Désobéissance civile intelligente et socialement acceptable

Tribune libre 2010

Le dépôt du budget Bachand-Charest le 27 mars 2010 à l’Assemblée nationale du Québec, constitue rien de moins qu’une déclaration de guerre du Gouvernement du Québec à l’égard de la classe moyenne inférieure et les moins bien nantis du Québec, nonobstant au fait que le ministre des finances nomme ce budget comme étant une Révolution culturelle. La rhétorique développée par les membres de ce gouvernement, soigneusement cousue de fil blanc, cache bien mal néanmoins la volonté très nette de la bourgeoisie richissime du Québec, s’étant maintes fois exprimées, entre autre, par le groupe formé des Lucides, mais aussi par des éditorialistes et chroniqueurs à la solde de Gesca, de faire porter le fardeau entier de la dette du Québec et du déficit subséquent à la crise économique, bien en dehors de leurs propres épaules et surtout de leur comptes de banque. Il est inutile de rappeler ici le caractère extrêmement régressif des mesures budgétaires présentées par le ministre des finances lors du discours du budget le 27 mars, d’autres commentateurs ont amplement et très bien décrits et commentés ces mesures régressives. Je me limiterai à dire que la seule chose qui ne fut pas mentionné est que le Québec est désormais un endroit où uniquement les riches ont le droit de vivre confortablement.

La réaction de la population quant à elle ne s’est pas fait attendre : quelques jours suivant le dépôt de ce budget, un sondage signifiait que plus de 70% de la population québécoises désapprouvait les mesures régressives présenté par Raymond Bachand. Une première manifestation populaire dans les rues de Montréal jeudi le 29 avril, où une foule estimée entre 10,000 à 12,000 personnes, a exprimée une colère très vive à l’endroit du Gouvernement du Québec à propos de ce budget. Est-ce là le début d’une révolte populaire comme l’exprimait une porte-parole de l’événement ? Seul le temps va le révéler. Nous connaissons la légendaire insensibilité du premier ministre du Québec, et il est certainement permis d’entretenir une certaine forme de scepticisme à l’égard de tels mouvements spontanés quand à leur capacité de faire reculer le Gouvernement du Québec en ce qui attrait aux mesures régressives de son budget. Cependant si ces manifestations devaient s’intensifier et devenir récurrente, il pourrait s’agir de l’amorce de non seulement une révolte populaire, mais une véritable Révolution du peuple.

Pour répondre adéquatement à cette déclaration de guerre de ce gouvernement du PLQ à l’endroit de la classe moyenne inférieure, des moins bien nantis et des plus vulnérables, il faut s’ingénier à combattre en ce servant des mêmes armes employées contre nous : l’argent. Le Gouvernement a décidé de passer par une hausse généralisé des taxes, tarifs et la création d’une caisse santé pour régler ces soi-disant problèmes des finances publiques, évidemment en vidant les poches de celles et ceux pour qui chaque sous compte à la fin de tous les mois. Ceux qui appartiennent à la classe moyenne supérieure et la bourgeoisie ne verront guère de différence dans leur immense pouvoir d’achat (en comparaison aux gens de la classe moyenne inférieure et les moins bien nantis) voyant un peu de leur superflu disparaître sans trop de heurt. Alors que faire pour combattre avec les mêmes armes face à cette déclaration de guerre ?

Une première condition est impérative au succès : de la discipline. Il faut d’abord prendre la ferme décision de combattre de toutes ces forces, et établir des objectifs très précis, et surtout se doter d’une volonté très ferme d’atteindre ces objectifs. C’est ainsi que ça fonctionne dans n’importe quel armée. Les officiers établissent les objectifs à atteindre, transmettent leurs ordres à leurs subalternes qui à leur tour transmettre les ordres aux combattants sur le terrain.

