Vigile lance un appel à tous

Encore un petit effort !

À six semaines de la fin de l’année, Vigile en est à 81 % de son objectif de financement pour l’année en cours

Chronique de Richard Le Hir

Bernard était sceptique. Remarquez, ce n’est pas nouveau. Bernard est souvent sceptique. C’est la posture prévisible de l’ancien prof de philo qu’il est.
Il y a un an, je ne connaissais pas du tout Bernard. J’avais pris l’habitude d’envoyer mes textes à Vigile depuis quelques mois, et Bernard les mettait en ligne. Un jour, après avoir lu l’excellent ouvrage des journalistes André Noël et André Cédilot de La Presse intitulé Mafia Inc, indigné par les découvertes que j’y avais faites, j’avais pondu une série de quatre articles sur les tentacules de la mafia et les façons dont elles se déploient dans la société québécoise. Un de ces articles, le deuxième, allait nous valoir, à Bernard Frappier, son fils Érick, Vigile et moi, une poursuite (totalement injustifiée) de quelqu’un qui jugeait mes propos diffamatoires.
Vous aurez compris que si je m’abstiens de mentionner le titre de l’article et de mentionner le nom de cette personne, c’est pour éviter de lui donner toute prise additionnelle contre nous. Car cette personne, pour des motifs essentiellement politiques comme elle s’est trouvée accidentellement et indirectement à nous le révéler lors de son interrogatoire sur sa demande, maintient sa procédure dans l’unique but de nuire à Vigile et de l’épuiser financièrement.
Comme Bernard vous l’a expliqué la semaine dernière, nous sommes parvenus à circonscrire les dégâts, mais la nuisance perdure, et elle a un coût. J’avais exprimé à Bernard ma confiance que les lecteurs de Vigile viendraient à son secours, et votre réflexe de solidarité et vos contributions généreuses à l’annonce de la poursuite et encore cette semaine au rappel de celles-ci, sont venus démontrer à Bernard que, tout comme moi, vous reconnaissiez la contribution exceptionnelle de Vigile à la liberté d’opinion et d’information au Québec, et que vous étiez prêts à le soutenir dans sa démarche.
Vigile, c’est essentiellement Bernard Frappier qui s’y est totalement investi. Depuis que la poursuite intentée contre nous nous a réunis, il ne se passe guère de journée sans que nous échangions au téléphone. Au début, c’était pour échanger des détails sur la poursuite, et puis, progressivement, nous nous sommes mis à discuter de la conjoncture politique, à partager des impressions et des références.
Au fil des mois, je me suis rendu compte que Vigile était l’œuvre de sa vie et qu’il avait tout organisé en conséquence. Bernard Frappier vit, mange, boit, dort Vigile 24 heures par jour, 7 jours par semaine, 365 jours par an. Seule exception, le temps qu’il consacre régulièrement à ses petits-enfants, car Bernard adore les enfants. Mais il les intègre à son univers Vigile, et Vigile ne s’en ressent jamais. Quand on supporte une cause ou un organisme, il est toujours bon de savoir qui on aide. Je suis heureux de vous confirmer que vous ne pourriez pas avoir mieux choisi.
***
Alors, pour vous remercier de votre appui, j’ai une petite surprise pour vous. Une courte anecdote pour vous relater dans quelles circonstances j’ai découvert le monde de la mafia, et quelques liens qui vont vous permettre d’en découvrir les sons et les images que nous en ont retransmis la culture populaire.
Pour ce qui est de l’anecdote, sachez seulement qu’à la fin des années 1970 et au début des années 1980, mes activités professionnelles m’amenaient à voyager beaucoup. Je passais un temps fou en avion et dans les aéroports. Entre deux correspondances, je fréquentais les librairies et j’y achetais de quoi occuper mes longues heures de vol. J’avais ainsi découvert les romans de Mario Puzo qui étaient à l’origine de la série du Parrain du cinéaste Francis Ford Coppola.
