« Si le gouvernement conservateur ne parvient pas à faire passer ses
réformes du Sénat dans les plus brefs délais, il abolira tout simplement la
Chambre haute. Tel est l'avertissement lancé par le ministre d'État à la
Réforme démocratique, Steven Fletcher. (…) Le ministre d'État a aussi fait
une mise en garde à tout parlementaire qui aurait l'intention de bloquer
ces réformes. M. Fletcher a déclaré que si le gouvernement ne pouvait pas
aller de l'avant «dans un laps de temps raisonnable», il évaluerait la
possibilité d'abolir complètement la Chambre haute. »
HAHAHA!
C’est ainsi que lorsque j’ai lu le début de cet article, je me suis
esclaffé. Un tel éclat a amené Fonzine et Khéops (mes deux chats) à lever
nonchalamment la tête et à se rendormir de sitôt (tout comme le bon peuple
le fait dès le lendemain et même durant la période électorale). Pour tout
dire, en lisant le titre rapportant les propos du ministre en question,
j’ai accroché sur un mot. Monsieur Fletcher porte le titre de ministre
d’État à la réforme « démocratique ».
Démocratique ?
Démocratique dans le sens où la candidate conservatrice dans
Trois-Rivières avait promis, promis, promis, que le gouvernement allouerait
deux million$ pour encourager les activités des Fêtes du 375e anniversaire
de la fondation de Trois-Rivières. Hélas, les Trifluviens ont eu la
mauvaise idée d’élire une députée bloquiste. Hooooon. Pas fin ça !
Qui dit Bloc dit blocage, cela va de soi. Et c’est ainsi que l’on a fait
comprendre au maire de Trois-Rivières que la promesse ne tenait plus pour
cause d’erreur de jugement de ses commettants. Bien sûr, les conservateurs
ont bien tenté de camoufler le camouflet ! En effet, devant l’insistance
des édiles de la ville, le ministre du Patrimoine, James Moore, a voulu
acheter la paix et surtout le silence du maire pour un montant de 200 000
$. Un super « deal » à prendre ou à laisser que le maire a refusé avant de
porter l’affaire à la connaissance du bon peuple.
Petit aparté : Si je comprends bien le sens « démocratique » de cette
offre, les impôts envoyés au fédéral par les Québécois ne reviendront sous
forme de services ou de biens que si ceux-ci votent du bon bord. Ça,
Monsieur, c’est de la Démocratie avec un grand « D » !!!
Démocratique dans le sens de dénoncer une entente d’appui du Bloc à un
potentiel gouvernement de coalition, alors que Harpeur et ses acolytes ont
fait de même il y a quelques années, avec l’aide des mêmes députés
séparatissses. Cette entente avait pour but de défaire le gouvernement
minoritaire du premier ministre libéral Paul Martin afin de prendre sa
place sans aller en élections. Hypocrisie quand tu nous tiens…
Démocratique dans le sens où les conservateurs boudent littéralement les
Québécois pour cause d’infidélité envers ce gouvernement que l’on aurait
tant voulu majoritaire pour faire passer toutes les saloperies de projets
de loi qui feraient en sorte que les Canadiens et les Québécois retournent
au temps de la grande noirceur.
Démocratique dans le sens de renier des ententes préalablement signées par
le gouvernement canadien ce qui fait en sorte que la crédibilité du Canada
est en chute libre dans plusieurs dossiers importants dont celui de
l’environnement.
Démocratique dans le sens que le Canada, qui dans un passé récent avait la
réputation d’un État ouvert à aider à la pacification de divers conflits,
s’est subitement transformé en un gouvernement réactionnaire et belliqueux
désireux d’exporter sa propre définition de la démo_crassie.
Démocratique dans le sens d’une tentative de coup de force (style Harpeur
l’imprévisible) proposant l’abolition des subventions aux partis politiques
(après tout, pourquoi pas un retour des généreuses caisses occultes
récompensant les politiciens pour services rendus?) et abolissant le droit
de grève dans les services publics fédéraux (uniquement pour cause de crise
économique bien sûr!). Vous ai-je rappelé que par la même occasion, il a
tenté de remettre en question le principe de l’équité salariale ? Les
femmes apprécieront…
Démocratique dans le sens de la nomination (alors qu’il s’était toujours
refusé de le faire pour des raisons idéologiques) de sénateurs acceptant la
modification des règles touchant leur élection et la durée de leur mandat.
On peut facilement imaginer qu’ils s’engageront à ce que leurs votes
aillent toujours dans le sens précisé par les desiderata du patron!
Tout cela à peine quelques semaines après qu’il fut reporté au pouvoir
avec un mandat de gouvernement minoritaire.
Mais de quoi donc pourrais-je me plaindre encore? En fait, j’apprécie
tellement les pièces de théâtre tragico-comiques que nous offre le
gouvernement de Harpeur que je m’égare…
Revenons donc aux sages de la nation qui sont débordés de travail,
affirme-t-on en haut lieu, pour justifier la nomination en vitesse de
dix-huit sénateurs conservateurs avant la période des Fêtes.
Il est vrai qu’encore une fois, l’article en question rapporte des propos
pouvant sembler intimidants pour les députés qui forment la majorité au
Parlement. S’agit-il d’une autre baloune que les conservateurs font voler
dans le vaste ciel de ce pays sans bon sens afin d’observer la réaction du
bon peuple?
La chose se peut.
Remarquez que, comme une majorité de Québécois et peut-être même de
Canadiens, je suis favorable à l’abolition du sénat. Purement et
simplement. Et quant à faire, profitons-en pour donner congé à sa Majesté
la Reine du Canada qui cumule le même titre avec d’autres contrées qui
chérissent un passé colonialiste.
Par contre, j’aimerais bien que le tout se fasse dans les règles
démocratiques, dans les normes démocratiques, par une procédure
démocratique, dans un esprit démocratique puisque la démocratie (grandement
mise en péril par les maudits séparatissses) est la principale
préoccupation de Harpeur (après la crise économique dont il vient tout
juste de réaliser l’ampleur).
Or, pour devenir un pays plus démocratique, il faut rouvrir la
constitution et négocier une véritable réforme qui ne porte pas que sur le
sénat. Procédons dans l’ordre et commençons d’abord par une véritable
reconnaissance des pouvoirs de la nation québécoise; précisons aussi la
place qu’occupent les Premières nations au sein du territoire canadien;
entendons-nous sur la redistribution des divers pouvoirs afin d’arriver à
une véritable confédération ou à tout autre modèle républicain, par
exemple. Bref, faisons l’exercice d’une reconfiguration adaptée à la
réalité d’un nouveau Canada (avec ou sans la présence du Québec en son
sein) modernisé dans ses institutions.
Vous savez quoi ?
À cause des nombreuses tentatives de coup de force qu’a tenté le
gouvernement Harpeur, je commence sérieusement à craindre que si la
tendance se maintient, dans quelques années la nouvelle forme de démocratie
implantée au Canada par la droite gouvernementale permettra à son bras
justicier de fermer le clapet à ceux qui s’opposeront au nouveau dictateur
en chef ! Qui sait si des certificats de sécurité ne seront pas délivrés
pour faire taire les contestataires.
Au nom de la sécurité nationale.
Bien sûr !
Serge Longval,
Longueuil
Source :
http://www.cyberpresse.ca/actualites/quebec-canada/politique-canadienne/200812/20/01-812174-harper-abolirait-le-senat-si-ses-reformes-ne-passent-pas.php
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