Pauline Marois aujourd'hui

Faire du Québec un État libre et souverain

Pauline Marois a été assermentée aujourd’hui au Salon rouge de l’Assemblée nationale - Voici son discours intégral.

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Marois dans Charlevoix

Élue le 24 septembre dernier comme députée de Charlevoix, Pauline Marois a été assermentée aujourd’hui au Salon rouge de l’Assemblée nationale. Parmi les moments forts de cette cérémonie, il y a les mots de remerciement à l’endroit de Rosaire Bertrand, ceux à l'endroit de François Gendron et le dévoilement de ses motivations.
Voici son discours intégral :
« Mes chers amis, bonjour!
Ouf! Quels sentiments étranges de se retrouver ici après presque deux années d’absence.
Je ressens une certaine fébrilité et un « je-ne-sais-quoi » de très spécial! Ma présence ici aujourd’hui, je la dois au travail de plusieurs personnes, mais d’abord à la confiance que m’ont témoignée les gens de Charlevoix, de la Côte de Beaupré.
À ceux, nombreux, qui sont venus, aux autres qui sont restés là-bas, je dis tout simplement merci! Merci de l'honneur que vous m'avez fait.
De tous les gens de Charlevoix que j'ai eu l'occasion de rencontrer, il y en a un sans qui rien de tout ça n'aurait été envisageable, un sans qui, cette rencontre chaleureuse aurait été impossible. Dans mes nombreux contacts avec la population, on me parlait de lui comme d'un ami, d'un collègue, d'un parent. Avec beaucoup d’affection et un grand respect Rosaire, et au nom de tous ces gens que tu as servis fièrement et avec tant de conviction pendant près de 14 ans, merci à toi aussi!
Au moment où j’ai annoncé que je revenais à l’action politique, j’ai dit qu’il fallait nous ouvrir, réapprendre à écouter. Je peux vous dire qu’une campagne électorale est un moyen privilégié de le faire avec une intensité peu commune.
Durant cette campagne et encore au moins autant depuis, j'en ai rencontré des gens dans Charlevoix et sur la Côte, à Baie-Sainte-Catherine, à Saint-Joachim, à l’Isle-aux-Coudres.
On en a profité pour échanger sur les enjeux locaux, pour discuter des solutions possibles à mettre de l'avant. Parfois c'était lors d'assemblées de cuisine, à la mairie, au centre local de développement, au restaurent ou souvent sur le pas de la porte, à quelques reprises tout simplement à l'épicerie du coin, sur la rue.
Aller au-devant des gens, regarder au-delà des obstacles rencontrés, chercher et tenter de trouver des solutions, ça a quelque chose, pour moi, d'inspirant, de motivant.
Lorsque j’ai quitté l’Assemblée nationale, j’avais dit que lorsque j’étais entrée en politique c’est parce que je voulais changer le monde. À ma mesure, avec les mandats qui étaient les miens, j’ai tenté de le faire et je crois que j’ai pu favoriser certains changements importants. Mais pas encore assez puisque j’ai décidé de revenir…
J’ai encore et plus que jamais le goût de changer des choses, de les faire bouger, d’aller plus loin, de permettre à des projets de s’articuler, de donner le coup de pouce nécessaire pour qu’ils se concrétisent, permettre au Québec d’avancer, de poursuivre son chemin, c’est ça ma motivation profonde. Faire du Québec un État libre et souverain.
Reprendre la parole aujourd'hui a quelque chose de très spécial pour moi. Et non seulement à titre de députée mais aussi comme chef de parti, chef du Parti Québécois.
J'avais quitté, j'étais passée à autre chose. Après autant d’années consacrées à l’action politique, prendre un peu de recul, passer plus de temps avec mes proches, garder une certaine distance d'avec la vie publique, regarder ce que les autres sociétés font, remettre en cause nos choix et nos décisions passés a été sain pour moi.
Je ne vous apprendrai rien en vous disant que le métier de politicienne est exigeant, difficile, souvent ingrat. Mais si j’ai choisi de revenir c’est tout simplement parce que je crois encore au pouvoir d’améliorer les choses et parce que, maintenant plus que jamais, j’ai le goût de m’engager et je crois que ceux et celles qui le peuvent et en ont le goût ont même le devoir de sortir de leur retraite.
