Israël souhaite plus que doubler la population dans ses colonies en Cisjordanie occupée, pour atteindre un million de colons d’ici dix ans, a affirmé mercredi son ministre de la Défense, aussitôt critiqué par l’Autorité palestinienne.
« Notre objectif est que d’ici une décennie, un million de citoyens israéliens vivent en Judée et Samarie », a déclaré Naftali Bennett en référence au nom biblique utilisé par le gouvernement israélien pour définir la Cisjordanie occupée.
M. Bennett, membre d’un parti de la droite radicale israélienne, s’exprimait lors d’une conférence à Jérusalem sur la « doctrine Pompeo », du nom de Mike Pompeo, secrétaire d’État américain qui a annoncé un changement dans la politique de Washington à l’égard des colonies juives dans les territoires palestiniens occupés.
Nous ne sommes pas comme les Belges au Congo
Après avoir reconnu Jérusalem comme capitale d’Israël et une partie du plateau du Golan syrien comme israélien, la Maison-Blanche a indiqué mi-novembre qu’elle ne considérait plus les colonies juives en Cisjordanie occupée comme « contraires au droit international ».
Cette décision a ulcéré les Palestiniens et a été notamment critiquée par l’ONU, la France et des pays arabes.
Environ 400 000 colons juifs sont implantés actuellement dans des colonies en Cisjordanie occupée, territoire où vivent quelque 2,7 millions de Palestiniens.
En incluant Jérusalem-Est, territoire annexé par Israël et qui ne fait pas partie de la Cisjordanie, quelque 600 000 colons sont établis dans les Territoires palestiniens occupés.
« Je déclare officiellement que la politique de l’État d’Israël est que la zone C est la sienne », a ajouté Bennett, en référence à l’une des trois zones de la Cisjordanie définies par les accords d’Oslo et qui représente environ 60 % de ce territoire palestinien.
Soutien des Américains
La colonisation par Israël de la Cisjordanie et de Jérusalem-Est annexée s’est poursuivie sous tous les gouvernements israéliens depuis 1967, mais elle s’est accélérée ces dernières années sous l’impulsion du premier ministre Benjamin Nétanyahou et de son allié à Washington, le président Donald Trump.
M. Bennett a remis en cause l’idée que les Territoires palestiniens étaient « occupés » devant le premier ministre Benjamin Nétanyahou et l’ambassadeur américain en Israël, David Friedman, qui a, lui, estimé que les « Israéliens » et les « Juifs » avaient « le droit de vivre en Judée et Samarie ».
Le ministère palestinien des Affaires étrangères a qualifié les déclarations de MM. Bennett et Friedman de « racistes », car visant la « confiscation des terres palestiniennes » et reflétant la « nature coloniale » du projet de paix que les États-Unis doivent encore annoncer.
Mais « nous ne sommes pas des occupants dans notre patrie, sur nos terres, nous ne sommes pas comme les Belges au Congo », a déclaré M. Nétanyahou en référence à la présence ancienne des Juifs sur ces terres.
Plus tôt cette semaine, les autorités israéliennes ont approuvé la construction de 1936 nouveaux logements dans des colonies.
Cette mesure a été condamnée mercredi par le ministère jordanien des Affaires étrangères, qui a rappelé dans un communiqué qu’il « n’y a aucune légitimité pour les colonies israéliennes qui violent le droit international ».
« La communauté internationale doit assumer ses responsabilités et prendre toutes les mesures nécessaires pour mettre fin à la politique israélienne de colonisation, qui sape les efforts visant à résoudre le conflit » israélo-palestinien, a dit le porte-parole du ministère jordanien, Daifallah al-Fayez.