<i>Oderint dum metuant</i>

Géopolitique — Proche-Orient

Oderint dum metuant (1)

Pas besoin d'être un savant professeur de la chaire Raoul Dandurand de l'UQAM pour comprendre que de plus en plus de gens affichent leur scepticisme face aux nouvelles véhiculées par les grandes agences de presse internationales sur les conflits qui ont cours un peu partout dans le monde et en particulier en Syrie actuellement.
Les événements récents en Libye où l'on a vu à l'œuvre les «révolutionnaires» désintéressés de l'OTAN (toutes ces démocraties occidentales qui ont bombardé par le passé Hiroshima et Nagasaki, l'Inde, l'Algérie, le Vietnam, l'Irak et l'Afghanistan, pour ne mentionner que leurs plus brillants faits d'armes), ont laissé un goût amer et créé chez plusieurs un grand doute quant aux motivations humanitaires qui se camouflent derrière les bombardements de civils.
On a vu qu'en Libye, les forces de l'OTAN ont utilisé tous les canaux médiatiques, y compris ici ceux de Radio-Canada, pour faire croire que le président Kadhafi massacrait sa propre population et qu'il était urgent d'intervenir pour la protéger. L'OTAN a armé des groupes proches de Al-Qaida et des Frères musulmans, les a dotés d'armes puissantes et les bombardements des avions de l'OTAN ont fait le reste pour détruire toute forme de résistance. Aujourd'hui, le pays est plongé dans le chaos, un climat de guerre civile règne sur tout le territoire divisé désormais entre différentes factions religieuses, l'arbitraire règne en maître et les grandes pétrolières ont recommencé à piller le pétrole libyen, un des meilleurs au monde.
On tente maintenant de répéter la même méthode gagnante avec la Syrie. Je ne dis pas que le gouvernement du président syrien Bachar el-Assad est sans reproche, loin de là. Mais je me méfie immanquablement lorsque les grands médias occidentaux, qui ne se sont jamais gênés par le passé de «travestir la réalité», pour reprendre l'expression du journaliste britannique Robert Fisk, et qui s'appuient sur des statistiques provenant exclusivement de l'Observatoire syrien des droits humains dont le siège est à... Londres, clament à l'unanimité qu'un massacre est en train de se produire en Syrie et que le gouvernement syrien, dont les États-Unis veulent se débarrasser depuis un bon moment en raison, entre autres, de ses appuis à la cause palestinienne, en est le grand responsable.
Pourquoi ne parle-t-on jamais des actions violentes menées contre des civils et des militaires loyaux au gouvernement de Damas par de véritables escadrons de la mort qui ont leur base arrière au Liban, en Turquie et en Jordanie et qui sont appuyés par les différentes mouvances d'Al-Qaida (même le directeur des services d'intelligence de États-Unis, James Clapper, le reconnaît), de même que par les monarchies archi réactionnaires de l'Arabie saoudite et du Qatar? Comment ne pas voir la main de la CIA, de la compagnie de mercenaires privée Blackwater et des services secrets britanniques (M16 et SAS) derrière ces attentats meurtriers à la voiture piégée, qui tuent des centaines de civils? Pourtant, d'après le rapport de la Ligue Arabe, «l'armée libre syrienne» et les «groupes d'opposition armé» sont responsables de bon nombre des meurtres commis.
Et pourquoi ne pas se questionner sur les motivations premières des États-Unis et de l'Angleterre? Croyez-vous réellement que ces deux pays au lourd passé colonial et au tout aussi lourd présent meurtrier veulent le bien des Syriens? En instaurant à Damas un gouvernement pro-occidental, on ouvrirait une large brèche dans la barrière défensive de la Russie et on serait mieux en mesure d'attaquer l'ennemi juré des États-Unis, l'Iran, pour prendre le contrôle du détroit d'Ormuz et de la Mer rouge et contrôler les oléoducs et autres gazoducs à travers lesquels transitent une bonne partie du pétrole et du gaz de la planète.
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(1): Qu'ils me haïssent pourvu qu'ils me craignent.


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