MA RÉPONSE AU DEVOIR

Que reste-t-il de Duplessis ? Beaucoup de choses

Le Devoir ne perd jamais une occasion de dénigrer l’oeuvre de Maurice Duplessis

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Chronique de Christian B. Rivard

Le Devoir ne perd jamais une occasion de dénigrer l’oeuvre de Maurice Duplessis, si ce n’est pas l’homme lui-même. Lors du 60e anniversaire de la mort de l'ancien premier ministre, le 7 septembre dernier, le journaliste Jean-François Nadeau a écrit un texte dénigreur, marchant dans les pas de l’un de ses prédécesseurs, André Laurendeau, éditorialiste en chef du Devoir de 1958 à 1968 et l’un des adversaires les plus hostiles à Maurice Duplessis.


Cela fait longtemps que Le Devoir n'a rien de positif à dire de celui que plusieurs considèrent comme le plus grand premier ministre de l’histoire du Québec. Le Devoir a été et est toujours un rouage important de la propagande anti-duplessiste. Il est le porte-voix du dénigrement de Maurice Duplessis auprès de la nation québécoise. Encore, récemment, sans gêne, avec le texte Que reste-t-il de Duplessis? publié par le Devoir. Que du remâché par Jean-François Nadeau, tellement remâché que ça sent la vomissure. 


Vomir en public est pourtant déshonorant. 


Or, pour lui faire ravaler sa vomissure, à notre ami du Devoir, j’ai décidé de lui répondre par un texte dégonflant cinq (5) des mythes les plus tenaces que nous entendons sur Maurice Duplessis.


Quelques mythes du discours anti-duplessiste


Maurice Duplessis, un anti-travailleur. Fausseté ! 


En 1936, l’Union nationale adoptait la Loi sur les mines dans le but de protéger les Canadiens-français des compagnies minières qui imposaient des conditions de vie aux travailleurs et à leurs familles sur les territoires de la ville minière. De par cette loi, Maurice Duplessis remettait l’administration des villes minières entre les mains de l’État du Québec et le Code municipal du Québec. À l’époque, les villes minières étaient des milieux de travail et de vie où les travailleurs canadiens-français vivaient sous la domination de compagnies minières ontariennes ou américaines, où les dirigeants canadiens anglais ou américains administraient presque tout, des infrastructures de la ville minière jusqu’aux prix des terrains à vendre, des marchandises disponibles dans les magasins jusqu’aux heures de loisir. En 1937, l'Union nationale bonifiait par la Loi des salaires raisonnables les conditions salariales des travailleurs. Dès lors, le salaire moyen des Québécois doublait lors des années de Maurice Duplessis à la tête du gouvernement.


En 1938, l’Union nationale adoptait la Loi relative aux salaires des ouvriers qui interdisait un employeur de congédier un ouvrier pour des activités syndicales. En 1945, l'Union nationale bonifiait la Loi sur le Code du travail en réduisant de 60% à 50% plus 1 la majorité nécessaire pour qu’un groupe de travailleurs obtienne son accréditation à une association. Le nombre de travailleurs syndiqués a légèrement augmenté lors des années de Maurice Duplessis au pouvoir. En réalité, Maurice Duplessis était proche des gens ordinaires, donc des travailleurs, qui représentaient une grande part de l’électorat du Québec. La confiance des gens ordinaires en l’Union nationale était si grande qu’ils ont élu le premier ministre Maurice Duplessis en 1936, en 1944, en 1948, en 1952 et en 1956.


Maurice Duplessis, un lèche-cul des patrons. Dénigrement ! 


