Des consciences élastiques à vendre

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Au Québec, bonne renommée vaut-elle plus que ceinture dorée ?

La commission Charbonneau fait relâche et l’UPAC doit être en vacances. Ça devrait être le calme plat. On raconte pourtant que la corruption a repris à l’Hôtel de Ville de Montréal, mais ce sont des rumeurs de mauvaises langues sûrement. Le comportement du ministre de l’Éducation va laisser un mauvais goût dans la bouche de tous ceux et celles qui viennent de découvrir les petits jeux auxquels se livrent des gens distingués pour empocher de l’argent qui n’aurait pas dû leur être payé. Le bon docteur Bolduc vient de tomber au champ du déshonneur. Ça ne sera pas le dernier. Hélas.

Nous avons, comme spectateurs de la commission Charbonneau, développé une méfiance certaine qui nous gâchera la vie si, au bout de toute cette démarche, personne n’est vraiment puni. Le ménage doit maintenant se faire et doit aller jusqu’au bout. Pas question de dire qu’on en sait assez et que la poubelle est vide. Maudit argent. Que de crimes on commet en ton nom…

Comment le cher docteur, ministre de l’Éducation, peut-il penser servir d’exemple valable à tous ceux et celles qui sont étudiants en ce moment et dont il devrait être un modèle indiscutable ? Lui, membre du gouvernement Charest auparavant ; le gouvernement qui a refusé du temps d’écoute aux étudiants durant la crise des carrés rouges ?

Pourquoi aucun membre du gouvernement Charest n’a-t-il pensé à proposer un plan d’avenir qui aurait pu prévoir la gratuité scolaire dans un délai qui aurait été acceptable pour les deux parties ? L’éducation gratuite, ce serait la fin des injustices de naissance et un projet de société formidable. Pas d’argent pour les étudiants mais de l’argent presque à volonté pour les docteurs ? Parce que c’est aussi ça qui traverse nos esprits devant les faits qui sont portés à notre attention. De quoi avons-nous l’air maintenant qu’on a dévouvert le pot aux roses ?

Le problème, c’est que la commission Charbonneau nous a permis d’examiner beaucoup de choses étonnantes, mais nous ne sommes pas au fond du baril. Les racines du mal n’ont pas été toutes arrachées. Nous savons donc qu’elles vont repousser. À nous de garder l’oeil ouvert.

Nous savions déjà que nous nous faisions voler. Ce qui nous manquait, c’était de savoir par qui et comment. Il n’était pas nécessaire d’être un économiste reconnu ou un comptable allumé pour deviner que si l’argent était allé entièrement dans les routes, les trottoirs, les égouts au lieu de sur un bateau dans les mers du sud, nous aurions vu la différence à l’oeil nu. Logiquement, au prix qu’ils nous coûtaient, les nids de poule auraient dû être en or 18 carats.

Le petit jeu mathématique joué par le docteur Bolduc fait penser à celui joué par le docteur Barrette, qui lui, aurait touché 1 million de beaux dollars du Canada quand il a quitté le poste qu’il occupait entre sa défaite comme caquiste et son élection comme libéral. On pourrait penser que leur devise est « Il n’y a pas de petits profits ». Le docteur Couillard, qui lui est un spécialiste du cerveau, pourrait nous expliquer comment on peut se regarder dans le miroir chaque matin en sachant qu’on a un cerveau aussi flexible et élastique que celui de certains de ses collègues docteurs.

Les nouveaux élus du Parti libéral, qui n’ont vécu que 18 mois de punition entre la fin d’un mandat de neuf ans de pouvoir durant lequel ils ont cru qu’ils avaient tous les droits, sont-ils tout simplement retombés dans les vieilles ornières de ce parti sans avoir jugé correctement l’écoeurement généralisé dans lequel vivent les citoyens ? Parlent-ils encore des deux côtés de la bouche, d’un côté pour dire au bon peuple de se serrer la ceinture et de l’autre pour dire aux élus qu’on ne regardera pas trop comment chacun d’entre eux choisira de s’enrichir sans que ça fasse trop de bruit ?

Vendre sa réputation pour une poignée de dollars pourrait de nouveau être le slogan de certains libéraux. Ça ne nous changera pas beaucoup de ce que nous avons déjà connu.

Je me garderai bien de mettre tous les médecins dans la même soupe. J’en connais des plus que dévoués, des compatissants, des généreux, des médecins qui admettent avec modestie que leurs connaissances ont des limites et qui vous tiennent la main pour pleurer avec vous. Comme j’ai connu aussi des députés et des ministres qui auraient fait des pieds et des mains pour sauver des mal pris ou des rejetés de la société. Ce n’est pas de ceux-là que je parle.

Je parle de ceux qui ont choisi le fric, le veau d’or, l’épine dorsale arrondie et la poche pleine. Il y en a hélas dans toutes les professions. Pendant qu’on attend que ces bonnes personnes se retrouvent devant un juge, il faut continuer à exercer une surveillance de tous les moments et exiger des réponses.


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