Enseignement et pédagocratie

Tribune libre


Mais jusqu'à présent, elle parlait «d'un maximum de 200 journées dont au moins 180 doivent être consacrées aux services éducatifs». Maintenant, selon le projet de règlement inscrit cette semaine à la Gazette officielle - qui doit entrer en vigueur le 1er juillet prochain -, on propose de calculer le régime en heures, «entre 846 et 940 heures consacrées aux services éducatifs», réparties entre 180 à 200 jours de classe à temps complet comportant chacun 5 heures de services éducatifs au primaire et au secondaire et un peu moins de quatre heures et trois quart à la maternelle. . Cyberpresse, Marie-Claude Lortie
Je viens tout droit de l’école. J’y ai enseigné pendant longtemps. Mais j’en suis sorti tout croche… J’y suis sorti au moment où l’on exigeait 40 heures ( ou 35?) de présence à l’école.
Mais j’en travaillais au moins 50, parfois 60, étirant les soirées, par plaisir à bricoler des exercices pour les élèves… Afin de calfeutrer les programmes et les « idées » du MEQ…
Pour ceux qui ont la passion de l’enseignement, il est difficile d’accepter de se faire autant esclavager par une technocratie aussi nombriliste et décharnée. Les « visionnaires » aveugles du ministère auraient intérêt à aller se planter les jambes jusqu’aux genoux pour avoir un aperçu de la RÉALITÉ.
La façon de faire du MEQ a un air de flibustiers avec deux bandeaux noirs. Désolé. L’apprentissage, c’est comme le pain : plus c’est simple, plus c’est efficace. Même si on fabrique 50 sortes de four, le pain vient de la qualité de la farine, de la levure, et du pétrissage… Et d’un dosage adéquat.
Le scalpel
Étant donné que le « client » a été charcuté par les « Dr » du ministère, on ne peut pas le « reconstruire » en ajoutant du scalpel. Secondes, minutes, heures, ne change rien au temps. Le problème des grandes difficultés vient du ministère lui-même et de la structure organisationnelle des écoles qui a emprunté le moule de la « qualité totale », si chère à l’industrie. Qui ne fait pas mieux en fin de compte…
En charnellisant cette matière brute, qu’est l’humain, - autant du côté du « client que du prof » - on l’a désâmée en même temps.
Si la nature a horreur du vide, le ministère devrait avoir horreur de lui-même.
Mais non… On en rajoute.
Terminator
La robotisation de l’enseignant – sa « mise de côté décisionnelle » - a fini par déplacer la compétence et à en faire un concept abstrait « manipulable » seulement par les gradés des tours à bureaux.
C’est la lutte entre la robotisation d’acier et l’humain…
On crache sang et eau pour enseigner.
Une guerre contre la machine.
Non seulement on ne connaît rien de l’élève, mais on ne connaît rien de l’enseignant : on les confond avec les atrophiés du ministère. Ils les pensent semblable à eux : hautains, contrôlant, insipides, et d’un cœur de chiffres.
Le contrat à venir
On ne parle pas trop de la convention à venir. On devrait… 1% par an. Avec des chaînes…
J’ai deux enfants détenteurs de maîtrises. Deux enseignants. J’ai tenté de les dissuader, mais ils y tiennent vraiment.
Une caissière à la SAQ gagne 25$ l’heure. Quand on connaît les conditions d’embauche des enseignants – plus loués qu’engagés – c’est à se demander si on ne devrait pas devenir conseiller en vins au lieu d’écouter de vains conseillers.
La « pédagocratie » est en train de tuer un des métiers les plus extraordinaires du monde. Si ce n’était que de cela… Non… On assassine des générations.
Le MEQ – et son fonctionnariat à mobilité réduite – n’a même pas eu l’humilité de se questionner sur ses méthodes.
Tous les enseignants savent que les méthodes pourraient être simplifiés et efficaces. Les organisations revues et corrigées…
Non.
C’est le statut Q haut… Plus c’est compliqué, plus on a raison.
Si les enseignants n’y comprennent rien, comment voulez-vous que les « apprenants » y comprennent quelque chose?
Comment régler un problème quand l’énoncé du problème est incompréhensible au départ?
Quant au pouvoir des directeurs, des conseillers pédagogiques souvent bouche-bée devant ce savantissime de micas, tous les enseignants le savent…

Le risque?
L’habitude de la nouvelle génération à genoux devant ces nouvelles normes.
Connaissances et compétences?
Compter les feuilles de l’arbre pour l’expliquer…


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3 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    8 février 2010

    Merci pour les deux commentaires.
    Très intéressants. Au point où je vais les transmettre sur mon site.
    Bonne journée!

  • Raymond Poulin Répondre

    6 février 2010

    Bien sûr qu’on assassine des générations! On l’a d’abord fait au primaire, ensuite au secondaire. Pour plus de sûreté, on a ajouté le Cégep au crime depuis 1994. Cette vilenie n’est pas proprement ni exclusivement québécoise mais occidentale, et il faut bien dire que les spécialistes québécois des sciences de l’Éducation participent innocemment à la curée dans tous les pays de langue française. Innocemment? Oui : la plupart, à ma connaissance, sont de naïfs hurluberlus inconscients de la manipulation à laquelle ils prêtent la main. On ne peut probablement pas en dire autant de certains hauts fonctionnaires du MELS qui battent la mesure de la danse. Que vise-t-on? Une masse de consommateurs sans culture et sans esprit critique, futurs travailleurs précaires à bas salaire, corvéables à merci et jetables, pendant que les oligarques, leurs affiliés dans les corps professionnels et certains politiciens envoient leurs enfants dans quelques écoles privées chargées d’assurer la reproduction du “family compact” et l’appariement des égaux de même que leur inclusion dans le réseau de copains, garantie à terme de relations professionnelles et politiques qui favorisera la carrière, les promotions et le maillage entre affaires, profession et politique. Il est loin, le temps du rapport Parent et de Paul Gérin-Lajoie. Ajoutons, pour faire bonne mesure dans le cas du Québec, la dénationalisation rampante par le dévoiement de l’enseignement de l’Histoire et l’infusion multiculturaliste. Bien entendu, tout ça n’est pas sérieux, voyons, je ne suis qu’un vulgaire complotiste, sans doute paranoïaque sur les bords. «Tu lis trop, Marius, tu lis trop, et de sales bouquins encore!»

  • Marcel Haché Répondre

    6 février 2010

    L’éducation. La sécurité à Mtl-Nord. La grippe et la C Difficile. L’éthique élastique. La corruption. Ou les primes de départ versées à ceux qui ont failli.40 milliards perdus. Les routes à refaire. L’immigration au Québec, mais Hydro-Québec au Nouveau Brunswick. La social-démocratie dans le casino. Le casino qui s’étend. Le voile qu’on défend.
    Et Nous ?
    Pour reprendre une expression à la mode : ne serait-il pas temps de « revisiter » notre social-démocratie ? Juste un tipeu ? Calmement.
    Après tout, Nous ne sommes pas des visiteurs, ni même des « revisiteurs ». Nous sommes chez-Nous !
    Ou faut-il en plusse laisser toute cette réflexion nécessaire aux libéraux ? Nous devrions pourtant savoir qu’ils en sont bien capables…