Maurice Duplessis était tout aussi sympathique aux ouvriers qu’aux patrons. Une réputation d’être proche des grandes entreprises lui colle encore à la peau, mais le prétendre un lèche-cul est grandement exagéré. Tout comme le qualifier d’anti-syndical. Maurice Duplessis administrait le Québec avec brio et la province était tout autant reconnue par les grandes entreprises pour ses richesses naturelles que pour sa stabilité économique et autres conditions propices aux investissements massifs de capitaux privés. Maurice Duplessis se préocuppait autant de la population que des entreprises et cet équilibre ne pouvait qu’exister que par la paix et l’ordre. Puisque les Canadiens-français ne pouvaient obtenir les capitaux nécessaires aux grands projets industriels, Maurice Duplessis laissait donc les entreprises étrangères « faire buisness » sur le territoire en échange d’un développement industriel et surtout infrastructurel ─ routes, ponts, ports, chemins de fer ─ de grande envergure, payé uniquement par les entreprises étrangères, afin de relier les régions les plus éloignées aux grandes municipalités du territoire : Montréal, Québec et capitale régionales.


Meneur du jeu, bien positionné entre la population et les grandes entreprises, Maurice Duplessis cherchait non pas à soutirer aux entreprises de meilleures conditions de travail pour les ouvriers, ni à écraser le mouvement ouvrier à la demande des patrons. Il ne cherchait qu’à bâtir une économie plus diversifiée, particulièrement dans les régions du Québec, que le premier ministre Maurice Duplessis voulait basé sur une conjugaison « agriculture-forêt-mines-industries » qui est encore un bonne part de notre modèle économique actuel au Québec. Du reste, pour conserver une stabilité économique ainsi que de bonnes relations de travail, Maurice Duplessis s’en est remis au bon jugement des travailleurs, aux valeurs de responsabilisation et collaboration des Canadiens-français. En tout temps, lors des conflits du travail, Maurice Duplessis favorisait le processus d’arbitrage menant à une négociation entre les ouvriers et les patrons. Voulant que les conflits se règlent dans la paix et l'ordre, Maurice Duplessis s’est fortement opposé ─ parfois à l’aide de la force policière ─ à tous les leaders syndicaux qui préconisaient le désordre et le sabotage, car il valorisait les droits, l’ordre, la discipline, le travail, la morale chrétienne, la stabilité et la collaboration. Maurice Duplessis voulait que le Québec se développent par la stabilité et le respect du droit et de la justice, que les Québécois s’en fassent le devoir de protéger cette stabilité. Pour Duplessis, c’était la nation avant les travailleurs ou les patrons.


Maurice Duplessis, un corrompu. Autre fausseté ! 


Le patronage ainsi que le financement de l’Union nationale n’était qu’une structure nécessaire à la réussite du mouvement nationaliste. Activités pourtant « non illégales » et surtout faites à la vue de tous, en collaboration avec les gens ordinaires tout autant des quartiers de Montréal comme des villages des campagnes, le patronage et le financement de l’Union nationale est encore aujourd’hui jugé ─ à tort ─ au tribunal populaire avec un regard actuel sur des moeurs du passé. Ce n’est qu’à partir des années 60 que le gouvernement du Québec a légiféré des lois ─ quoiques faibles et inefficaces ─ pour mettre fin à ces activités de patronage et de financement ancrées dans les moeurs de la politique québécoise depuis la confédération de 1867.


La « machine » à Gérald Martineau, le grand argentier de l’Union nationale, n’était qu’une « fonctionnalité de l’État » qui avait un objectif double : d’une part, permettre à l’Union nationale de se battre à armes égales contre les Libéraux amplement financés par les grandes corporations canadiennes, en développant un patronage exclusivement canadien-français pour que la nation puisse détenir enfin seule les manivelles de l’État du Québec et, d’autre part, développer des entreprises canadiennes-françaises dans les régions du Québec. Gérald Martineau a affirmé lors de la Commission Salvas « n’avoir jamais donné un contrat à un anglais », préférant nourrir les Canadiens-français. Ce stratagème unioniste était le carburant nécessaire au développement spectaculaire de petites et moyennes entreprises dans les régions du Québec des années 40 et 50, contribuant grandement à rattraper le retard économique que le Québec présentait face à ses voisins ontariens et américains. La « recette Martineau » reposait sur la confiance et l’honnêteté des entrepreneurs, des organisateurs politiques, des députés, des ministres, à l’intérieur d’une structure entretenue par la direction de l’Union nationale. L’argent circulait minutieusement des coffres de l’État du Québec aux petits entrepreneurs ─ tout aussi de couleurs politiques de l’Union nationale comme des Libéraux ─ jusqu’à remonter des poches de petits entrepreneurs au coffre de l’Union nationale par une « remise » de 1% du total du contrat négocié entre le gouvernement et l’entrepreneur. Parfois, par autorisation de Gérald Martineau, l’argent circulait directement du « trésor » de l’Union nationale vers les petits entrepreneurs par des avances de fonds pour acheter des équipements nécessaires aux travaux publics demandés dans les contrats.


