A quelques saines exceptions près, par exemple le présentateur-star de la chaîne de télévision Fox News Tucker Carlson, la représentante au Congrès Tulsi Gabbard ou encore Ron Paul, les politiciens et médias grand public des USA s’enfoncent dans un délire russophobe collectif qui commence à donner des allures d’asile de fous à ciel ouvert aux cercles de pouvoir de Washington.
Tentative d’analyse.
Paru sur RT America sous le titre Anti-Russia narrative will continue because everyone is afraid of the Deep State
La communauté du renseignement ne veut pas que Donald Trump réussisse, et pourtant, il y a des questions majeures qui demandent une coopération USA-Russie, a dit l’ex-officiel du Pentagone Michael Maloof. Ray McGovern, ex-officiel de la CIA, s’est joint à la conversation.
Après le sommet du G-20 de Hambourg ce week-end dernier, le président Donald Trump a posté un tweet optimiste, sur une prévision d’unité conjointe russo-américaine sur la cyber-sécurité.
De plus, Trump a dit qu’après un accord sur la Syrie, il est temps d’avancer et de travailler avec la Russie.
Malgré son optimisme, il sera probablement confronté à l’opposition de sa propre administration.
L’ambassadrice des USA à l’ONU, Nikki Haley, affirme que « tout le monde » sait que la Russie à interféré avec les élections présidentielles américaines de 2016. Aucune preuve n’a été apportée pour étayer cette accusation.
RT : Est-ce que Trump peut rester optimiste, étant donnée la résistance déterminée à toute restauration des relations des USA avec la Russie ?
Michael Maloof : Le président Trump veut progresser, et c’est justifié. Il a un plan, il veut accomplir quelque chose. Il veut des succès. Ce qui se passe – toute cette opposition qui le harcèle continuellement vient des cercles de pouvoir de Washington, avec des efforts des démocrates, des médias grand public, de l’État profond, donc de la communauté du renseignement, parce qu’ils ne veulent pas que Trump réussisse quoi que ce soit. Mais il y a des questions primordiales qui exigent une coopération avec la Russie. Je pense que le président Trump le voit sous cet angle, et qu’il va traiter de front les accusations d’interférence et de collusion – ce sont des diversions créées par des gens qui ne veulent pas le voir réussir.
RT : Est-ce que vous pensez que Trump pourra maintenir son approche pragmatique de la crise syrienne et continuer à travailler avec la Russie, ou rencontrera-t-il une opposition à cela aussi ?
MM : Je le pense. Depuis le début, au cours de sa campagne, parmi ses très rares déclarations sur la politique étrangère, il a clairement exposé son intention de travailler avec la Russie ; il veut travailler avec d’autres acteurs ; il ne soutient pas les changements de régime ; il n’a pas l’intention de « construire » de nouveaux gouvernements. C’est pourquoi vous êtes témoins de reculs sur la question du remplacement d’Assad, par exemple récemment par Rex Tillerson. L’intention est clairement d’avancer, d’établir une paix, d’obtenir un cessez-le-feu et une solution politique à la crise.
Cela étant dit, même dans le meilleur des cas, il va s’avérer extrêmement difficile d’arriver à une solution dans un avenir proche, à cause de toutes les complications qui proviennent des autres acteurs, y compris l’Iran, Israël, la Turquie, la Jordanie, aussi bien que les USA et la Russie et le gouvernement Assad lui-même. Comment les réunir tous pour travailler ensemble, étant donnée la complexité de leurs relations et de leurs intérêts ? Assad veut restaurer tout le territoire de la Syrie. Cela peut ne pas se produire. Nous ne savons pas où tout cela va mener, mais il faut y travailler. Ce qui se passe aux USA n’est qu’une diversion. Ils essaient de faire tomber le président, qui doit se concentrer et faire avancer les choses. Et c’est ce que le peuple américain attend. Je ne veux pas avoir l’air de militer pour le président Trump et faire campagne pour lui, mais c’est comme ça qu’il doit procéder.
Ray McGovern, ancien analyste de haut niveau de la CIA. [NdT, et membre fondateur du très respecté think tank indépendant Veteran Intelligence Professionals for Sanity, VIPS]
RT : Quand est-ce que des preuves solides seront fournies pour étayer les accusations de hack russes ? Allons-nous en voir un jour ?
