Le chef Gilles Duceppe refuse de s’excuser pour ses propos sur la «résistance» pour décrire l’action politique du Bloc québécois.
Photo : Agence Reuters Chris Wattie
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Hélène Buzzetti - Ottawa — Le chef du Bloc québécois exhorte les élus conservateurs du Québec à s'excuser de lui avoir prêté des intentions révisionnistes. Gilles Duceppe assure qu'il n'a jamais eu l'intention, lorsqu'il a utilisé le mot «résistance» pour décrire son action politique, d'établir un parallèle entre le gouvernement fédéral canadien et le régime nazi.
M. Duceppe n'était pas heureux lorsqu'il s'est présenté devant les micros hier après-midi. «[Stephen] Harper doit demander à son ministre des Affaires étrangères, [Lawrence] Cannon, à son député [Jacques] Gourde et à son attaché de presse, [Dimitri] Soudas, de s'excuser pour avoir insinué que j'ai associé le gouvernement Harper au régime nazi, ce qui est complètement ridicule et tout à fait faux. Je n'ai jamais déclaré une telle chose. J'ai dit que nous résistions au régime fédéral, à ses empiétements, aux injustices commises à l'égard du Québec.»
M. Duceppe estime que «c'est parfaitement ignoble de la part de MM. Cannon, Gourde ou Soudas de laisser entendre de telles choses», surtout qu'il a souvent dit que «le Canada est une grande démocratie». Dès samedi, le chef bloquiste avait clarifié son discours en point de presse en faisant remarquer que les résistants français n'avaient pas eu la liberté, comme l'ont les députés du Bloc québécois, de tenir des conférences de presse. Bref, qu'il était bien conscient que les deux situations ne se comparaient pas.
«Si on s'empêche d'utiliser des mots, illustre-t-il, on ne parlera plus de la Révolution tranquille? Quand j'entends certains journalistes parler de leurs camarades de travail, est-ce que je dois en conclure que ce sont tous des communistes? Quand j'entends des gens remercier leurs collaborateurs, est-ce qu'ils sont en train de dire que ce sont tous des pétainistes? Voyons donc!»
Mais d'excuses, il n'y aura pas. «C'est plutôt l'inverse», a répliqué le lieutenant québécois de Stephen Harper, le ministre Christian Paradis, qui s'est présenté à son tour au micro. «C'est facile d'arriver et dire après coup "Je ne voulais pas dire ça". Voyons donc! Il y a des stratégies qu'on n'endosse pas. À un moment donné, lorsqu'on dit des choses graves comme celle-là, il faut s'excuser.» Le ministre estime que M. Duceppe a volontairement joué sur les mots pour créer la division.
Le ministre Paradis a toutefois évité de répéter les propos de son collègue Lawrence Cannon: celui-ci a déclaré ce week-end que M. Duceppe sous-entendait que «le gouvernement canadien a des tendances qui ressemblent à celles d'un gouvernement nazi». M. Paradis a plutôt insisté sur le mot «résistance». «C'est une comparaison qui est gauche et ce n'est vraiment pas approprié dans un contexte de débat, dans une société libre et démocratique.»
Le chef libéral, Michael Ignatieff, a lui aussi sauté dans l'arène pour fustiger M. Duceppe et ses députés. «La comparaison entre Jean Moulin [figure phare de la résistance française] et Gilles Duceppe ne marche vraiment pas. Quels résistants courageux: ils sont tous sur une pension fédérale!», a-t-il ironisé. Selon lui, les propos du chef bloquiste découlent d'une «forme d'autodramatisation qui démontre à quel point ce projet est vide. Il n'a rien à dire, alors il se lance dans ce genre de comparaisons historiques étranges.»
Samedi, devant environ 300 militants réunis en conseil général, M. Duceppe a déclaré que «pour le moment, nous sommes des résistants. Mais les résistants d'hier seront les vainqueurs de demain. [...] La souveraineté du Québec, pas plus que la Libération, n'est possible sans le travail des résistants».
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