Les sondages préliminaires et la manifestation (consécutivement au discours du budget) évoqués précédemment démontrent une ferme volonté de la population d’un refus de subir ce budget. Pour éviter de subir ce budget il faut en empêcher l’adoption par l’Assemblée nationale du Québec.

J’en appelle donc à une désobéissance civile, mais une désobéissance civile intelligente et socialement acceptable. J’ai évoqué l’idée de se servir des mêmes armes que celles employées par ce gouvernement du PLQ (l’argent), eh bien démontrons à ce gouvernement que le contrôle démocratique est une chose qui appartient véritablement au peuple.

L’idée que je vais proposer ici est parfaitement légale, tout à fait légitime et elle possède surtout le potentiel de faire très mal au gouvernement du PLQ : cessons d’acheter des produits taxables sur le territoire québécois. A tout le moins réduisons au strict minimum l’achat de produits taxables au Québec.

Tous les biens de consommation : voiture, électroménagers, télévision, chaîne stéréo, cinéma maison, ameublement etc. Tout ce que vous pouvez imaginer en fait de produits que vous utilisez quotidiennement, n’achetez plus au Québec. J’admets volontiers qu’une telle chose est plus aisée pour les gens ayant élu résidence aux abords de nos frontières géographiques. Cependant, nous avons été confrontés par une logique de guerre, nous devons prendre les moyens de nous défendre adéquatement. En achetant nos produits taxables hors du Québec (mais à l’intérieur du Canada), l’effet sera immédiat et ce gouvernement sera privé de sommes inestimables provenant de ventes sur des produits de consommation.

En ce qui concerne la nourriture par contre, achetons ici de nos marchands locaux, car la grande majorité de ces produits ne sont pas taxable. En autant qu’ils s’agissent de viande, de boulangerie, de fruits et légumes tout comme certains produits laitiers.

Plusieurs produits peuvent se trouver sur des sites web transactionnels et internationaux aussi. Tout ce qui touche le domaine des livres, des cd et dvd, en allant sur Amazon ou Ebay, la TVQ n’est pas appliqué lorsque vous transigez sur ces sites. Alors servons-nous de ce moyen autant que cela le nécessite pour le bien de la cause.

Une autre façon de priver ce gouvernement de revenu, et ça peut être très douloureux et très rapidement d’ailleurs, est que toutes celles et tous ceux qui n’acceptent pas ce budget aux mesures régressives prennent la ferme décision de ne plus payer de taxes volontaires en cessant de participer à des jeux de loteries. A quel pourcentage est évalué les réelles chances de gagner les 25, 30 ou 50 millions dollars en gros lots ? Tellement minime que ça ne fait même pas 1% de chance de gagner un gros lot de cette ampleur. Mais à chaque fois que nous achetons des billets de Loto-Québec, c’est 100% de votre argent qui s’en va directement dans les poches de ce gouvernement par cette forme de taxe volontaire. Comme nous voulons faire mal de manière efficace, alors cessons de participer aux jeux de loteries au Québec et n’allons plus dans les casinos et centres de machines à sous non plus.

J’ignore si cette forme de désobéissance civile intelligente et socialement acceptable passera un jour comme étant l’idée du siècle, mon objectif n’étant pas la recherche de la renommée, mais elle a au moins le mérite de posséder le potentiel de faire très mal, rapidement et efficacement. La réussite d’une telle idée dépendra de la ferme résolution de toutes les personnes s’opposant à ce budget Bachand-Charest de faire reculer le gouvernement. Ce pouvoir est entre vos mains comme je viens de le démontrer. Certains auront le réflexe de répliquer « mais cette idée va faire mal aussi en même temps à nos commerçants du Québec ». C’est très vrai. Mais dans toute guerre il y a malheureusement des dommages collatéraux, ils sont le fruit d’un combat où des enjeux vitaux d’une masse plus grande sont au centre du conflit. Cette guerre rappelons-le, elle fut déclarée par ce gouvernement de Jean Charest à l’égard d’une très grande partie de la population du Québec, à commencer par les plus vulnérables de notre société.

