
Alouette, gentille alouette. Alouette, je te plumerai...
(*) Seulement pour les 42$ milliards que le gouvernement provincial s'apprête à «investir» dans les infrastructures, on parle donc de 15$ milliards possiblement dilapidés. Serions-nous assez riches pour se permettre de nous laisser voler de la sorte?
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Mais plus j'y réfléchis, plus je crains qu'en quelque part, les citoyens, les leaders d'opinion et les journalistes, nous soyons tous un peu piégés par cette demande.
Je dis «piégés» parce que - et désolée pour tous les politiciens et les fonctionnaires honnêtes -, il reste que la classe politique actuelle semble faire plus partie du problème que de la solution!
Si tel n'était pas le cas, on ne se retrouverait pas aujourd'hui face à des situations aussi troublantes.
Ou, dit autrement: lorsqu'on exige du gouvernement une commission d'enquête, dans les faits, on demande à ceux faisant partie du problème de régler le problème dont ils font justement partie! Ouf....
D'où, semble-t-il, son refus jusqu'à maintenant de tenir une telle commission. Et d'où la question évidente: de quoi a-t-il donc si peur?
Quoiqu'à mon humble avis, force est aussi de poser la question découlant de la précédente: de toute façon, quelle pourrait bien être sa «motivation» politique à le faire?
Plusieurs, dont encore moi-même, ont invoqué l'exemple de la Commission Gomery pour expliquer que des enquêtes policières et une commission d'enquête peuvent facilement être menées de front en même temps. Contrairement à ce que prétend le gouvernement pour justifier son refus de tenir une commission.
Par contre, ce qu'on oublie, c'est que Paul Martin, lui, avait une motivation politique pour le faire. Certes pas de «nettoyer la place», mais plutôt de discréditer Jean Chrétien une fois pour toutes. Pour Martin, c'était là une puissante motivation!
Mais dans le cas de M. Charest, il n'existe aucune motivation politique, comparable ou non, à créer une commission d'enquête.
On pourrait même avancer l'hypothèse selon laquelle le premier ministre aurait plutôt des motifs à ne PAS en créer une.
@ Voici d'ailleurs un article de La Presse publié au lendemain de ce billet, qui semble bien le confirmer!
http://www.cyberpresse.ca/actualites/quebec-canada/politique-quebecoise/2009 (...)
Plusieurs ont invoqué comme explication de ce refus la crainte du gouvernement Charest d'en payer le prix politique un jour, si jamais il l'a créait, cette fameuse commission d'enquête. Un peu comme Paul Martin a payé pour la Commission Gomery.
Mais ce qu'on oublie d'ajouter, c'est que si Paul Martin, et surtout le PLC, ont payé un énorme prix politique, c'est parce que le rapport de la Commission Gomery a éclaboussé le PLC en exposant certaines pratiques inacceptables.
Ne serait-ce pas plutôt là, ce dont M. Charest aurait peur pour son propre parti? Du moins, la question se pose...
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Le tout en espérant, bien entendu, que ma crainte s'avérera non fondée et que le gouvernement nous «surprendra» en acceptant de créer une commission publique d'enquête tout à fait indépendante...
Quoiqu'il est tout de même plus probable que, soumis à la pression poulaire montante et refusant toute analyse systémique d'un problème tout aussi systémique, le gouvernement choisisse plutôt, question de sembler «faire quelque chose», d'intervenir plus ou moins dossier par dossier. Et j'insiste sur le «moins» dans le «plus ou moins»....
@ En passant, comme le note une membre dans les commentaires ci-bas, mon analyse n'est d'aucune manière un appel à «baisser les bras» quant à cette demande consensuelle pour une commission d'enquête publique et indépendante. Au contraire!
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Un peu comme si bien des gens sentaient d'instinct que leurs dirigeants ont peu intérêt à demander à une commission indépendante d'aller jouer publiquement dans toute cette boue, on sent aussi que ce qui accompagne cette montée de colère est l'attente.
L'attente et l'espoir de voir arriver dans les prochaines années, une nouvelle génération et une nouvelle classe politique. Ce qui pourrait «nettoyer» les écuries nettement mieux que de demander à ceux qui les ont salies de faire semblant de le faire.
Mais attention. Lorsque je parle de «génération», je ne parle pas nécessairement ou seulement en termes d'âge, mais en termes de gens qui, justement, seraient indépendants de tous ces réseaux tricottés ici beaucoup, beaucoup, beaucoup trop serrés.
Des gens indépendants d'esprit et à la morale solide. Des gens comme il s'en trouvera éventuellement, on l'espère, pour avoir le goût de sauter dans l'arène politique.
Bref, des gens qui ne doivent rien à qui que ce soit.
Des gens que les circonstances actuelles appellent haut et fort...
Les Québécois les attendent. Avec impatience. La qualité de leur démocratie en dépend.
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Ce qui, en attendant ce renouvellement, nous ramène au tout début de ce billet.
Soit qu'on ne peut tout de même pas attendre qu'une classe politique ayant contribué à souiller les écuries, ou ayant laissé d'autres le faire, aient tout à coup une volonté sincère d'enclencher elle-même le nettoyage!
Mais le 1er novembre, les électeurs auront au moins le pouvoir d'enclencher le processus.
Et pour ce faire, nul besoin d'un balai. Seulement d'un bulletin de vote...
Il est donc à espérer que le taux encourageant de vote par anticipation et ce, un peu partout à travers le Québec, en soit annonciateur...
http://www.cyberpresse.ca/actualites/elections-municipales/200910/25/01-914853-vote-par-anticipation-presque-deux-fois-plus-quen-2005.php
http://www.cyberpresse.ca/le-nouvelliste/actualites/200910/26/01-914969-le-vote-par-anticipation-victime-de-sa-popularite.php


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