Gaz de schiste

Feu vert à une exploitation réglementée aux États-Unis

Tout va bien: LULU l'a dit, Caillé l'a "confirmé", les USA vont de l'avant - vive les gaz de schiste... Cette pub a été payée par l'agent officiel des minières intéressées...



L'Agence de protection de l'environnement (EPA) des États-Unis vient de donner le feu vert à une exploitation réglementée des gaz de schiste chez nos voisins du Sud, ce qui ne sera pas sans conséquences politiques et sociales ici au Québec.
En effet, l'EPA a dévoilé il y a quelques jours la procédure qu'elle entend suivre ainsi que son échéancier réglementaire pour gérer la manière d'extraire ce gaz.
Pour l'agence étasunienne, cette annonce traduit «la priorité de l'Administration pour s'assurer que le développement de la filière du gaz naturel se poursuive de façon sécuritaire et responsable».
Ce feu vert à une exploitation réglementée des gaz de houille et des gaz de schiste survient au moment où l'un des défenseurs historiques de cette filière, Robert F. Kennedy Jr., fait publiquement son mea culpa en raison, dit-il, de la manière inacceptable dont cette industrie a procédé sur le terrain, sur ses mensonges et omissions et en raison aussi du contrôle qu'elle semble avoir sur l'administration fédérale et l'EPA.
Pour la responsable de l'EPA, Lisa P. Jackson, «le président [Obama] a dit clairement que le gaz naturel a un rôle central à jouer dans notre stratégie énergétique. C'est pourquoi nous prenons les mesures — en coordination avec nos partenaires fédéraux et grâce à l'information fournie par les experts des milieux industriels, des États et des organismes de santé publique — pour nous assurer que nos besoins futurs en énergie seront comblés de façon sécuritaire et responsable».
«Nous pouvons protéger, a poursuivi Lisa P. Jackson, la santé des familles américaines et les communautés en même temps que nous allons permettre l'accès à l'ensemble des ressources importantes sur lesquelles repose notre stratégie énergétique.»
Depuis deux ans, l'EPA a lancé une vaste étude sur les méthodes d'exploitation des gaz de houille et de schiste après avoir pris des mesures intérimaires pour interdire notamment l'utilisation de diesel dans le procédé de fracturation hydraulique. Cette fracturation permet de briser les schistes dont les pores sont remplis de gaz par des explosions à de grandes profondeurs, suivies d'injections de différents liquides. Les orifices ainsi créés permettent de diriger vers la surface le gaz emprisonné sous terre.
Selon l'EPA, les progrès technologiques ont permis en quelques années de passer d'une production «négligeable» à 15 % de l'énergie produite aux États-Unis, un pourcentage qui pourrait tripler dans les prochaines décennies.
En principe, reconnaît l'EPA, le rejet des eaux de fracturation dans les cours d'eau est interdit par les lois actuelles. Mais, reconnaît Lisa P. Jackson, même si l'industrie dit recycler une partie de ses eaux usées, «une quantité significative exige néanmoins d'être éliminée», ce qui se fait souvent dans des usines d'épuration municipale qui ne sont pas équipées pour traiter des eaux aussi contaminées.
Dans le cas des gaz de schiste, l'EPA songe à imposer des systèmes de prétraitement des eaux usées qui utiliseraient les plus récentes technologies disponibles «à un coût acceptable».
Changement de cap
Robert Kennedy Jr. ne renie pas les plaidoyers qu'il a faits en faveur du gaz naturel, une ressource qui pourrait «demain matin», dit-il, remplacer le charbon dans les centrales thermiques, ce qui réduirait de 25 % leurs émissions de mercure, de 20 % les émissions de gaz à effet de serre de la principale source industrielle aux États-Unis, et d'épargner 700 milliards par année en achats de pétrole à l'étranger.
«Mon acte de foi fondamental reposait sur le fait que l'industrie du gaz et les gouvernements devaient agir de façon responsable envers l'environnement, protéger les petites communautés contre les pratiques irresponsables et informer en toute transparence le public des risques et des bénéfices possibles associés à l'extraction des gaz de schiste. Le contraire s'est produit», écrit-il sur Internet.
Et l'influent rejeton du clan Kennedy, une figure emblématique du milieu environnemental étasunien, accuse les industriels «d'avoir combattu toute réglementation raisonnable» de leurs activités avec une armée de lobbyistes, d'avoir bafoué le droit à l'information du public et d'avoir incité les législateurs à leur concéder toutes sortes d'exemptions aux règles environnementales.
Visant l'EPA, Robert Kennedy Jr. s'en prend aux «agences captives» qui ont joué le jeu d'une industrie qui a fait miroiter des projections économiques finalement «décevantes». Lui-même fait partie du panel d'experts mis en place par le gouverneur Cuomo, de l'État de New York, pour élaborer une stratégie concernant des gaz de schiste. Ces travaux, affirme-t-il, ont démontré que plusieurs prémisses de cette industrie sont «douteuses».
La réduction alléguée des GES comme substitut au charbon est particulièrement faible, à son avis. Une nouvelle étude sur les progrès contre le cancer au Texas indique qu'il augmente plutôt dans les six comtés qui affichent les pires bilans d'émissions de gaz naturel dans l'atmosphère. Une étude de l'US Geological Survey indique de son côté, ajoute Robert Kennedy Jr., que les réserves de gaz de la formation Marcellus pourraient être jusqu'à 80 % inférieures aux évaluations des entreprises, une source de risques importants pour les investisseurs privés et publics.
D'autre part, Robert Kennedy Jr. allègue que les communautés locales découvrent que «les coûts de ces forages irresponsables sont ruineux». Leurs puits d'eau potable sont contaminés; l'air est empoisonné; le bruit et la poussière deviennent la règle; la valeur des propriétés chute. Mais, ajoute-t-il, les industriels disent qu'ils n'ont pas les moyens de réparer ces dégâts, «laissant ces coûts ruineux aux contribuables locaux» aux prises notamment avec les routes défoncées.
À son avis, l'EPA a cédé aux pressions de l'industrie, surtout à l'époque de l'administration Bush-Cheney, ce qui explique qu'elle a réduit la portée de ses études sur les impacts de la fracturation hydraulique.


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