La Commission Salvas a finalement démontré que les transactions ont été retracée car elles étaient administrées avec minutie par Gérald Martineau et classées dans les coffres-forts de l’Union nationale. Elle n’est alors venue que confirmer la probité de la « machine » à Gérald Martineau qui n’était qu’une version améliorée ─ plus intègre et honnête ─ de celle érigée par les gouvernements libéraux de Louis-Alexandre Taschereau. Le retour sur les investissements était si grand que, malgré la construction de plus de 4000 écoles, des dizaines d’autres spécialisées, une Université à Sherbrooke, des dizaines d’hôpitaux, des routes, des ponts et des barrages hydroélectriques nécessaires aux développement de nos régions, ces réalisations de l’Union nationale de Maurice Duplessis ont été faites en payant les dettes de l’État du Québec. C’est une performance économique ainsi qu'un développement industriel et social sans précédent de notre histoire nationale.


Maurice Duplessis, un ultramontain. Encore une fausseté ! 


Même s’il est né d’une famille proche des ultramontains, Maurice Duplessis était plutôt un gallican. Il a creusé une « tranchée » face à la puissance de l’Église catholique, n’hésitant pas à rabrouer le clergé si cela était nécessaire. Pour le meilleur et pour le pire, les gouvernements de Maurice Duplessis ont coopéré avec les institutions catholiques qui offraient gratuitement ─ ou à moindre coût ─ des services de santé et sociaux à la population. Maurice Duplessis respectait le dévouement et la bienveillance de l’Église catholique auprès de la population et en reconnaissait son importance, son apport incalculable dans la fondation de la nation française en Amérique. Malgré sa croyance profonde au catholicisme, malgré même les luttes que Maurice Duplessis a mené pour protéger les prérogatives de l’Église catholique face à la centralisation des pouvoirs du gouvernement fédéral, Maurice Duplessis a toutefois favorisé les prérogatives de l’État du Québec à celle de l’Église catholique. En fait, c’est sous les politiques de l’Union nationale de Maurice Duplessis qu’a commencé la laïcité actuelle de l’État du Québec sous les autorités des ministres Paul Sauvé et Albiny Paquette, responsables de la Jeunesse, du Bien-Être, de la Santé et des services sociaux.


Maurice Duplessis, un dictateur. Encore du dénigrement !


Maurice Duplessis laissait les ministres de ses gouvernements mener à bien les ministères. C’est pourquoi l’État du Québec de 1944 à 1960 s’est développé rapidement ─ et sans heurt ─ entre les mains d’un groupe restreint et stable de ministres unionistes tels que Paul Sauvé à la Jeunesse et au Bien-être, Albiny Paquette à la Santé, Antonio Talbot, à la Voirie, à Onésime Gagnon au Trésor, à Joseph-Damase Bégin à la Colonisation, John Samuel Bourque aux Terres et Forêts et Antonio Barrette au Travail. En réalité, Maurice Duplessis préférait mettre son grand nez dans les dossiers reliés à Ottawa et mettre son énergie à protéger l’autonomie provinciale en combattant la centralisation des pouvoirs engendrée par le gouvernement fédéral. Avoir un Québec autonome et capable de s’administrer soi-même était une grande part de la doctrine politique de Maurice Duplessis. Il en parlait à tous les jours. Parfois, pour défendre la nation canadienne-française et son autonomie, il frappait ces adversaires de mots très durs. Il s’en est fait une réputation. Étant tout aussi respecté que craint, on ne le surnommait pas le « Cheuf » pour rien.