Un soir de septembre 1980, j’étais à New York dans le cadre d’une mission pour mon employeur, et j’avais proposé à mes collègues d’aller faire un tour dans Little Italy que j’avais découverte dans les romans de Puzo. Notre chauffeur de taxi nous déposa au bas de Mulberry Street en nous disant qu’il nous faudrait marcher pour le reste car les rues du quartier étaient toutes fermées à la circulation pour la San Gennaro (la Saint Janvier, fête des Napolitains).
C’est ainsi que nous nous sommes trouvés à remonter Mulberry Street en passant d’un étal à une échoppe dans une atmosphère mi-carnaval mi-fête religieuse du kitsch le plus total. Et comme nous étions là essentiellement pour dîner, j’ai fini par m’arrêter devant une enseigne plus typique que les autres qui me paraissait du meilleur augure : Paolucci’s Restaurant (aujourd’hui fermé après avoir été contraint de déménager à Staten Island; merci Google).
Il était encore tôt pour New York (environ 20h00), et il fut facile d’obtenir une table. On y servait une cuisine authentiquement napolitaine, familiale, à bon prix, et la liste des vins était essentiellement constituée d’une abondance de crus italiens dont nous n’avions jamais entendu parler pour la plupart. Il faut dire qu’à l’époque, la sélection de vins italiens de la SAQ n’était pas très riche.
Nous en étions rendus à la fin du repas lorsque nous avons eu la surprise de voir s’installer à la table voisine Jackie Kennedy elle-même, en compagnie de ses deux enfants. J’ai encore en mémoire le souvenir des yeux écarquillés de mes collègues qui n’en croyaient pas leur chance de côtoyer une telle vedette. Il fallait les voir sortir du restaurant à reculons pour ne pas rater une seule seconde de ce « spectacle » et fixer dans leur mémoire tous les détails de l’événement pour pouvoir le raconter à leur conjoint, parents et amis à leur retour !
Une dernière précision sur ce quartier et cette rue qui ont servi de décor pour le tournage de l’exécution du « méchant » Joey Zaza dans le dernier épisode du Parrain. Vous vous souviendrez qu’on y voit le comédien Danny Garcia déguisé en policier à cheval tirer plusieurs coups de feu sur Zaza acculé à la porte (fermée) d’une épicerie.
Voilà pour l’anecdote !
Quant à la musique et aux images, sachez tout d’abord que la mafia a eu une grande influence sur la culture populaire à New York (au point de donner naissance à un genre musical), et à certaines époques, c’était même le pouvoir le plus fort. C’était au temps du maire Fiorello La Guardia et des guerres de clan que décrit si bien la saga cinématographique du Parrain. Les boîtes de nuit jouaient un rôle important dans la vie de New York, et le « swing » triomphait. Parmi les vedettes de l’heure, Louis Prima http://fr.wikipedia.org/wiki/Louis_Prima , parolier, arrangeur-compositeur et virtuose de la trompette qui avait un sens du rythme absolument exceptionnel.
En voici une qui commence en douceur comme toutes les chansons napolitaines et qui se métamorphose en cours de route pour vous livrer un des solos de trompette les plus débridés que vous n’ayez jamais entendus http://www.youtube.com/watch?v=7mFHgpXJgqs&feature=related .
Écoutez également ceux-ci, vous reconnaîtrez certains airs que vous avez entendus dans des restaurants italiens où l’on diffuse de la musique « d’ambiance » :
_ http://www.youtube.com/watch?v=bzIEa1VJ4aQ&NR=1
_ http://www.youtube.com/watch?v=O-a8kLtJSJ4&feature=related
_ http://www.youtube.com/watch?v=yMwseIJwNao
_ http://www.youtube.com/watch?v=T4i97cYnJio&feature=related
_ http://www.youtube.com/watch?v=sqA4IviTEwQ&feature=related
Et voici son copain Julius La Rosa dans un air très célèbre
_ http://www.youtube.com/watch?v=Bsg73N0eUZk
On peut trouver plusieurs interprétations de Louis Prima sur YouTube ou Daily Motion, et certaines de ses compositions ou arrangements ont été interprétés par Frank Sinatra, Dean Martin, ou le comédien français Gérard Darmon http://www.youtube.com/watch?v=zT3YNA2Bt2A.

