L’abandon des hydrocarbures, une question d’unité nationale

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C'est mal parti

Alberta n’a pas besoin qu’on lui rappelle que dans une économie reposant essentiellement sur l’extraction pétrolière, la vie n’est pas un long fleuve tranquille. Pensons aux 17 000 emplois perdus dans cette province au cours de la grave récession de 2009 et à la stagnation qui a perduré sur le marché de l’emploi pendant presque toute l’année 2010, avant que la spectaculaire reprise de 2011 ne redonne de nouveau de l’emploi à quelque 100 000 personnes. En 2015, l’économie s’est de nouveau effondrée et les pertes d’emploi — 19 600 selon Statistique Canada — nous replongent dans les difficultés qui fragilisent les communautés.

Le tissu social se déchire également lorsqu’en période de vaches grasses nous nous confrontons les uns aux autres. Rappelons-nous que la hausse du prix du pétrole des dernières années s’est accompagnée d’une appréciation du dollar, ce qui a fait grimper le prix de nos exportations et a nui au secteur manufacturier, dont le ralentissement a frappé le Québec et l’Ontario de plein fouet. De fait, le Québec perdait en 2013 pas moins de 43 800 emplois à temps plein, et l’Ontario enregistrait au milieu de 2014 le plus faible nombre d’emplois dans le secteur manufacturier depuis 1976.

Or, lorsque la première ministre de la Colombie-Britannique Christy Clark a affirmé en 2014 que sa province n’avait aucune intention d’appuyer le projet d’oléoduc Northern Gateway de la société Enbridge, le premier ministre Brad Wall de la Saskatchewan n’a pas remis en question le sentiment d’appartenance de la Colombie-Britannique envers le Canada. Non plus que l’on a taxé d’anti-Canadiens les Britanno-Colombiens lorsque leur gouvernement a rejeté plus tôt ce mois-ci le projet d’expansion de l’oléoduc TransMountain de Kinder Morgan. Ne devrions-nous pas, alors, être solidaires des maires du Québec qui veulent un avenir différent pour leur province, et pour le pays ?

Il se trouve que des citoyennes et citoyens des quatre coins du pays et de toutes allégeances politiques affirment haut et fort en avoir assez d’une économie qui dépend si étroitement des hydrocarbures. On trouve en effet leur production destructrice pour l’environnement et leur transport, dangereux, sans compter qu’ils polluent l’atmosphère. Et que dire de la situation catastrophique que la volatilité et l’imprévisibilité du prix des matières premières à l’échelle mondiale entraînent sur le marché de l’emploi au Canada ?

Selon un sondage réalisé en avril 2015 par Oracle Research pour le compte du Réseau action climat Canada, 61 % des Canadiennes et Canadiens estiment qu’il est plus important de lutter contre les changements climatiques que de construire l’oléoduc Énergie Est et de poursuivre l’exploitation des sables bitumineux. Comment expliquer alors la vindicte à l’égard des 82 maires de la région de Montréal qui disent tout haut ce que croit une majorité de citoyennes et citoyens ?

Diversifier son économie

Le baril de pétrole se vend actuellement aux alentours de 30 $ et la plupart des exploitations de sables bitumineux roulent sous le seuil de rentabilité… Est-ce bien le moment de doubler la mise sur les hydrocarbures, une industrie dont les jours sont comptés ? Nous sommes au XXIe siècle, n’est-il pas grand temps que le Canada diversifie son économie en misant sur les énergies propres de l’avenir ? Nous attendons de nos leaders qu’ils agissent en ce sens.

Imaginons un instant qu’au lieu de braquer les régions du Canada les unes contre les autres, nos gouvernants s’assoient ensemble pour mettre sur pied le plus ambitieux projet national depuis le chemin de fer transcanadien : le virage menant à une économie carboneutre reposant à 100 % sur les énergies renouvelables ! Imaginons qu’au lieu de s’accrocher désespérément à des réserves éparses et déclinantes d’hydrocarbures, nos leaders nous proposent un Canada créateur de richesse et de développement durable d’un océan à l’autre — un projet qui aiderait l’Alberta, la Saskatchewan et les autres provinces à opérer une transition harmonieuse vers une économie plus verte et plus diversifiée, une économie leur évitant les nouveaux soubresauts d’une industrie déclinante.

Ce projet fédérateur stimulera également le marché de l’emploi, car le rendement en termes de création d’emploi de l’investissement dans les énergies propres est en moyenne trois fois plus élevé que l’investissement dans les hydrocarbures. En outre, ces emplois pourront être offerts partout au pays plutôt que d’être concentrés dans quelques régions seulement.
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