Sans complaisance

Foi inébranlable

Chroniques d'Andrée Ferretti

« Inébranlable », c’est le qualificatif souvent accolé au substantif « foi ».

« Défaillante » en est un autre.

Une chose est certaine, il me semble, à me fier à ma propre expérience, que celle des indépendantistes branle quand même un peu sous le dernier coup de boutoir, donné par le départ de Pierre Karl Péladeau, à la lutte jamais aboutie de la nation québécoise, aussi séculaire soit-elle.

Aussi attendrissantes que soient les raisons de la désertion de Pierre Karl Péladeau, ses effets n’en sont pas moins de grandes conséquences. Car, réel ou fantasmé, un libérateur ne peut quitter le combat sans affaiblir ses troupes, sans décevoir le peuple, celui qui partage clairement ses aspirations, convictions et objectifs. Également, quoique plus nébuleusement, celui qui espère retirer les bénéfices qu’il attribue secrètement à la victoire du sauveur…

Un libérateur, réel ou fantasmé, a beau scier de temps en temps un chaînon, il suffit du maniement habile d’une paire de pince pour que le tyran reforme et referme aussitôt la chaîne, nécessairement plus entravante chaque fois, puisque chaque fois plus courte.

Nous aurons beau nous raconter des histoires édifiantes, l’Histoire n’en a cure. Elle suit le seul chemin, que nous lui traçons effectivement, avec lucidité, détermination et courage ou à l’aveuglette, avec insouciance et peur. Il semble que nos dirigeants, politiciens et autres leaders d’opinions, soient demeurés des bûcherons, heureux d’oeuvrer à l’ouverture de la moindre clairière, apeurés par les espaces découverts, s’étendant à perte de vue.

Lors de la dernière course à la chefferie du PQ, des milliers de membres ont milité avec enthousiasme en faveur de la candidature de Pierre Karl Péladeau, mettant tout leur espoir en cet homme qui affichait fièrement, sans détour et avec force sa conviction de la nécessité de l’indépendance, promettant d’en faire sa seule priorité, promettant de ne pas se faire avaler par la machine partisane.

A-t-il présumé de ses forces? Est-il victime de sa belle naïveté?

Quoi qu’il en soit, il nous laisse Gros-Jean comme devant.

Si j’étais chrétienne, je le lui pardonnerais. Étant athée, je lui crédite les vertus de la bonne foi.

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Andrée Ferretti124 articles

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"Rien de plus farouche en moi que le désir du pays perdu, rien de plus déterminé que ma vocation à le reconquérir. "

Andrée Ferretti née Bertrand (Montréal, 1935 - ) est une femme politique et
une écrivaine québécoise. Née à Montréal dans une famille modeste, elle fut
l'une des premières femmes à adhérer au mouvement souverainiste québécois
en 1958.Vice-présidente du Rassemblement pour l'indépendance nationale, elle
représente la tendance la plus radicale du parti, privilégiant l'agitation sociale
au-dessus de la voie électorale. Démissionnaire du parti suite à une crise
interne, elle fonde le Front de libération populaire (FLP) en mars 1968.Pendant
les années 1970, elle publie plusieurs textes en faveur de l'indépendance dans
Le Devoir et Parti pris tout en poursuivant des études philosophiques. En 1979,
la Société Saint-Jean-Baptiste la désigne patriote de l'année.
Avec Gaston Miron, elle a notamment a écrit un recueil de textes sur
l'indépendance. Elle a aussi publié plusieurs romans chez VLB éditeur et la
maison d'édition Typo.





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