À toi, Jean Léger, je te dédie cette victoire citoyenne

Énergie Est : Ne crions pas victoire trop vite

Notre combat contre le bitume albertain sera long, très long

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Chronique de Christian Rivard

La compagnie canadienne TransCanada a abandonné son projet Énergie Est qui avait pour objectif de transporter de l’Alberta vers l’Océan Atlantique, par un immense oléoduc de plus de 4 500 kilomètres, une quantité de 1,1 millions de barils de bitume par jour.


Ce projet diabolique devait traverser quelques 800 cours d’eau du Québec.


Cette victoire citoyenne me réjouit comme elle réjouit beaucoup de monde. Bon nombre de mes amis militants n’ont pas cessé les efforts pour sensibiliser la population du Québec aux inévitables dangers du projet Énergie Est. Cette victoire est pleinement méritée.


Malgré cette grande joie que j’éprouve aujourd’hui, j’ai une pensée pour notre ami Jean Léger ─ décédé en 2016 ─ qui est encore une inspiration pour tous les militants sur le terrain de nos luttes. J’ai encore en mémoire des images ─ photos et télévisées ─ de Jean cadenassé par la gorge à la valve manuelle de l’oléoduc 9B d’Enbridge à Ste-Justine-de-Newton. Totalement dévoué à la défense de l’environnement, notre ami Jean était de toutes les actions.


D’ailleurs j’ai moi-même participé à une action en Abitibi-Témiscamingue en compagnie de Jean quelques mois avant son décès puisqu’il tenait absolument à parcourir les 1 300 km de route afin de sensibiliser une centaine de résidents du Lac Témiscamingue du côté ontarien comme celui québécois.


D’une grande gentillesse, Jean était un leader discret. À mes yeux il sera toujours un patriote.


Ne crions pas victoire trop vite


J’aimerais exprimer à tous les Québécois de ne pas crier victoire trop vite. Cet abandon n’est que pour un temps plus ou moins long. Combien de plan B, C ou D que TransCanada, les pétrolières ainsi que les gouvernements Harper et Trudeau ont dressé pour parvenir à leurs fins? Il y a longtemps que je suis du même avis que Robert Laplante, directeur de la revue L’Action nationale et aussi de l’Institut de recherche en économie contemporaine (IRÉC) :



[...] cette richesse [démesurée] des sables bitumineux est enclavée et il faut bien sortir le pétrole de là pour l’amener vers les marchés. »



Quand la valeur financière des sables bitumineux se compte par centaines ─ probablement par milliers ─ de milliards de dollars, les intérêts financiers deviennent conséquemment des intérêts politiques pour de nombreuses générations.


Notre combat contre le bitume albertain sera long, très long. Les rapports de forces ne décroîtront pas en un moment. Car, pour les Albertains comme pour les Québécois, la réalité nous condamne à faire la politique de notre géographie.


Il n’en reste pas moins que cette victoire en est une belle. Soulignons tous les efforts accomplis par des milliers de citoyens : actions directs, désobéissances civiles, réunions, conférences, manifestations, porte-à-porte, camps de formation, lettres ouvertes, etc. De toute évidence, la protection de notre territoire mobilise des citoyens de tous les horizons : des environnementalistes, des indépendantistes, des patriotes, des Premières nations et des citoyens les moins politisés. C’est tout aussi unifiant qu’inspirant de nous regrouper les uns auprès des autres face à nos adversaires.


Soyons encore vigilants car la lutte n’est toutefois pas terminée. Loin de là. Bloquons la ligne 9b d’Enbridge. Bloquons les trains de Chaleur Terminals. Bloquons Gastem, Junex et Pétrolia. Continuons de protéger notre fleuve Saint-Laurent, nos rivières et notre territoire.


La souveraineté n’est pas un souhait, mais une somme. Avec cette victoire, celles de Cacouna et d'Anticosti, les Québécois additionnent.


Restons optimistes aussi puisque les projets Énergie Est et celui du port pétrolier de Cacouna ont été mobilisateurs. Un grand réseau de citoyens soucieux du bien commun s’est développé tout autour du fleuve Saint-Laurent, la colonne vertébrale de notre nation québécoise. Notre réseau est organisé, diversifié, une force numérique favorisée par la géographie.


Ne baissons la garde que le temps de se féliciter.


À toi, Jean Léger, je te dédie cette victoire citoyenne.


Christian B. Rivard



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