Forces et faiblesses de François Legault

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« Je l’aurais voulu Daniel Johnson, je crains qu’il ne devienne Jean-Jacques Bertrand »

François Legault ne mène pas une très bonne campagne, tous en conviennent. 


Il n’en paie pas vraiment le prix, pour une raison simple : depuis quatre ans, il a tissé un lien particulier avec les Québécois. L’ancien politicien-comptable est devenu un vrai chef national.



François Legault, fondamentalement, nous a délivrés des libéraux en 2018, et les Québécois lui en sont encore reconnaissants. Je m’inclus dans le lot.




Chef 


Plus encore, dès son élection, il a voulu poser un geste nationaliste important avec la loi 21, en traduisant politiquement notre aspiration à la laïcité, après une décennie à débattre de cette question. 


Il a posé alors, comme on dit, un geste de fierté, en nous séparant symboliquement du multicultu-ralisme canadien. 


François Legault a aussi protégé les Québécois ensemble pendant la pandémie. 


Cela ne veut pas dire qu’il n’a pas fait d’erreurs. Je suis de ceux qui, dès l’automne 2020, trouvaient que les mesures sanitaires allaient trop loin. Mais il a assumé le rôle de père de la nation. 


Autrement dit, François Legault a fait de son mieux, même si son mieux n’était pas irréprochable.


Mais François Legault, de plus en plus, déçoit. 


Je parle ici en tant que nationaliste – et pas seulement en tant qu’indépendantiste, même si je suis indépendantiste jusqu’au bout des ongles. 



Écoutez Les idées mènent le monde, une série balado qui cherche a éclairer, à travers le travail des intellectuels, les grands enjeux de sociétés.


François Legault, pressé par la situation, a finalement pris au sérieux l’anglicisation de Montréal. Il a voulu renforcer la loi 101. Mais il s’est contenté d’améliorations mineures avec la loi 96, alors que Simon Jolin-Barette, son meilleur ministre, voulait l’amener beaucoup plus loin. 


Au final, sa loi est incapable d’entraver le déclin du français.


François Legault a aussi voulu tenir tête aux harceleurs médiatiques qui veulent nous soumettre à la théorie du racisme systémique. Il le fait de moins en moins. On l’a vu paralysé au débat devant un Gabriel Nadeau-Dubois s’improvisant inquisiteur. Certains des partisans de François Legault le poussent-ils à abandonner le terrain anti-woke ? 


De même, quand il est question d’immigration, François Legault parle comme un nationaliste, mais se comporte comme un libéral de l’ère Charest-Couillard. Ce n’est pas un compliment. 


Cinquante mille immigrés par année, cela dépasse nos capacités d’intégration, comme il l’a reconnu lui-même au Face-à-Face à TVA.


Dans le même esprit, est-il obligé aussi de fermer à double tour la possibilité de l’indépendance, alors qu’Ottawa lui crache au visage quand il demande des pouvoirs essentiels pour le Québec ?




Nationaliste


Le nationaliste que je suis estime François Legault, mais je le trouve décevant. Je l’aurais voulu Daniel Johnson, je crains qu’il ne devienne Jean-Jacques Bertrand. 


Et puisque je ne lui souhaite pas cette triste place dans les livres d’histoire, j’espère qu’il aura à ses côtés à l’Assemblée nationale plusieurs députés du Parti Québécois pour lui rappeler ce qu’il sait déjà, mais qu’il a fait semblant d’oublier : le Québec est une nation et on ne trouvera jamais aucune bonne raison pour confier au Canada anglais le contrôle de notre destin, alors que nous pourrions nous gouverner nous-mêmes, comme des grands.