Juncker désigné à la tête de la Commission européenne, malgré Cameron

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Après le multiculturalisme, Cameron dénonce le fédéralisme européen

Les dirigeants européens ont choisi vendredi Jean-Claude Junker pour présider la Commission européenne, malgré l’opposition acharnée de David Cameron.
La nomination de M. Juncker, candidat du Parti populaire européen (PPE) de centre droit arrivé en tête aux élections européennes, a été acquise par 26 voix contre deux, celles du Britannique David Cameron et du Hongrois Viktor Orban.
M. Juncker a réagi en se disant «fier et honoré» d’avoir été choisi. A 59 ans, ce vieux routier de la politique européenne enclin au fédéralisme, ancien Premier ministre du Luxembourg et ex-patron de l’Eurogroupe, devrait obtenir au Parlement européen les 376 voix sur 751 nécessaires à son élection, prévue le 16 juillet.
Il accèdera alors au poste le plus important des institutions européennes, chargé à la fois de proposer des législations et de les mettre en oeuvre.
C’est précisément la raison pour laquelle M. Cameron s’est battu jusqu’au bout contre ce choix. M. Juncker est la «mauvaise personne» et sa nomination est «un jour sombre pour l’Europe», a-t-il réagi. «Toute sa vie, il a été au coeur du projet européen en vue d’accroître les pouvoirs de Bruxelles et de réduire le pouvoir des Etats», a dénoncé le Premier ministre britannique.
Au-delà de Jean-Claude Juncker, David Cameron a rappelé son opposition de «principe» au fait que les dirigeants européens «renoncent» à la prérogative de choisir le président de la Commission. «Cela risque d’affaiblir les gouvernements et les Parlements nationaux, et accorde de nouveaux pouvoirs au Parlement européen», a-t-il accusé.
- «Travail difficile» -
M. Cameron, qui s’est engagé à organiser un référendum sur l’appartenance de son pays à l’UE en 2017 s’il est réélu l’an prochain, est sous la pression des europhobes de l’Ukip, grands vainqueurs des européennes. «Le travail pour maintenir la Grande-Bretagne dans une Union européenne réformée est devenu plus difficile», a-t-il dit. «Est-ce que je pense que c’est impossible, non», a-t-il ajouté.
La presse britannique estimait de son côté samedi matin que le Royaume-Uni était proche d’un départ de l’UE, après l’échec de David Cameron à faire barrage à Jean-Claude Juncker.
Malgré de nombreuses réticences initiales, y compris de la part de la chancelière allemande Angela Merkel, les dirigeants, de droite comme de gauche, s’étaient progressivement ralliés à la candidature Juncker.
«Cette décision nous donne un président de la Commission qui a une grande expérience européenne et qui saura écouter les demandes des Etats membres et du Parlement», a estimé Mme Merkel.
Le mode de désignation du patron de l’exécutif européen pourrait cependant être revu à l’avenir, a indiqué le président du Conseil, Herman Van Rompuy.
En attendant, un sommet informel aura lieu le 16 juillet à Bruxelles pour décider des autres postes européens-clés, notamment ceux de président du Conseil et de chef de la diplomatie européenne. M. Van Rompuy a décidé que ces deux nominations seraient décidées à l’unanimité des 28, selon une source européenne. Un moyen de donner des garanties à la Grande-Bretagne, qui pourrait en outre obtenir un poste de premier plan dans les prochaines institutions européennes.
Le président français François Hollande a d’ores et déjà annoncé qu’il réclamerait pour la France une vice-présidence de la Commission.
- «Flexibilités» -
Nombre de dirigeants européens se sont aussi employés vendredi à conjurer la menace d’un départ du Royaume-Uni de l’UE. «Nous devons jeter des ponts», a assuré le Premier ministre conservateur finlandais Alexander Stubb, plaidant en faveur d’une libéralisation de l’économie.
«J’ai un grand intérêt à ce que le Royaume-Uni demeure un membre de l’Union européenne. C’est dans cet esprit que je continuerai de travailler», a dit Mme Merkel.
Le sommet a aussi débouché sur l’adoption d’une stratégie pour les cinq prochaines années en forme de feuille de route pour la Commission, qui fait une large place aux demandes des dirigeants sociaux-démocrates, emmenés par François Hollande et leur figure montante, l’Italien Matteo Renzi.
Si elle prévoit de revoir la politique migratoire aux frontières de l’UE et sa politique énergétique et climatique, elle se focalise sur la relance de la croissance économique en insistant sur un usage plus souple du pacte de stabilité qui régit les marges budgétaires des pays membres.
«Nous avons très clairement établi que nous ouvrons la possibilité de faire le meilleur usage possible du pacte (...) pour créer des emplois et améliorer la compétitivité», a souligné M. Van Rompuy.
«J’ai voulu que les réformes structurelles puissent être autant d’arguments pour nous permettre de justifier l’application du pacte de stabilité avec des flexibilités», a expliqué M. Hollande. «C’est un très bon document sur la méthode pour faire l’Europe au cours des cinq prochaines années», s’est félicité M. Renzi.


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