Bouchard croit que la souveraineté reste la solution contre les chicanes avec Ottawa

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Il aurait fallu au contraire mener des luttes incessantes contre Ottawa pour arriver à la souveraineté, qui n’est pas une « baguette magique »


La souveraineté du Québec demeure la solution contre les chicanes avec le gouvernement fédéral, a déclaré mercredi l’ex-premier ministre Lucien Bouchard, qui est pessimiste sur la possibilité d’obtenir de nouveaux pouvoirs d’Ottawa.


M. Bouchard était présent à l’Assemblée nationale à l’occasion de l’inauguration d’une statue commémorant la contribution à la société québécoise de Jacques Parizeau, qui a été ministre des Finances dans le gouvernement Lévesque, puis premier ministre entre septembre 1994 et janvier 1996.


Le monument en bronze qui le représente a été installé derrière le parlement, face à une rue qui porte déjà son nom.


Après la cérémonie, à laquelle le premier ministre François Legault et les chefs des autres partis politiques ont participé, M. Bouchard, qui a été chef du gouvernement pendant cinq ans, a fait valoir que le projet souverainiste a encore sa raison d’être, malgré la défaite du référendum de 1995.


« C’est dans le cœur d’un grand nombre de Québécois encore, pas une majorité, et dans le mien aussi, a-t-il dit aux journalistes. J’ai toujours pensé, je suis convaincu que c’est toujours la solution. Je regrette beaucoup qu’on ne l’ait pas adopté à l’époque. Je respecte la décision populaire. Mais c’est la solution. »


Selon M. Bouchard, qui a succédé en 1996 à la tête du gouvernement et du Parti québécois (PQ), des relations épanouissantes sont presque impossibles avec le gouvernement fédéral dans sa forme actuelle. « Voyez les sempiternelles chicanes ici et là, entre le Québec et le fédéral, a-t-il dit. Tout devient un problème dans la gestion de l’État québécois à cause de ces relations difficiles. »


De nouveaux pouvoirs


M. Bouchard n’a pas voulu se prononcer sur les chances de M. Legault de récupérer les pouvoirs en immigration qu’il réclame au gouvernement fédéral. « Regardez l’histoire des premiers ministres du Québec, a-t-il dit. Il n’y en a pas beaucoup qui ont récupéré des pouvoirs. On en a plus souvent perdu que gagné. En particulier avec deux référendums [perdus] qui nous ont fait perdre des pouvoirs. »


Selon l’ancien politicien, les chances de remporter un référendum sur la souveraineté du Québec sont plus faibles qu’il y a 27 ans. « On peut comprendre que quelqu’un ne pense pas faire un référendum demain », a-t-il expliqué.


Concernant la situation du PQ, qui en est réduit au rôle de troisième groupe d’opposition derrière les libéraux et Québec solidaire, M. Bouchard a estimé que d’autres partis pourraient porter son projet souverainiste.


« Je ne suis pas un analyste assez fin, assez subtil pour savoir ce qui va arriver dans les prochaines années, a-t-il plaidé. C’est clair que ça ne va pas bien au PQ. Ça ne va pas bien dans d’autres partis aussi. »


Fidèle à son rêve


Conjointe de M. Parizeau, l’ex-députée péquiste Lisette Lapointe a rappelé qu’il était resté fidèle au projet souverainiste, même après la défaite référendaire.


« Jusqu’à la fin de sa vie, il n’a jamais renoncé à son rêve, a-t-elle dit. Si je peux faire un vœu, c’est que ce monument, qui le personnifie si bien, fasse en sorte qu’on se souvienne de lui, de son œuvre immense et de son amour pour le Québec. »


Dans un échange qui a suivi avec les journalistes, Mme Lapointe a affirmé que le projet nationaliste de la Coalition avenir Québec pouvait aider la souveraineté.


« Je vois du très bon là-dedans, a-t-elle dit. Avec ce regain d’intérêt pour la culture québécoise. Je le souhaite. »


Prenant la parole durant la cérémonie, M. Legault a rappelé que M. Parizeau était à l’origine de la création d’Hydro-Québec, de la Société générale de financement (SGF) et de la Caisse de dépôt et placement du Québec.


« Au Québec on a eu quelques grands hommes d’État, lui c’est parmi les plus importants et les plus grands qu’on a eus », a-t-il dit.


M. Legault a souligné qu’avec sa formation universitaire, M. Parizeau aurait pu choisir une lucrative carrière dans le secteur privé plutôt que de se consacrer « au bien commun des Québécois ».


« À l’époque, il n’y avait pas beaucoup d’entrepreneurs et d’entreprises québécoises, a-t-il dit. C’est grâce à la Caisse et à la SGF, donc grâce à M. Parizeau, qu’on a créé des fleurons québécois qu’on a encore aujourd’hui. »


Ex-ministre péquiste dans le gouvernement de Lucien Bouchard, M. Legault a souligné les efforts de M. Parizeau en 1995.


« Il a fait tout ce qu’il était possible de faire pour vendre la souveraineté du Québec, a-t-il dit. Il n’a ménagé aucun effort. »








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