Le cauchemar du Commissaire au lobbyisme

Il n’y a pas de secrets, seulement des vérités qui attendent leur moment pour éclater au grand jour

Le retour du bâton

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{{Le plus grand scandale politique de l'histoire du Québec !}}

Sur le site de Radio X, sous la rubrique Jeudi 27 mars 2014, vous pouvez entendre l'entrevue que j'ai donnée hier à Stéphane Gendron à propos de la demande de réouverture d'enquête sur les rapports entre l'Empire Desmarais, Marc Bibeau et Jean Charest que j'ai adressée au Commissaire au lobbyisme à la suite de l'annonce par le Journal de Montréal de la saisie des agendas de Jean Charest qui en documentent toute l'étendue.

Comme vous le verrez, l'animateur a vite fait dévier la discussion sur PKP dont il tentait d'assimiler la situation à celle des Desmarais. Vous pourrez entendre ma défense.- R. Le Hir

S’il y a une chose que j’ai apprise dans ma vie, c’est que tout ce qu’on cherche à cacher finit toujours par émerger, souvent au moment le moins opportun. C’est sûrement ce que doivent se dire Jean Charest et Philippe Couillard ces jours-ci devant les révélations du Journal de Montréal sur les agendas de Jean Charest obtenus par l’UPAC et la Commission Charbonneau dans le cadre d’une perquisition dans les bureaux de Jean Charest.

Et la chose est encore pire lorsque s’écroule d’un seul coup tout l’édifice de coupe-feux qu’on avait mis en place pour s’assurer que la vérité ne sortirait jamais au grand jour.

Un des privilèges de la fonction de premier ministre, c’est de nommer à des postes-clés des gens sûrs, en qui on peut avoir confiance pour garder le secret sur les petits et les gros secrets.

Un de ces postes, c’est celui de Commissaire au lobbyisme. Mais, me direz-vous, il a été nommé par l’Assemblée Nationale. C’est vrai, mais sur proposition du premier ministre qui savait sûrement des choses au sujet de son candidat qu’il n’a pas partagées avec l’Opposition.

Et de toute façon, en ces matières, l’Opposition, constituée en majorité par le PQ, est d’une naïveté proche de la stupidité. Souvenez-vous comment ils se sont laissés passer entre les dents la candidature du constitutionnaliste fédéraliste et multiculturello-mondialiste Jacques Frémont au poste de président du Tribunal des droits de la personne.

Mais pour en revenir au Commissaire au lobbyisme, voici la lettre que je me suis senti obligé de lui adresser hier à la suite des révélations du Journal de Montréal. Les milliers de personnes qui ont lu mon livre « Desmarais : La Dépossession tranquille » se souviendront des faits :

Montréal, le 26 mars 2014

Me François Casgrain
Commissaire au lobbyisme du Québec
70, rue Dalhousie, bureau 220
Québec (Québec) G1K 4B2

Monsieur le Commissaire,

Le 7 février 2012, je vous adressais une demande d’ouvrir une enquête sur la possibilité que Power Corporation et les entreprises et personnes qui y sont affilées aient pu enfreindre la loi que vous êtes chargé d’administrer en m’appuyant sur les résultats d’une longue recherche dont je vous avais fourni les principaux éléments, réunis pour la plupart dans un ouvrage publié en avril 2012 sous le titre « Desmarais La Dépossession tranquille » aux Éditions Michel Brîlé à Montréal.

Le 21 juin suivant, je recevais une lettre de Me Nathalie Dion, directrice de la vérification et des enquêtes auprès de votre commissariat, Me Nathalie Dion, m’informant de la clôture de la vérification et de la fermeture du dossier, le jour même où la Commission Charbonneau rendait publics les diagrammes des groupes visés par le rapport Duchesneau, et notamment celui de la « Famille Bibeau » avec, dans le cas de Marc Bibeau, la mention qu’il est un ami personnel de Jean Charest.

Or ma lettre du 7 février attirait particulièrement votre attention sur le cas de Marc Bibeau, ami personnel de Jean Charest, grand argentier du Parti Libéral du Québec, et membre du conseil d’administration de Power Corporation à l’époque.

Je vous cite ici le commentaire que m’avait inspiré votre réponse dans un article que j’écrivais pour le site Vigile.net le même jour :

« Le hasard, qui fait parfois si bien les choses, a voulu que la directrice de la vérification et des enquêtes, Me Nathalie Dion, m’informe aujourd’hui de la clôture de la vérification et de la fermeture du dossier, le jour même où la Commission Charbonneau rend publics les diagrammes des groupes visés par le rapport Duchesneau, et notamment celui de la « Famille Bibeau » avec, dans le cas de Marc Bibeau, la mention qu’il est un ami personnel de Jean Charest.

