Iran: Trump renforce les sanctions, mais fait l’éloge de la retenue militaire

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Trump ne veut pas d'une guerre coûteuse contre le régime des mollahs


WASHINGTON | Les États-Unis ont renforcé vendredi les sanctions contre la Banque centrale iranienne, présentées par Donald Trump comme « les plus sévères jamais imposées à un pays », mais le président américain a aussi défendu la « retenue » militaire après les attaques en Arabie saoudite.


Le milliardaire républicain devait réunir dans l’après-midi son équipe de sécurité nationale, avec son secrétaire d’État Mike Pompeo et son ministre de la Défense Mark Esper, pour faire le point sur les possibles représailles aux attaques de samedi dernier contre des installations pétrolières saoudiennes, attribuées par Washington à Téhéran, qui dément.


« On vient juste de sanctionner la Banque nationale d’Iran », a-t-il annoncé dans la matinée sans attendre. « C’est des sanctions au plus haut niveau », a-t-il ajouté dans le Bureau ovale.


À ses côtés, le secrétaire au Trésor Steven Mnuchin a expliqué qu’il s’agissait de cibler « la dernière source de revenus de la Banque centrale d’Iran », déjà sur la liste noire américaine, mais aussi le Fonds national de développement, « c’est-à-dire leur fonds souverain qui sera ainsi coupé » du système bancaire américain.


« Cela signifie qu’il n’y aura plus d’argent qui ira aux Gardiens de la révolution », l’armée d’élite du pouvoir iranien, « pour financer le terrorisme », a-t-il assuré.


Pour le gouverneur de la Banque centrale iranienne, Abdolnasser Hemmati, ces nouvelles mesures punitives « montrent à quel point » les Américains « n’arrivent pas à trouver de levier contre l’Iran ».


Des pans entiers de l’économie iranienne, de son système financier aux exportations pétrole soumises à un strict embargo, sont sous le coup des sanctions des États-Unis.


Mike Pompeo a réaffirmé dans un communiqué que « toutes les preuves désignaient l’Iran, et uniquement l’Iran » comme responsable des attaques en Arabie saoudite, une « agression sophistiquée dans sa conception et effrontée dans son exécution ».


« Solution de facilité »


La riposte financière étant actée, Donald Trump doit donc maintenant décider s’il ordonne d’autres représailles, notamment militaires. Or dans ses prises de parole publiques, parfois contradictoires, il s’y montre de moins en moins enclin.


« Il n’y a jamais eu de pays plus préparé » que les États-Unis à mener des frappes militaires, a-t-il prévenu. « Ce serait la solution de facilité pour moi », « frapper 15 sites majeurs en Iran », « cela ne prendrait qu’une minute » et « ce serait une très mauvaise journée pour l’Iran ».


« Mais ce n’est pas ce que je privilégie, si possible », a-t-il enchaîné.


Plusieurs « faucons » républicains l’incitent à faire payer Téhéran avec des frappes sur ses installations pétrolières ou militaires, estimant qu’il ferait preuve de faiblesse s’il n’apportait pas une telle réponse.


Le milliardaire républicain a au contraire estimé que la meilleure manière « d’afficher la force » des États-Unis était de « faire preuve d’un peu de retenue ». « La retenue est une bonne chose », a-t-il insisté, assurant avoir fait « changer d’avis à beaucoup de monde » sur le sujet.


Dans le détail, le Trésor américain vise désormais la Banque centrale iranienne et le fonds souverain de l’Iran pour avoir « fourni des milliards de dollars aux Gardiens de la révolution, à sa Force Qods » chargée des opérations extérieures, « et à leur allié terroriste, le Hezbollah » libanais. Ces trois entités sont classées comme « organisations terroristes » par Washington.


La Banque centrale ainsi que l’essentiel des établissements financiers iraniens sont déjà frappés par des sanctions américaines depuis novembre 2018, après le retrait des États-Unis, décidé par Donald Trump, de l’accord sur le nucléaire iranien.


Certains « faucons » de Washington plaidaient toutefois pour que les motifs des sanctions contre la Banque centrale, jusqu’ici liés aux activités nucléaires de Téhéran, soient élargis au financement du terrorisme, afin que ces mesures soient plus difficiles à démanteler en cas d’élection en 2020 d’un président démocrate davantage enclin à renouer le dialogue avec l’Iran sur la question atomique.


« Cela prouve à Téhéran que les sanctions américaines ne cesseront pas à moins que l’Iran change de comportement » et « arrête de financer le terrorisme », s’est réjoui Behnam Ben Taleblu, de la Foundation for Defense of Democracies, un cercle de réflexion qui plaide pour une « pression maximale » contre le régime iranien.





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