En avant-midi hier, Gabriel Nadeau-Dubois plaidait non coupable à un outrage au tribunal. En après-midi, il participait à la sortie de crise auprès des ministres libéraux. Il risque la prison pour avoir défendu ses idéaux et le message de son groupe étudiant.
À l’extrême opposé des principes de démocratie directe prônés et mis en oeuvre par la CLASSE, M. Nadeau-Dubois est devenu une star. Détestée par certains. Adulée par d’autres. Entre les menaces de mort et les demandes en mariage, le personnage s’est confondu à la cause. Pas étonnant que dans la polarisation extrême enveloppant le débat, il ait suscité tout autant la haine que provoqué l’admiration.
Cette personnification tient bien sûr à l’identité du jeune homme de presque 22 ans. Chacun décodera comme bon lui semble son discours. Verso assurance ; recto arrogance. Côté utopiste, côté analytique. Facette provocatrice, revers rassembleur. Il n’a assurément laissé personne indifférent.
Mais la route qui l’a mené jusqu’à une comparution hier pour outrage au tribunal s’est construite dès les premiers moments du conflit étudiant, où le gouvernement en a fait un « méchant garnement », de manière condescendante et sans respect pour sa pensée ; le passage de l’ex-ministre Line Beauchamp sur un plateau de télévision a traduit son incapacité réelle à discuter avec celui qu’elle considérait comme un représentant des « casseurs ». L’incapacité du porte-parole à dénoncer la violence comme on l’aurait attendu d’un leader en période de tumulte a hérissé Québec : il est devenu l’incarnation des excès condamnés de toutes parts.
Il n’est donc pas si étonnant de voir que le discours revanchard dirigé contre l’un des porte-parole de la CLASSE le conduise jusqu’aux tribunaux. Cela n’en demeure pas moins outrancier.
Deux chapitres d’indignation peuvent être écrits autour de cette cause d’outrage au tribunal, dont le fond sera débattu à la fin de septembre 2012. Le premier, bien sûr, autour de la démarche de cet étudiant de l’Université Laval convaincu qu’une entrevue du porte-parole de la CLASSE visait spécifiquement à encourager des étudiants à briser son injonction accordée par le tribunal. La peine encourue par M. Nadeau-Dubois n’est pas banale : il est passible d’une amende de 50 000 $ et/ou d’une peine maximale d’un an… La prison pour un discours pointant le caractère odieux des démarches d’injonction par rapport à un vote de grève et à l’existence de piquets de grève ? Il y a le droit, bien sûr. Mais il y a aussi le gros bon sens !
Le deuxième chapitre de révolte vise bien sûr ce pour quoi cette cause n’est pas tombée avec la loi 78 comme toutes les autres demandes en justice introduites avant le 18 mai dernier. C’est que ladite loi, avec son article 32 renommé par le tribunal populaire « clause Gabriel Nadeau-Dubois », maintient les outrages au tribunal… le seul étant celui concernant le célébrissime porte-parole. Choquante manoeuvre, elle aboutit évidemment devant les tribunaux, mais fut-elle autorisée en toute connaissance de cause par le politique, dans un esprit de revanche ? Voilà une distraction inutile compte tenu de la hauteur des enjeux.
Conflit étudiant
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