Il était une fois la Nouvelle-France : entretien avec Éric Bédard

Ce sont les historiens néonationalistes qui ont détruit la mémoire longue de la nation pour construire un Homme nouveau

Longtemps, la Nouvelle-France a occupé une place centrale, et même fondatrice, dans la mémoire collective du peuple québécois. Elle racontait une grande aventure, celle de la naissance d’un peuple. Mais depuis une cinquantaine d’années, on semble avoir perdu sa trace. Elle ne passionnait plus, comme si le Québec moderne, qui voulait tout recommencer en 1960, devenait à lui-même sa propre fondation. Et pourtant, aujourd’hui, elle remonte à la surface, mais sous un visage inattendu. On se rappelle la mémoire de la Nouvelle-France mais pour la maudire, ou du moins, pour jeter un regard hypercritique sur les origines de la nation, que l’on croit notamment marquées au fer rouge de l’esclavage. Qu’en est-il vraiment? Que représente cette période dans notre histoire? Sous quels traits faut-il se la remémorer? Pour en parler, je reçois l’historien Éric Bédard qui vient de diriger pour le Figaro Histoire un excellent numéro sur la Nouvelle-France.