Gaz de schiste : les risques existent !

Lettre à André Caillé, président de l'Association pétrolière et gazière du Québec et conseiller de la société Junex

Gaz de schiste

François Cantin, Montréal - Je suis de près l'évolution du dossier des gaz de schiste et j'ai assisté mardi dernier à la rencontre de Bécancour, à laquelle vous étiez vous-même présent.
À cette occasion, vous avez présenté les opérations entourant l'extraction des gaz de schiste comme ayant des impacts très mineurs et très temporaires sur la nature et les humains.
Vous avez longuement parlé de la gaine de béton entourant chaque puits de forage qui garantit que la nappe phréatique ne sera pas contaminée. Contamination «impossible», selon vos dires. Les ingénieurs ont tout prévu. [Pourtant, aux États-Unis, ->30713] où les compagnies utilisent elles aussi des gaines de béton, de nombreux incidents, cas de contamination et fuites de gaz ont eu lieu. C'est la même technologie. Pourquoi n'y a-t-il pas de danger ici alors qu'il y en a manifestement là-bas?
Vous avez dit publiquement qu'au Canada, les règles de sécurité sont plus sévères. Pour prouver vos dires, vous avancez qu'en Colombie-Britannique, de nombreux puits ont été creusés, et qu'il n'y a pas eu de problème de signalé. Vous omettez toutefois de dire que ces forages ont lieu dans le nord de la province près du Yukon, à 160 kilomètres des lieux habités. Effectivement, aucun problème n'a été signalé, les grizzlys n'excellant pas dans le domaine des plaintes et des recours. Le fait est que dans presque tous les États américains où des forages ont eu lieu en zone habitée, des problèmes ont surgi.
Titanic
Mardi dernier, à Bécancour, un homme s'est approché du micro pour vous rappeler qu'il y a une centaine d'années, des ingénieurs ont conçu un grand bateau, avec une gaine de sécurité, et qu'il était tellement bien conçu qu'il n'était pas nécessaire d'y placer un nombre suffisant de chaloupes de secours. La planète entière connaît l'histoire de ce bateau, et nous savons tous où il est présentement.
La gestion du risque dont vous nous avez parlé mardi dernier, c'est bien. Bien sûr, vous prenez toutes les dispositions possibles pour éviter les accidents. Pour un puits, ça va, pour dix aussi probablement. Mais, un jour, après une centaine de puits, un ingénieur distrait, l'usure des matériaux, ou bien une équipe de techniciens fatigués après un long quart de travail, et boum!, c'est l'accident ou bien la contamination. On n'y peut rien, c'est la loi du nombre.
Des gens alors verront leur vie basculer à cause de cet accident. Une nappe d'eau contaminée, c'est irréversible. Parlez-en aux gens qui vivent près des lagunes de Mercier. Prenez conscience que vous forez sur des terres qui ne vous appartiennent pas.
Les entreprises ont des responsabilités sociales. Elles doivent entre autres agir en «bon père de famille». L'ensemble des informations inquiétantes qui sont disponibles actuellement incitent à la prudence. Un débat social s'impose au Québec afin que chacun connaisse les avantages et les inconvénients de cette industrie ainsi que nos réels besoins en énergie.
D'ici là, soyez responsables, ne profitez pas des lois laxistes actuelles et arrêtez toutes vos opérations. N'attendez pas l'imposition d'un moratoire. Il en va de votre réputation.


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