Je commencerai d’abord par noter que l’envoi de ce genre de message à la toute veille des vacances n’est pas un signe de la plus grande bonne foi. Il prive le récipiendaire de la possibilité de saisir en temps utile les médias d’une information qui est très pertinente dans le contexte politique actuel.

C’est en fait un truc « cheap » de politicien mal pris qui est déjà difficilement acceptable dans un contexte partisan, mais qui est carrément inacceptable de la part d’un organisme quasi-judiciaire.

De plus, sur la base de l’information rendue publique par la Commission Charbonneau, cette décision apparaît pour le moins prématurée et imprudente, à moins que le Commissaire au lobbyisme ne vienne nous confirmer qu’il a une longueur d’avance sur la Commission Charbonneau, ce qui serait le comble de la prétention.

En fait, le Commissaire au lobbyisme ne se doutait pas un seul instant que la Commission Charbonneau allait rendre publiques les informations concernant la Famille Bibeau, et la lettre que j’ai reçue, même si elle est datée d’aujourd’hui, a fait l’objet, au cours des derniers jours, d’une révision et d’une approbation par la haute direction du commissariat avant de m’être expédiée par courriel.
Bel exemple de cafouillage administratif et de ce qui arrive lorsqu’on cherche à jouer au plus malin. »

Depuis la parution de cet article, plusieurs développements couverts par les médias, et notamment ceux du groupe Québecor Médias, sont venus confirmer le caractère suspect du comportement de Marc Bibeau. Encore ce matin, Le Journal de Montréal publie sous la signature du journaliste Félix Seguin un article intitulé « Des agendas de Jean Charest entre les mains de la commission Charbonneau et de l’UPAC » avec en sous-titre la mention suivante : « Le nom du grand argentier du PLQ, Marc Bibeau, apparaît à de nombreuses reprises».

Au vu de ces développements qui me confirment sinon le caractère bâclé et totalement non professionnel de votre première enquête, à tout le moins sa clôture nettement prématurée, je vous demande d’en ouvrir une nouvelle sur le même objet.

Je vous réitère ce que je vous écrivais le 7 février 2012 : les entreprises du groupe Power ou celles sur lesquelles il exerce un « contrôle et une influence », pour reprendre sa propre terminologie, n’hésitent pas à utiliser des prête-noms et des sociétés-écrans, un usage beaucoup plus répandu en Europe qu’ici. Cela s’explique par la forte présence du groupe Power en Europe depuis une maintenant une bonne trentaine d’années.

Et comme la première fois, je me tiens à l’entière disposition de vos enquêteurs pour leur fournir toute explication ou complément d’information dont ils auraient besoin pour mener leur enquête à bonne fin.

Veuillez recevoir, Monsieur le Commissaire, mes salutations distinguées.

(signature)

Richard Le Hir
Ancien député d’Iberville et ministre délégué dans le gouvernement Parizeau.


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4 commentaires

  • Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre

    29 mars 2014

    "...seulement des vérités qui attendent leur moment pour éclater..."
    Pas de petits exemples: Tous les gouvernements jonglent avec la patate chaude du toit du stade olympique: entre les "c'est urgent" et les "démolissez", personne n'a vu le "c'est un investissement".
    Les médias multiplient les occasions de montrer une fissure dans la porte arrière du bureau du sous-sol... on rappelle les scandales de sa construction, des remplacements de la toile, on parle d'éléphant blanc, pour susciter les commentaires des badauds: bol de toilette, pot à fleur, plaque chaude en ville...
    À qui profite cette désinformation? Suffit d'une simple démonstration pour clouer le bec aux commères du ridicule (Chapleau, Dufort): Deux parties de baseball coup sur coup et les grognons affluent comme des mouches pour remplir quoi? La merveille architecturale qu'on tente de balayer sous le tapis.

  • Archives de Vigile Répondre

    27 mars 2014

    Bien écrit, merci

  • Archives de Vigile Répondre

    27 mars 2014

    Bravo Mr LeHir encore une fois merci pour toutes les informations et explications de ce casse tête si troublant pour la démocratie et notre espoir qu'un jour nous pourrons enfin respirer l'air de la liberté ce qui nous est totalement inconnu à ce jour.
    Une question, serez vous de la CEIC?
    Bonne journée et merci à toute l'équipe.

  • Archives de Vigile Répondre

    27 mars 2014


    _ Le saviez-vous? Un nouveau ministre est responsable de l’application de la Loi
    C'est le ministre responsable des Institutions démocratiques et de la Participation citoyenne, M. Bernard Drainville, qui est dorénavant responsable de l'application de la Loi sur la transparence et l'éthique en matière de lobbyisme.
    _
    _
    _ http://www.commissairelobby.qc.ca/infolettre/28/199