Quand je prenais le train avec ma mère pour aller visiter ses sœurs à Montréal, je ressentais cette même gêne devant les employés du CN qui ne parlaient que l’anglais et j’étais peiné de voir ma mère tenter misérablement de se faire comprendre avec ses quelques mots d’anglais, et finir avec un sentiment d’humiliation qui la faisait rager. À Montréal, lorsque j’accompagnais ma mère et ses sœurs dans leur magasinage, j’avais aussi cette impression d’être d’un rang inférieur face à tous ces commis et vendeurs anglophones. Bien qu’enfant et n’ayant pas une grande connaissance du reste du Canada, des États-Unis et des pays européens, je voyais bien, surtout avec l’arrivée de la télévision au milieu des années 1950, que nous étions peu instruits et obnubilés par la religion catholique. Autour de moi, nombreux étaient les adultes qui savaient à peine lire et écrire et qui occupaient des petits emplois.