Une attaque jeudi à la voiture-bélier à Jérusalem a blessé une dizaine de soldats israéliens et des affrontements en Cisjordanie ont fait trois morts, des violences survenues dans le sillage du projet de paix américain qui polarise Israéliens et Palestiniens.
Après une chasse à l’homme de plusieurs heures, l’armée israélienne a annoncé l’arrestation à la sortie de Jérusalem, près de Bethléem, du suspect de l’attaque qui a secoué Israël.
Les militaires ont annoncé le déploiement de « renforts » en Cisjordanie occupée après des heurts et attaques, et à la veille de la grande prière musulmane du vendredi, prélude à des manifestations dans les territoires palestiniens.
« À la suite d’une opération importante de l’armée et du Shin Beth [le service de sécurité intérieure], la police et d’autres unités spéciales ont arrêté le terroriste qui a perpétré l’attaque à la voiture-bélier à Jérusalem », a indiqué l’armée dans un communiqué, sans préciser l’identité du suspect.
L’attaque n’a pas été revendiquée même si elle a été saluée par le mouvement islamiste palestinien Hamas comme une « opération de la résistance » et une « réponse tangible de notre peuple au plan de destruction de Trump », le président américain Donald Trump.
L’assaillant a foncé avec son véhicule sur une foule à 1 h 45 heure locale devant la First station de Jérusalem, blessant 14 personnes, dont 12 militaires.
Cette ancienne gare, reconvertie en vaste terrasse avec bars et restaurants, est située à Jérusalem-Ouest, mais à la lisière de la partie orientale de la ville. « Je voudrais dire quelque chose à Abou Mazen [surnom du président palestinien Mahmoud Abbas] : ceci ne vous apportera rien, ni les coups de couteau, ni les [attaques] à la voiture-bélier, ni l’incitation à la violence », a lancé le premier ministre israélien, Benjamin Nétanyahou, près du lieu où le suspect a été arrêté.
« Nous ferons tout ce qu’il faudra pour assurer notre sécurité, pour fixer nos frontières, assurer notre avenir. Nous le ferons avec vous ou sans vous », a-t-il dit.
M. Abbas avait menacé de rompre sa coopération sécuritaire avec Israël dans l’espoir de contrer le plan de Washington, qui confère Jérusalem à Israël et prévoit l’annexion de pans de la Cisjordanie.
Depuis l’annonce de ce plan, le 28 janvier, des manifestations ont lieu chaque jour dans les territoires palestiniens, notamment à Hébron, où un Palestinien a été tué mercredi par des tirs des forces israéliennes.
« C’est “l’accord du siècle” qui a créé cette atmosphère d’escalade et ces tensions », a accusé le porte-parole de M. Abbas, Nabil Abou Roudeina, en référence au surnom du projet américain que doit défendre son architecte, Jared Kushner, gendre de Donald Trump, jeudi à l’ONU.
En Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, deux Palestiniens ont été tués par des tirs de soldats israéliens lors de heurts à Jénine, selon le ministère palestinien de la Santé.
Les heurts ont éclaté après la démolition par les militaires de la maison d’Ahmed Qanbah, un Palestinien membre d’un commando ayant mené une attaque en 2018 qui a tué un rabbin près de Naplouse, selon l’armée.
Des témoins ont fait état de jets de pierres sur les soldats, tandis que l’armée a indiqué que des hommes avaient lancé des engins explosifs et ouvert le feu sur des militaires, qui ont répliqué. Le secteur palestinien est occupé et annexé par Israël.
Jeudi également, sans la vieille ville de Jérusalem, un homme dont l’identité n’a pas été précisée a été tué par les forces israéliennes après avoir ouvert le feu en leur direction.
« Il s’agit d’un habitant du Nord qui se serait converti à l’islam et était connu de la police » pour d’autres faits, a affirmé Haïm Shmouli, commandant de la police dans la vieille ville de Jérusalem.
Dans la bande de Gaza contrôlée par le Hamas, l’aviation israélienne a ciblé des positions du mouvement islamiste après l’envoi de ballons incendiaires sur le sud d’Israël à partir de l’enclave palestinienne séparée géographiquement de la Cisjordanie et de Jérusalem.
« Des infrastructures souterraines utilisées par le Hamas ont été ciblées », selon l’armée.
Ces frappes ont causé des dommages au nord de la ville de Gaza et touché des installations près de Rafah, à la pointe sud de l’enclave, mais n’ont pas fait de victimes.
Une trêve entre le Hamas, qui fustige le plan américain, et Israël a été fragilisée ces derniers jours par des tirs de roquettes et des obus et des lancements de ballons incendiaires depuis Gaza vers Israël, qui donnent lieu à des ripostes israéliennes.