Ray Mcgovern: Quand l’ex-président Barack Obama a dit à Poutine « d’arrêter », Poutine lui a répondu « arrêter quoi ? Est-ce que vous pouvez me donner une seule preuve ? ». Selon Poutine, alors qu’il expliquait au président ce qui se passait, le président Obama lui-même doutait de plus en plus de la version officielle. Deux jours avant de quitter sa position, le président Obama a lui-même dit au cours d’une conférence de presse, « Il reste à savoir comment le hack russe est arrivé jusqu’à Wikileaks ». Bien, ohé ! La raison pour laquelle cela reste à savoir est que Wikileaks n’a pas obtenu un hack, mais une fuite. Une fuite, c’est ce qui se passe quand vous insérez une clé USB dans un ordinateur et que vous téléchargez. Cela ne passe pas par Internet. Quand une donnée passe par Internet, la NSA l’a. C’est difficile à croire, mais c’est vrai. Ce qui s’est passé est que quelqu’un du Parti démocrate a vu la façon dont Sanders avait été privé de sa nomination, et a décidé de le dire. C’est ce que je pense. Et il a mis ses informations sur une clé USB, l’a donnée à Assange [NdT : à travers Craig Murray, ex-ambassadeur britannique et membre de Wikileaks], et Assange les immédiatement publiées.
Ce qui s’est ensuite passé ? Personne n’a fait attention au contenu des mails – nommément, que le Parti démocrate avait triché pour que Sanders ne soit pas nominé. Personne n’y a prêté attention. Tout le truc a été une magnifique diversion, ‘Les Russes ont hacké ! les Russes ont hacké ! les Russes…’ Il n’y a toujours pas la moindre preuve. Cinq enquêtes sont en cours pour découvrir si un délit a été commis. C’est la première fois que je vois ça à Washington.
RT : Cette histoire perdure, n’est-ce pas ? En verrons-nous la fin ?
RM : Selon toute apparence, elle durera encore trois ans. Je pense que les Démocrates sont très stupides. Sauf s’ils demandent à la CIA de fabriquer des preuves, ils vont avoir l’air ridicules. Toute cette histoire a trait à l’identité de la personne qui a donné les mails à Julian Assange. J’ai une bonne théorie. Elle est fondée sur ce que le New York Times ne dit pas. Les premiers documents de la CIA publiés par Wikileaks le 28 mars dernier ont révélé quelque chose qui s’appelle Vault 7, part 3, qui permet à la CIA de mentir – c’est-à-dire, d’induire en erreur – sur l’identité des hackeurs en laissant des fausses traces, par exemple, mettons, peut-être des caractères cyrilliques…
Si nous pouvons travailler avec la Russie sur des accords nucléaires, si nous pouvons travailler avec la Russie sur des accords de paix en Syrie, nous pouvons certainement travailler avec eux sur des questions de technologie, et je pense que nous pouvons le faire sans dévoiler nos secrets – Patrick Flanagan, avocat, ex-membre du Congrès des USA.
La CIA a utilisé cette capacité l’année dernière. Pas besoin de sortir de Saint-Cyr pour relier les points : ‘Oh, du cyrillique dans les ordinateurs du Parti démocrate’… Ou peut-être, je dirais juste que si j’avais à juger de la réalité d’un « hack russe » contre une pénétration de la CIA avec leur outil de fausses traces, je suivrais plutôt la piste de l’utilisation de cet outil par la CIA. Le problème est – nous avons un président qui doit surveiller de plus près la CIA, et les militaires, et ce que nous appelons l’État profond. Idéalement, il devrait appeler le directeur de la CIA et lui dire, « Mike Pompeo, assez de fadaises, je veux tous les éléments que vous avez. Je ne crois pas à votre mémo concocté le 6 janvier [NdT : Qui contenait uniquement des supputations et aucune preuve, mais qui sert aujourd’hui de base au « Russiagate »]. Trouvez ce qui s’est réellement passé.’ Est-ce que Pompeo, le directeur de la CIA, pourrait trouver ? Je ne sais pas. S’il trouvait, le dirait-il au président ? Je ne sais pas. Ils ont tous peur de l’État profond – c’est celui-là, le vrai gros problème.
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