Huit mois, c’est long !

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Legault peut faire bien des gaffes d'ici les élections

La dernière année a indéniablement été celle de la Coalition avenir Québec, en politique québécoise.


Elle a enfin défoncé le plafond de verre qui la plaçait troisième dans les sondages depuis que son élan fondateur s’était brisé. François Legault prédisait depuis longtemps à ses troupes qu’après avoir dépassé le Parti québécois, celui-ci disparaîtrait rapidement de son rétroviseur.


À l’automne, la victoire éclatante de Geneviève Guilbault dans Louis-Hébert est venue confirmer que la CAQ s’était bel et bien imposée comme solution de rechange aux libéraux. Les derniers sondages lui confèrent presque le statut de gouvernement en attente.


Avec un peu plus de huit mois à faire avant les élections, 2018 prend donc l’allure d’année de tous les dangers, pour les caquistes.


Jamais assez vite


Du point de vue de la CAQ, le scrutin n’arrivera jamais assez vite. Si on pouvait, on ferait voter les Québécois demain !


Déjà, les premières salves ont été tirées. Les libéraux font montre en privé d’une animosité assumée à l’endroit de leurs rivaux caquistes. Les troupes de Philippe Couillard répondront coup pour coup et ça ne sera pas toujours propre. Sur la promesse de la CAQ de réduire considérablement les taxes scolaires, le premier ministre a parlé d’un parti brouillon et dépensier.


Du côté du PQ, où on cherche de l’oxygène, on essaiera d’en trouver en s’en prenant également aux propositions de la CAQ. Encore sur la taxe scolaire, Jean-François Lisée a traité François Legault de charlatan, un mot plutôt fort.


Devant les médias


On craindra également l’œil des médias. L’an dernier, on avait placé le chef à l’ombre pour mettre en lumière certains éléments du caucus. La stratégie a fonctionné, mais elle est un peu injuste pour François Legault : année après année, les sondages montrent qu’il demeure une des personnalités politiques les mieux perçues par les Québécois.


Cet hiver, on resserre la bride des parlementaires, à l’exception de quelques valeurs jugées sûres, comme Simon Jolin-Barrette qui sortait un livre lundi. Le matin même, au caucus, on avait interdit les mêlées de presse aux simples députés.


Et pour cause. Dans un parti dont la culture est en construction, assurer la cohérence n’est pas chose aisée. Lors d’une présentation où il a favorablement paru, le candidat potentiel de la CAQ Lionel Carmant a dû se faire souffler la bonne position sur la maternelle à quatre ans. André Spénard, porte-parole en matière de Sécurité publique, s’est vu contredire par le patron sur le mode de nomination du commissaire de l’UPAC.


Plutôt bénins, par rapport à l’engagement irréaliste formulé par le chef caquiste d’effectuer « une bonne partie » de la construction d’un troisième lien à Québec au cours d’un premier mandat. La réplique d’Agnès Maltais fut assassine : « M. Legault est prêt à promettre une navette spatiale aux Québécois pour gagner les élections. »


Précisant sur Twitter qu’il parlait plutôt de commencer les travaux à l’intérieur d’un mandat, le chef caquiste a donné l’impression de remettre le dentifrice dans le tube.


D’ici les élections, les obstacles seront nombreux, donc. Il y a les adversaires, il y a les médias. Il y a surtout un chef qui a une fâcheuse tendance à réfléchir tout haut, ce qui est bien la plus grande terreur de tout stratège.


Huit mois, en politique, c’est long...


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Claude Villeneuve137 articles

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L’auteur est blogueur au Journal de Montréal et au Journal de Québec. Il a été président du Comité national des jeunes du Parti Québécois de 2005 à 2006 et rédacteur des discours de la première ministre Pauline Marois de 2008 à 2014.