Élection en Uruguay: 29 novembre 2009

Jose (Pepe) Mujica

Tribune libre

Jose « pepe » Mujica a été élu avec plus de 51% des suffrages à la Présidence de l’Uruguay pour les cinq prochaines années. L'homme, âgé de 74 ans, était l'un des dirigeants de la guérilla urbaine, les Tupamaros, qui opérait dans le pays dans les années 60 et 70. Ses antécédents, peu conventionnels, ont attiré un certain nombre d'électeurs. Son engagement à poursuivre les chantiers économiques entrepris par son prédécesseur en a également séduit plus d'un.
Qui est donc ce personnage aux allures paysannes?
Né à Montevideo, Uruguay, le 20 mai 1932, il incorpore, au début des années 1960, le Mouvement de Libération Nationale (MLN), TUPAMARUS. En tant que membre de cette organisation, il participe à des activités de guérilla, tout en poursuivant son travail sur sa petite ferme. Un jour, apprenant que la police le recherche, il prend le chemin de la clandestinité pour y poursuivre ses activités au sein du MLN. Lors d’un affrontement armé, il est atteint de six projectiles, mais aucun ne sera mortel. À quatre reprises, il sera fait prisonnier et à deux occasions il parviendra à s’enfuir. Au total, il passera près de 15 ans de sa vie en prison dans des conditions où le respect du droit des personnes, surtout révolutionnaires, ne volait pas très haut dans la conscience des dictateurs. La torture et les humiliations, il connaît ça.
Lorsqu’en 1985, la démocratie est de retour et que les prisonniers politiques, dont José Mujica, sont libérés, les militants du MLN décident de renoncer aux armes et de passer à l’arène du combat politiques et de celui des idées. Avec d’autres forces politiques de gauche, ils forment le Mouvement de Participation Populaire (MPP). En 1994, José Mujica est élu député. En 1999, il est élu sénateur. En 2005, il incorpore le Gouvernement du nouveau Président élu, Tabaré Vasquez, comme ministre de l’agriculture et des pêches. En 2009, il est élu Président le 29 novembre 2009. Une grande victoire pour le Peuple et la confirmation d’une espérance toujours vivante.
RÉFLEXION
Si les régimes répressifs et dictatoriaux ont donné naissance, dans les années 1960, à des mouvements de résistance et de libération nationale, leurs auteurs, souvent confondus avec des criminels délinquants, n’en étaient pas moins les porteurs d’un idéal ne souffrant aucun compromis avec les usurpateurs d’un pouvoir revenant entièrement au peuple. Le retour de l’espace démocratique a ouvert la porte à une reprise de ce pouvoir par les débats politiques. Il est intéressant de noter jusqu’à quel point les peuples en arrivent vite à reconnaître leurs véritables alliés et représentants. Au Nicaragua, Daniel Ortega, ancien chef de la guérilla, est maintenant Président élu de son peuple. Au Salvador, Mauricio Funès, journaliste et membre du Front Farabundo Marti de Libération Nationale (FMLN), a été élu Président du Salvador en mars dernier. Et maintenant José Mujica des TUPAMAROSÉ
Il en va de même pour les militants syndicaux qui parviennent à se hisser jusqu’à la Présidence de leur pays. C’est le cas du Président du Brésil, Ignacio Lula et de celui de la Bolivie, Evo Morales.
La démocratie qui a ouvert ces espaces pour le débat des idées et la conquête des pouvoirs de l’État à travers le processus électoral, commence à inquiéter certains milieux qui s’en faisaient, autrefois, les grands apôtres, surtout en ces temps où leur pouvoir n’était pas menacé. Aujourd’hui, ils se sentent menacés et sans vouloir perdre complètement la face, ils essaient d’en modifier subtilement les règles. Le cas du Honduras illustre ces nouvelles méthodes qui visent à écarter les « indésirables » pour les remplacer par des alliés inconditionnels. On le voit également avec ce qui se passe aux frontières avec le Venezuela et l’arrivée massive de sept bases militaires dans la région. On ne veut surtout pas accorder une amnistie aux Forces Armées Révolutionnaires Colombiennes (FARC) en échange de l’abandon des armes et de leur incorporation à la vie démocratique. Ils pourraient éventuellement prendre le pouvoir.
Heureusement que nous pouvons compter sur Radio Canada pour nous informer sur tout ce qui se passe dans cette région du monde. N’allez surtout pas voir ailleurs, vous pourriez être frustrés.
Oscar Fortin

Québec, le 1 décembre 2009

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citoyen du Québec et du monde

Formation en Science Politique et en théologie. Expérience de travail en relations et coopération internationales ainsi que dans les milieux populaires. Actuellement retraité et sans cesse interpellé par tout ce qui peut rendre nos sociétés plus humaines.





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