Peut-être que certains bien-pensants me traiteront de « vieux grincheux » mais ce qualificatif que je considère quand même « assez sympathique » ne m’empêchera pas de vous confier bien humblement le fond de ma pensée sur l’évolution.
Mais que s’est-il donc passé…?
Pour que les jeux dehors pour les enfants soient substitués par les écrans branchés sur les médias sociaux? Pour que l’apprentissage des tables de mathématiques soient remplacé par les touches des calculatrices? Pour que la persévérance et l’effort soient balayés par l’illusion de la réussite sans effort? Pour que la chaleur des échanges téléphoniques cède toute la place à la froideur des messages électroniques? Pour que les rencontres aléatoires fassent place aux rencontres exploratoires? Pour que la convivialité du personnel au guichet des institutions financières soit remplacée par de froids guichets automatiques?
Eh bien voyons, c’est ça l’évolution !
Eh bien, si c’est ça l’évolution, vous me permettrez d’exprimer certaines réserves sur son rôle supposément « mélioratif ». En fait, je pourrais reprendre toutes les questions énumérées au paragraphe précedent et constater le plus objectivement possible que ce que l’on appelle « évolution » aboutit à une dégradation d’une situation antérieure qui favorisait sans contredit un mode de vie de loin plus sain et plus humain.
Mais qu’avons-nous oublié en route?
Est-il possible que nous ayons bafoué le passé souvent qualifié de rétrograde pour faire place aux nouvelles technologies de l’information tout en sacrifiant le sens de l’effort chez les jeunes, la belle complicité entre deux personnes lors d’un échange téléphonique, le charme d’une rencontre dans un bar entre deux personnes, le sourire accueillant de la représentante au guichet des institutions financières?
Est-ce possible de concilier évolution et passé?
D’entrée de jeu, force est de constater qu’il est difficile, voire impossible, de stopper l’évolution dans quelque domaine que ce soit. Elle est là pour rester et continuer de se propager. Pour ce qui est du passé, il disparaît petit à petit dans l’oubli. Alors, est-il plausible d’établir une sorte de convivialité entre l’évolution et le passé?
Étant optimiste de nature, je crois que les deux concepts peuvent vivre ensemble au même titre qu’un grand-père peut s’amuser avec son petit-fils. Qui sait? Le passé du grand-père aura peut-être une oreille attentive de la part de son petit-fils et le grand-père éprouvera peut-être du plaisir à s’amuser avec la tablette de son petit-fils!
Henri Marineau, Québec
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