Guy Bertrand prône la création des «états-unis de l’Amérique française»

Livres-revues-arts 2011


Me Guy Bertrand tenant le manuscrit complet du livre qui sera rendu public à la mi-décembre. Photo: Pierre Duquet

Pierre Duquet - Me Guy Bertrand suggère que le Québec devienne les «états-unis de l’Amérique française», mais n’impose pas cette appellation. On pourrait tout aussi bien lui préférer République du Québec ou République québécoise française. La référence aux États-Unis d’Amérique illustre mieux la structure de la république qu’il propose.
L’idée d’adopter le régime républicain américain n’est pas nouvelle, précise Guy Bertrand. «Les patriotes en 1837, rappelle-t-il, ont été les premiers à vouloir s’inspirer du régime républicain américain. Ils voulaient instaurer ce régime-là sur le plan exécutif, législatif et judiciaire pour le Bas-Canada.»
Avec des régions ayant un statut d’état, assisterions-nous à de nouvelles occasions de tiraillement comme en vit le Québec avec le fédéral? «Il faut faire confiance à la capacité des régions de s’administrer, de gérer leurs budgets et d’être clairvoyantes dans le développement économique et leur occupation du territoire», professe Me Bertrand.
Les ressources aux régions
Il estime en outre que la gestion des ressources naturelles doit revenir aux états régionaux et inclure une péréquation pour un partage équitable. «Cependant, poursuit-il, on ne peut pas envisager que les compétences, les taxes et les impôts récupérés du Canada par le Québec soient l’apanage du gouvernement central.
Me Bertrand précise qu’il n’est surtout pas question de recréer les différents ministères nationaux dans chaque région. «S’il faut maintenir un ministère de l’Éducation nationale pour une formation universelle de base dans toutes les régions, explique-t-il, il faut remettre aux états régionaux tous les pouvoirs et les ressources utiles pour combler leurs besoins spécifiques en matière d’éducation.»
L’auteur du projet liberté-nation évalue qu’après avoir récupéré des pouvoirs d’Ottawa, le ministère des Affaires internationales de la République prendrait de l’expansion alors que la taille des ministères de l’Éducation, de la Santé et autres serait réduite à la faveur des états régionaux. Ce projet prend aussi en compte l’occupation du territoire par les Premières nations qui auraient également leurs propres états régionaux.
Vendre le produit et non l’usine
M. Bertrand en est arrivé à l’idée de proposer un plan d’affaires parce qu’il considère qu’au fil des années, le PQ n’a fait que vendre l’usine et son président plutôt que le produit qu’elle va livrer. La question est maintenant de savoir si ce plan d’affaires qu’il s’apprête à rendre public saura convaincre les fédéralistes québécois ainsi que les gens ne croyant plus en l’indépendance du Québec.
«Dans l’étude de marché, résume l’auteur, on se rend compte que ce plan d’affaires là ne fonctionnera pas avec la clientèle actuelle qui est autour de 40%. Le plan d’action va donner des indications pour trouver la clientèle possible si on veut atteindre 50% à 70%».
«Pour déclarer l’indépendance, ça prend d’abord un parti politique qui va vouloir faire ça», admet-il. Le libre-penseur suppose que si ce parti y était poussé par 90% des régions ayant adopté une résolution disant qu’elles sont prêtes à faire l’indépendance, si le Québec partage avec elles les pouvoirs récupérés d’Ottawa, le projet pourrait alors aller de l’avant.
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Les régions invitées à réclamer leur autonomie


Serge-André Guy, éditeur de la Fondation littéraire Fleur de Lys de Lévis, en compagnie de Me Guay Bertrand. Photo: Pierre Duquet

Pierre Duquet -
L’avocat Guy Bertrand propose un plan d’affaires pour réaliser l’indépendance du Québec dans un nouvel ouvrage intitulé «Projet liberté-nation» qui sera présenté à la presse à la mi-décembre. Le Journal Le Peuple de Lévis a obtenu la primeur de la préface, de la maison d’édition lévisienne Fondations littéraire Fleur de Lys. La rencontre avec l’auteur a eu lieu à Québec, le 10 novembre dernier.
Après avoir publié le «Guide d’accès à l’indépendance» portant sur la survie du Québec français aux Éditions Quebecor, en 2007, Me Bertrand revient maintenant avec un ouvrage pour le moins étonnant dans lequel il propose de littéralement faire table rase du régime parlementaire actuel pour le remplacer par une fédération d’états régionaux. À cet effet, il a élaboré un plan d’affaires qui sera livré clé en main aux intéressés.
D’entrée de jeu, dans la préface du livre à venir, M. Bertrand les Conférences régionales des élus (CRÉ) «à prendre la relève du leadership du projet d’indépendance du Québec afin de l’axer principalement sur l’autonomie des régions et le développement régional».
Une invitation aux CRÉ
«J’invite chacune des 21 CRÉ, écrit-il, à user de leur pouvoir de recommandation en adressant à l’Assemblée nationale du Québec une résolution pour l’indépendance du Québec, conditionnelle au statut qu’elle souhaite pour leur gouvernement régional et à l’obtention de tous les pouvoirs et toutes ressources qu’elles jugent nécessaires au développement de leur région dans un Québec indépendant».
Guy Bertrand estime qu’il revient désormais aux régions de modeler l’avenir du Québec puisque «le gouvernement provincial (central) a atteint ses limites». Il considère en outre que le Québec indépendant doit offrir plus qu’une simple décentralisation pour apaiser les aspirations régionales. «Il faut proposer à chaque région l’autonomie d’un état, affirme-t-il, avec son propre parlement, son gouverneur et ses représentants élus au gouvernement central fédéré.»
Constitutionnaliste aguerri, Me Bertrand est bien conscient que les régions ne peuvent déclarer l’indépendance du Québec. «La tâche revient à notre Assemblée nationale, précise-t-il. Ce que j’apporte de nouveau au débat, c’est le leadership des régions, notre tout dernier retranchement, notre seul espoir de compléter la Révolution tranquille.»
Un gouvernement indépendantiste?
Ce dernier croit même qu’avec le leadership des régions, il n’est pas nécessairement besoin d’élire un gouvernement provincial indépendantiste. Il rappelle à cet égard que Robert Bourassa a fait adopter la Loi 150 sur l’indépendance à la suite de l’échec de l’accord du lac Meech et que Jean Charest a déclaré que le Québec est viable économiquement advenant son indépendance.
«Le Parti libéral du Québec, avance Guy Bertrand, sera peut-être celui qui réalisera l’indépendance du Québec.»


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