La machine de l’Union nationale était d’une redoutable efficacité, parce que Maurice Duplessis faisait confiance à sa structure organisationnelle, conduite par Joseph-Damase Bégin à Gérald Martineau, soutenue par des députés unionistes et des milliers d’autres Canadiens-français, fiers de participer au régime nationaliste leur ayant offert la confiance et la force du « Maître chez nous », célèbre slogan initialement invoqué par Lionel Groulx dans les années 30. Par souci d’efficacité et de réduction des coûts économiques, Maurice Duplessis, comme ces prédécesseurs, laissait le patronage au bon jugement des organisateurs politiques, ainsi que les décisions ministérielles et autres rouages de la machine gouvernementale aux élus et aux fonctionnaires. C’était l’époque des décisions discrétionnaires où les politiciens et les organisateurs politiques orchestraient presque tout de la vie politique et des grands projets publics. Autre temps, autres moeurs, cette vieille politique, dont son essence se puisait par les racines du jugement, l’intégrité, le courage et la bienveillance des nos décideurs, a pourtant été condamnée sévèrement dans les années 60 et 70 par Jean Lesage et René Lévesque, les fondateurs de cette ère « technico-statutaire-inimputable » du « jamais-trop-progressiste » qui mène à la déresponsabilisation systémique des élus, des fonctionnaires et des citoyens que nous vivons aujourd’hui. Alors que Maurice Duplessis n’est intervenu que lorsqu’il estimait que les choses ne tournaient pas rond, le Québec actuel peine souvent à s’imposer face à la moindre adversité.


Une oeuvre gigantesque encore manifeste


En évoquant de nouveau la Loi du Cadenas, les syndiqués malmenés, la corruption généralisée, les quelques boutades de Maurice Duplessis sur l’instruction et l’assurance-santé, Jean-François Nadeau ne fait qu’ajouter sa part de « venin » à une propagande anti-duplessiste qui est malheureusement institutionnalisée jusqu’au mensonge national quasi généralisé.


À la question de Jean-François Nadeau Que reste-t-il de Duplessis ? Je lui réponds : beaucoup de chose. Beaucoup trop de chose pour ne pas les voir et les reconnaître. Quand s’arrêtera-t-il cet aveuglement volontaire des anti-duplessistes?


Car l’oeuvre gigantesque de Maurice Duplessis est encore manifeste.


J’en vous énumère quelques éléments :



  • Une bonne part du système scolaire actuel, de ses infrastructures et du transport scolaire;

  • La plupart des hôpitaux actuels sur le territoire du Québec;

  • Les moyens financiers de l’État du Québec par la récupération d’une part de nos impôts cédés au gouvernement fédéral par le premier minisitre Adélard Godbout. L’autonomie provinciale de Duplessis n’a pas seulement transformé la fédération canadienne, elle est l'origine même de notre capacité économique et vitale nécessaire à notre souveraineté;

  • Notre nationalisme politique face au gouvernement fédéral;

  • Le drapeau du Québec;

  • Une grande part de notre réseau routier ainsi que notre réseau hydroélectrique qui ont été nécessaires à l’aménagement du territoire du Québec, au développement régional, ainsi que la modernisation des conditions de vie des familles québécoises; 

  • Une grande part du développement de notre industrialisation, de nos expertises, de l’exploitation de nos ressources minières, en particulier le fer indispensable à la construction de nos barrages hydroélectriques et autres infrastructures importantes;

  • Les premiers rouages de notre Québec Inc;

  • Les premiers pas de la laïcité de l’État du Québec.


Et j’en passe. 


J'ai une question pour Jean-François Nadeau : Que reste-t-il du Devoir ?


 


Christian B. Rivard



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