Enquête sur Pierre Bibeau: Loto-Québec ignorait que son v.p. était sous surveillance

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La saga sans fin de la corruption Libérale





Loto-Québec ignorait tout de l'intérêt porté par les policiers à son ex-vice-président, Pierre Bibeau.

Un porte-parole de la société d’État, Patrice Lavoie, a refusé d’accorder une entrevue au Bureau d’enquête au sujet de M. Bibeau.


Dans une réponse écrite, M. Lavoie a toutefois indiqué que Loto-Québec n’était pas au courant que l’Unité permanente anticorruption (UPAC) avait porté une attention particulière envers M. Bibeau.


«En réponse à vos questions sur les allégations de filature policière et de tentative d’écoute électronique, nous vous confirmons que Loto-Québec n’est pas au fait de ces allégations», a-t-il dit hier.


«M. Bibeau n’est plus à l’emploi de Loto-Québec depuis la fin de son contrat en 2015, et les allégations le concernent personnellement.»


En quittant ses fonctions, M. Bibeau a empoché une prime de 118 000 $ prévue à son contrat.


Hier, notre Bureau d’enquête a révélé que l’UPAC s’était intéressée aux transactions bancaires de M. Bibeau, un ancien organisateur du Parti libéral du Québec (PLQ).


Deux de ses institutions financières ont notamment signalé des opérations douteuses reliées à des allégations formulées en 2012 par l’ex-entrepreneur en construction Lino Zambito.


M. Zambito a soutenu avoir remis une contribution politique illégale de 30 000 $ comptant à M. Bibeau dans son bureau de Loto-Québec, en 2009.


L’UPAC a pris M. Bibeau en filature en plus d’envisager l’installation de micros dans son bureau de Loto-Québec.


Alexandre Bibeau au PLQ


Dans les jours suivant les allégations de M. Zambito, en octobre 2012, le fils de Pierre Bibeau, Alexandre, avait renoncé à son poste au sein de l’organisation de la campagne à la direction du PLQ de Philippe Couillard.


Hier, un porte-parole du PLQ, Maxime Roy, a affirmé que M. Bibeau demeurerait dans ses fonctions d’organisateur du parti pour les régions de l’ouest, qu’il exerce depuis plus d’un an.


«Alexandre n'a absolument rien à se reprocher et aucun autre commentaire ne sera fait sur ce sujet», a-t-il dit dans une déclaration écrite.


M. Zambito avait notamment allégué qu’Alexandre Bibeau était intervenu en sa faveur dans un dossier après une demande de son père.


Mario Bertrand s’explique


Impliqué dans des transactions qui ont éveillé les soupçons des institutions bancaires de M. Bibeau, Mario Bertrand, ex-chef de cabinet du premier ministre Robert Bourassa, a nié, hier, avoir participé à des activités de financement politique illégal.


«On s’est appuyés et aidés à travers les petites et grandes difficultés de la vie, a-t-il écrit dans un courriel. Mais je n'ai jamais, ni de près ni de loin, directement ou indirectement, participé à du financement politique. C’est un amalgame faux et détestable.»


M. Bibeau a expliqué qu’un chèque de 135 000 $ déposé sur un de ses comptes, suivi d’un retrait comptant de 40 000 $, était un remboursement de dette de M. Bertrand, en 2011. Quelques semaines plus tard, il prêtait 175 000 $ à M. Bertrand.


«Les échanges financiers entre Bibeau et moi sont du domaine privé, mais je peux vous assurer qu'aucun échange n’a été fait comptant», a dit M. Bertrand.


L’UPAC s’est aussi intéressée à des transactions de Marc Bibeau




Transactions d’intérêt


Le CANAFE est un organisme fédéral chargé de recueillir les renseignements sur toutes les transactions financières pouvant être utiles à des enquêtes sur le recyclage des produits de la criminalité, notamment.


L’organisme fédéral a notamment identifié quatre «opérations importantes» en argent liquide.


Le document qu’a consulté notre Bureau d’enquête ne permet cependant pas de savoir exactement qui, parmi les membres de la famille Bibeau ou de leurs entreprises, a fait les quatre paiements en espèces ou qui en sont les bénéficiaires. Chacune de ces transactions totalisait plus de 10 000 $.


Contacté par notre Bureau d’enquête, un avocat de Marc Bibeau, Stéphane Eljarrat, dit ne pas pouvoir fournir de précisions sur ces paiements.


«Nos clients ne peuvent retracer avec certitude ces transactions alléguées et donc ne peuvent pas vous fournir plus de détails, écrit-il. Toutefois, il n’y a rien d’illégal dans le fait de déposer 10 000 $ dans une banque.»


Île Maurice


Le CANAFE a aussi relevé plusieurs paiements des entreprises des Bibeau à l’étranger, dont un paiement de Schokbéton Québec inc. à l’île Maurice, un paradis fiscal de plus en plus en vogue. Cette société appartient à une compagnie à numéro que dirige Marc Bibeau.


Son avocat n’a pas pu donner de détails sur ces transactions non plus. «Vu l’imprécision des montants et des dates, nos clients ne peuvent vous répondre avec précision, dit Stéphane Eljarrat. Par contre, il est clair que ces transactions alléguées n’ont rien à voir avec le blanchiment d’argent ou des investissements dans des paradis fiscaux.»


En conclusion de son courriel, il précise que «tout article laissant faussement croire ou sous-entendre (que les Bibeau auraient fait des transactions illégales) causerait à nos clients un préjudice irréparable dont vous et votre employeur seraient tenus responsables, le cas échéant».


L’information qu’a colligée le CANAFE provient de la Banque Royale, de la Banque de Montréal et de la Banque Laurentienne, dont les Bibeau et leurs entreprises sont clients.


Au Canada, les institutions financières doivent déclarer au CANAFE les paiements en liquide de 10 000 $ ou plus, ainsi que toute autre «opération douteuse».


- Hugo Joncas et Alexandre Robillard, Bureau d’enquête


 



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