A cette déclaration de guerre nous devons répondre maintenant et massivement par une Révolution du gros bon sens. La victoire va dépendre du courage et de la discipline de chacun et chacune d’entre nous. J’ose espérer que cette idée sera reprise et promue par certains membres de l’Opposition officielle à l’Assemblée nationale du Québec et des membres et la direction de Québec solidaire et largement diffusée sur Internet.

Normand Perry.
Soulanges au Québec.
Samedi le 3 avril 2010, 10h00 a.m.


Squared

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On pourrait le décrire comme un grand passionné de communication, de philosophie, de politique, d'histoire, d'astronomie, de sciences, de marketing, de musique classique et d'opéra. Normand Perry mène une vie publique bien remplie, toujours avec des projets plein la tête et des rêves à réaliser.

Après avoir obtenu un premier diplôme universitaire en philosophie au milieu des années ’90, Normand Perry débute sa vie publique comme pamphlétaire, exprimant ses opinions librement, ces dernières étant publiées régulièrement dans les journaux régionaux, les quotidiens et divers sites Web.

Depuis avril 2004, il travaille chez [Soleil communication de marque->http://www.soleilcom.com/], agence de publicité montréalaise, où il est au développement des affaires, en veille stratégique et aux relations publiques.

Depuis juillet 2010, il s’est vu confié un projet radiophonique à [l’antenne de Radio Ville-Marie->http://www.radiovm.com/index.aspx] où il conçoit, réalise, anime et supervise le montage d’une émission portant sur l’orthodoxie chrétienne au Québec : [Voix Orthodoxes->http://www.voixorthodoxes.org/].

Sa plume va le conduire en politique active.

Après s’être fait connaître comme pamphlétaire à partir du début des années 2000 dans sa région du Suroît, il se fait remarquer, et on lui propose la présidence de circonscription au Parti Québecois dans Soulanges au début 2005. Suite à la démission inattendue de Bernard Landry en juin 2005 comme chef de cette formation politique, Normand Perry appuie d’emblée la candidature de Louis Bernard tout en s’opposant farouchement à l’élection d’André Boisclair. Lorsque ce dernier remporte la chefferie du PQ en novembre 2005, Normand Perry démissionne de sa présidence et quitte le PQ sur-le-champ.

A l’automne de la même année il se fait élire au conseil municipal à Les Coteaux dans la circonscription de Soulanges au Québec. Il se voit confier notamment les responsabilités du comité des loisirs, où conçoit et implante un programme de subvention à l’activité sportive pour les jeunes; il occupe la vice-présidence du HLM, il aussi responsable de la sécurité publique et participe activement à la fondation de la Régie inter municipale des Pompiers du Lac-St-François (fusion des services des incendies de Les Coteaux et St-Zotique).

Lors de la création du nouveau parti politique Québec solidaire en février 2006, il en devient membre et participe au congrès de fondation à Montréal. Il se porte candidat aux élections provinciales de mars 2007 pour cette formation politique dans la circonscription de Beauharnois.

Après ces quelques années en politique active, il poursuit son œuvre de réflexion pamphlétaire, notamment sur le [Blogue de Normand Perry->http://normandperry.blogspot.com/] tout comme sur Vigile et bien d’autres médias québécois





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2 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    6 avril 2010

    Il y a une autre voie pour obtenir une élection avant terme.
    J'en parle sur la tribune libre de Vigile.

    C'est la méthode « initiative citoyenne ».

  • Archives de Vigile Répondre

    5 avril 2010

    M. Perry, désobéissance civile oui, mais pas celle de ne plus acheter des produits taxables au Québec. Le Québec a déjà une balance commerciale déficitaire, n'en rajoutons pas. Non, je dis sortons de nouveau dans la rue à 100 000 cette fois-ci et pas juste contre le budget, mais contre ce gouvernement fédéraliste. Exigeons de nouvelles élections.
    Daniel