Nous en avons le devoir tant pour faire avancer la société québécoise que pour le projet de pays que nous portons avec toujours autant de flamme, quoiqu’on puisse en dire.
En cette période de notre histoire où l'individu est, à bien des égards, devenu "roi", l'implication politique et sociale doit demeurer.
Aussi autonome, indépendant et rationnel soit-il, l'individu qui refuse de s’associer à une communauté plus large est promis à une vie dénuée de sens.
Non seulement le "je" fait partie du "nous", mais il y collabore, y contribue, y coopère. Et chacun choisit la manière de collaborer à cette responsabilité collective.
L'engagement politique est-il le seul moyen? Non, loin de là, mais c’est celui que j’ai choisi. Parce que je crois encore à la possibilité de faire de notre société, une société plus humaine, une société plus juste, une société où la recherche du bonheur n’est pas sans issue.
Je sais que la mode est à un certain cynisme vis-à-vis des politiciens mais, si nous abandonnons l’action politique, si laissons toute la place aux groupes d’intérêt, qui parlera du bien commun? Qui s’interrogera sur la meilleure façon de traiter d’enjeux qui nous touchent tous et toutes comme l'environnement, les effets de la mondialisation et les changements démographiques, pour ne citer que ces trois exemples.
Les conséquences brutales de la loi du chacun pour soi sont telles que celle-ci ne peut pas devenir une règle pour tous.
Comme mère de famille et comme citoyenne, comme députée et chef du Parti Québécois, je suis profondément convaincue que nous n’avons pas le droit d’ériger l’égoïsme social comme seul moteur et unique légitimité de nos choix.
Pour moi, c'est un devoir que nous avons : un devoir à l'égard des générations qui nous ont précédés et de celles qui nous suivrons. Ceux et celles qui me connaissent le savent bien et pourront vous le dire, je suis une femme d'écoute, une femme de parole et une femme d'action, une femme qui n'a jamais eu peur non plus de livrer les batailles qui s'imposaient pour faire avancer le Québec.
Ce projet de société dont nous allons parler, il est progressiste. Depuis sa fondation, le Parti Québécois a toujours porté la question nationale et la question sociale. Nous voulons construire un pays de solidarité, pas un pays où l’égoïsme règne en maître. Comment parler de solidarité nationale s'il n'y a pas d'abord de solidarité sociale? À cet égard, l'État est et demeure un outil collectif puissant pour redistribuer et répartir équitablement nos richesses.
Dans quelques jours, nous assisterons à l'ouverture des travaux de la session parlementaire, session qui, pour la deuxième saison consécutive, devra composer avec son statut de gouvernement minoritaire.
Comme nouvelle chef du deuxième groupe de l'opposition, j'interrogerai de façon responsable et serai également proactive.
Je suis très fière d’être à la tête d'une équipe composée de députés aguerris et audacieux, motivés, jeunes et d’expérience.
Des questions, on en va en poser; mais des solutions, on ne se gênera pas pour en proposer aussi. Des solutions concrètes à des problèmes concrets. Des solutions près des gens, de leurs attentes. Des solutions qui seront le reflet de leurs préoccupations quotidiennes.
Je voudrais d’ailleurs profiter de ce moment pour remercier notre doyen François Gendron qui, avec son talent de rassembleur, sa capacité d’écoute et sa détermination à servir, a su assumer le rôle de chef de l’aile parlementaire, merci François.
Enfin, je veux dire à ma famille que j’aime, à mes enfants, à mon mari, merci de me permettre d’aller au bout de mes rêves.
La politique est un moyen de changer les choses. Mais avant tout, elle est un engagement. Et c’est à cet engagement que je souscris.
Merci! »
Pauline Marois
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