***
Un merci sincère pour ces bons mots à Richard Le Hir, un homme passionné pour la justice et la liberté! Et pour sa contribution extraordinaire à Vigile et à la marche du Québec vers son indépendance, contre vents et marées.
Mes trois petits-fils, Antoine, Louis-Félix et Axel (sa mère Martine), c'est finalement pour eux, maintenant je le vois nettement, que j'ai décidé un jour de mettre à profit l'internet pour contribuer à faire fleurir le champ de la liberté en terre québécoise. C'est à tous les petits-fils de la nation qu'est dédié ce travail quotidien, passionnant, qui produit, en collaboration, les pages de Vigile, des pages qui, jour après jour, sculptent l'âme québécoise, à même sa matière historique, et renforcent sa volonté d'assumer son destin, sa volonté d'être soi, dans la dignité, la justice, la solidarité et la liberté.
Bernard Frappier


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8 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    26 novembre 2011

    Le fameux solo de trompette débridé....est en fait un solo de saxophone. Mes excuses monsieur Lehir...
    Faut savoir(pour employer l'expression consacrée) que Louis Prima était vraiment un trompettiste qui essayait tant bien que mal d'imiter Louis Armtrong. Vous ne l'entendez pas dans cette pièce: Oh Marie!. Et le solo en question est le fait de Sam Butera, saxophoniste...un autre italien sans doute. Ce Sam Butera est considéré à l'origine du Rock and Roll...avec bien d'autres.
    Faut savoir aussi...qu'à l'origine, le sax ténor était le seul instrument à vent qui avait survécu après la vague du swing, avant de disparaitre lui aussi dans le tintamarre des guitares électriques...
    Il y a la politique, il y a aussi la musique ...que j'aime autant!
    Amicalement
    Réal Ouellet
    Chicoutimi

  • Archives de Vigile Répondre

    25 novembre 2011

    Lâche pas monon'c!! Ton site est un joyaux inestimable à la liberté d'expression. Et même si nous ne sommes pas toujours d'accord sur tout, je dois avouer que vigile est un des derniers remparts d'informations indépendantes qui permet d'obtenir une vision différente des médias traditionnels.
    -Ton neveux de St-Bruno qui a bien hâte de jaser politique au party de noel de cette année!! Je sens qu'on va parler pas mal de Pauline , François Legault et de Gilles!! :)

  • Jean-François-le-Québécois Répondre

    24 novembre 2011

    @ O:
    Émigrer sur leur propre territoire... Oui, on pourrait dire cela, de ces gens qui sont des minoritaires volontaires et satisfaits...
    Est-ce que les jeunes sont réellement «rendus ailleurs»? Assez souvent, quand on leur explique vraiment bien les enjeux, ils changent d'opinion au sujet de l'indépendance.
    En ne parlant pas assez de ce que j'appellerais, pour simplifier, les vraies affaires, Pauline laisse passer une chance de se faire de nouveaux alliés, je crois.

  • Archives de Vigile Répondre

    21 novembre 2011

    @ Jean-François,
    Ces gens-là ont choisi de traverser le miroir: pour la paix sociale de leurs descendants, comme l'a promis Lord Durham. Comme le répète l'historien de Québec: c'est le régime anglais qui nous a sauvés du repli fatal...
    Avec l'avenir que nous réserve Harper, les collabos à Québec, l'idéal "rendus ailleurs" des jeunes, l'éparpillement du mouvement indép, la rage défaitiste de Facal, la duplicité d'une Antonine louangeant le bilinguisme montréalais et s'aveuglant de la disparition de l'Acadie... difficile de mépriser ceux qui choisissent d'émigrer sur leur propre territoire et repartir sur les bases canadian... C'est leur choix, mais nous, nous serons morts, mon frèèreu... (Raymond Lévesque)

  • Archives de Vigile Répondre

    21 novembre 2011

    Bravo à vous, messieurs!
    Vigile constitue maintenant une partie de ma nourriture quotidienne. Grâce à vous, je ne perds pas espoir que «Ça ne pourra pas toujours ne pas arriver...».
    Je vous envoie donc ma contribution financière, deux fois plutôt qu'une, avec ma plus grande gratitude.

  • Jean-François-le-Québécois Répondre

    20 novembre 2011

    Ces photos d'enfants québécois me donnent encore plus de volonté à me battre pour nos petits.
    Est-ce que ces sales idiots de fédéralistes sont conscients du genre d'avenir qu'ils veulent leur léguer? Un avenir où ils seraient marginalisés, puis dépossédés?
    Certains parents à moi, sont fédéralistes. Je ne suis personnellement, pratiquement plus capable de leur parler. Ils n'ont même plus d'arguments pour justifier leur choix ou orientation politique, mais ils persistent...

  • L'engagé Répondre

    20 novembre 2011

    Touché!
    C'est pas que je ne voulais pas, mais la procrastination... Voilà, je n'ai même pas fini le texte que je commençais la procédure.
    Ce rappel à l'ordre est une très bonne initiative, très littéraire. Bonne chance.

  • Archives de Vigile Répondre

    20 novembre 2011


    Monsieur Frappier et monsieur Le Hir, je vous salue bien bas.
    Longue vie libre à nos petits !
    André Vincent