Le 14 juillet est la fête nationale de tous les Français, qu'ils soient en France, au Québec ou ailleurs. Cette année, les Français ont choisi de faire bouger la France. L'élection du président Nicolas Sarkozy, à une forte majorité et avec un programme clair, manifeste leur volonté de changement.
Cette volonté de fonder une France nouvelle affecte presque tous les domaines. Un gouvernement d'ouverture -- au sein duquel émergent de nouveaux visages, expression de la diversité française -- illustre le changement de la vie politique. Les grandes réformes prévues par le projet présidentiel sont engagées, dans les secteurs économique, social, éducatif, judiciaire et politique. L'autonomie et les moyens des universités seront renforcés. Une nouvelle politique d'immigration et d'intégration, respectueuse de l'identité de la France, va être mise en oeuvre. Une politique très ambitieuse en faveur du développement durable est en marche, enjeu majeur sur lequel les responsables politiques d'aujourd'hui seront jugés par les générations de demain. Une réforme profonde du marché du travail est en cours. Une révision complète de la fiscalité s'amorce.
De ces réformes, le président veut tirer des résultats: réhabilitation du travail, plein-emploi, croissance, hausse du pouvoir d'achat, baisse du poids de la dette, baisse de la délinquance et, comme au Québec, immigration choisie.
Cette régénérescence s'accompagne d'un engagement déterminé de la France dans le monde. Son rôle pour relancer l'Europe, grâce à un traité simplifié, en apporte l'illustration. Il en est de même du rôle que la France joue pour obtenir la libération d'Ingrid Betancourt et des otages en Colombie, pour rechercher la paix au Liban ou au Darfour, pour convaincre ses alliés américains et les grands pays émergents de se rallier à une approche concrète et ambitieuse pour préparer l'après-Kyoto.
Cet engagement concerne aussi la relation franco-québécoise, comme j'ai pu en être témoin lors de la visite du premier ministre du Québec à Paris il y a quelques jours. Jean Charest a été accueilli notamment par le président de la République, le premier ministre et le ministre des Affaires étrangères ainsi que par Jean-Pierre Raffarin comme un véritable ami. M. Sarkozy lui a affirmé sa volonté d'approfondir le partenariat historique et stratégique entre la France et le Québec, parfaitement compatible avec l'amitié qui unit le Canada et la France.
400 bougies pour Québec
Cet approfondissement de la relation unique qui lie la France et le Québec se manifestera de manière éclatante en 2008, année du 400e anniversaire de la fondation de Québec par Samuel de Champlain.
Cette année sera exceptionnelle en raison du nombre impressionnant de visites françaises. Le président de la République sera à Québec à l'automne 2008, à l'occasion du Sommet de la Francophonie. Le premier ministre français devrait y être présent, afin d'accomplir une visite officielle alternée, dans la période du 3 juillet 2008, date anniversaire de la fondation de Québec. Un ministre français sera présent lors des rencontres économiques de mai 2008. De très nombreuses autres personnalités françaises devraient venir à Québec au cours de l'année 2008: ministres, parlementaires, maires de villes et présidents de régions ou de départements liés à Québec.
Je pense aux villes de Paris et de Bordeaux, à des régions telles que l'Aquitaine, Rhône-Alpes, le Poitou-Charente, l'Alsace, la Haute et la Basse-Normandie, et à de nombreux départements. Sans oublier les touristes français, qui feront le voyage par centaines de milliers l'an prochain pour découvrir le Québec.
Des zones de travail France-Québec
L'année 2008 devrait être également exceptionnelle par l'aboutissement des chantiers ouverts lors de la dernière visite de M. Charest à Paris. Le premier chantier concerne la possibilité pour les Français de travailler au Québec et pour les Québécois de venir travailler en France. Une négociation s'engagera dès l'automne afin d'éliminer les barrières qui existent dans plusieurs secteurs. Elle devrait aboutir en juillet 2008 lors de la visite alternée du premier ministre.
Le second chantier concerne l'élimination d'obstacles à l'activité des entreprises françaises au Québec et dans le reste du Canada, et des entreprises québécoises en France et dans le reste de l'Union européenne.
Il concerne notamment le libre accès aux marchés publics. Il s'agit d'un enjeu majeur quand on sait, par exemple, que la France est le deuxième investisseur étranger au Québec. Le souhait de M. Charest de voir un accord économique de nouvelle génération entre l'Union européenne et le Canada, préparé à cette fin sous la présidence française de l'UE en 2008, a été partagé par ses interlocuteurs français.
Le troisième chantier est celui du renforcement des partenariats économiques, technologiques et universitaires entre la France et le Québec. Tel sera l'objectif en mai 2008, du forum destiné à nouer des accords entre pôles de compétitivité français et créneaux d'excellence ou grappes industrielles du Québec, et du forum Futurallia, destiné à nouer des partenariats entre plus de 1000 PME québécoises, françaises et d'ailleurs.
Ces deux forums constituent l'événement à caractère économique le plus important des célébrations du 400e anniversaire de Québec. Le renforcement de nos partenariats universitaires sera servi par la rénovation en cours des outils de coopération existant entre la France et le Québec, alors que la France prévoit d'intensifier son action d'information au Québec sur les études en France.
Le quatrième chantier concerne l'environnement et le développement durable. La France et le Québec partagent sur ce sujet la même approche. Ils ont décidé de défendre ensemble cette priorité, à l'occasion de la prochaine visite alternée du premier ministre français, lors du prochain Sommet de la Francophonie et dans les suites à donner à la conférence de Paris sur la gouvernance écologique, à laquelle participait M. Charest en février dernier.
Le cinquième chantier est celui de la promotion de la langue française dans le monde et notamment en Amérique. Le Québec a décidé de prendre une initiative ambitieuse dans ce domaine, en créant à partir de l'an prochain un Centre de la francophonie des Amériques, qui devrait permettre d'unir les efforts de tous ceux qui parlent, aiment et défendent la langue française sur ce vaste continent. À l'invitation du gouvernement québécois, la France a accepté d'apporter sa contribution au 400e anniversaire de Québec en offrant un aménagement architectural pour le futur centre. Bien plus qu'un monument décoratif, le Centre de la francophonie des Amériques a vocation à devenir un lieu vivant, permettant de resserrer les liens entre communautés francophones des Amériques.
Plusieurs autres sujets feront l'objet d'une réflexion commune, en particulier les politiques d'immigration et la modernisation de l'État.
On le voit, au-delà de la célébration d'une fête, à laquelle la France sera heureuse de participer, nous travaillons ensemble, Français et Québécois, sur des projets durables, tournés vers l'avenir et les jeunes générations. Rappelons au passage que 2008 correspondra aussi au 40e anniversaire de l'Office franco-québécois pour la jeunesse, la plus grande réussite de notre coopération.
En attendant cette année éclatante, et surtout utile, je souhaite à tous les Français et à leurs amis québécois un chaleureux 14 juillet.
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François Alabrune, Consul général de France à Québec
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