La personne qui souhaite immigrer au Québec doit se renseigner davantage sur la société avant de venir poser ses valises dans sa nouvelle terre d’accueil et d’adoption. Pour mieux s’intégrer culturellement et économiquement la personne immigrante devrait suivre à la lettre le processus d’intégration. Elle ne devrait pas brûler les étapes. En refrénant une impatience compréhensible, elle se donnera de meilleures chances. Le bénévolat et le mentorat constituent deux moyens de perfectionnement efficaces pour lutter contre l’isolement mais aussi pour mieux comprendre la culture organisationnelle, l’environnement de travail et les codes culturels.
Le bénévolat et le mentorat pour briser leur isolement
Le bénévolat est une expérience enrichissante sur le principe du donner et du recevoir mais en même temps constitue un tremplin pour obtenir une première expérience de travail québécoise. En donnant un peu de son temps à raison d’une heure ou de deux heures par jour ou semaine ou mois, la personne immigrante élargit son réseau de contacts, brise son isolement et s’inscrit dans l’interculturel. Le bénévolat permet à la personne immigrante, surtout au nouvel arrivant, d’apprendre, de développer et de valider de nouvelles connaissances. Il augmente ses compétences relationnelles en décryptant les codes de la société québécoise. Il permet au nouvel arrivant de comprendre davantage le fonctionnement de la société québécoise. Cet outil lui permet aussi d’enrichir son curriculum vitae en le rendant plus attractif aux yeux des employeurs qui se posent souvent la question de l’adaptabilité de la nouvelle recrue dans son nouvel environnement. Pour une personne qui n’est pas née au Québec, n’a pas fait des études et n’a jamais obtenu une expérience canadienne, le bénévolat est un passage obligatoire.
La personne immigrante peut et devrait aussi utiliser le réseautage et en particulier le mentorat afin d’élargir ses réseaux de contacts. Le mentorat désigne un jumelage entre un professionnel expérimenté (mentor) et un jeune (mentoré) qui désire s’intégrer socioprofessionnellement. Le mentorat, qui est une relation d’aide et un mode d’apprentissage efficace, permet donc aux nouveaux arrivants, dans un processus de transition professionnelle, de mieux comprendre la culture du monde du travail au Québec. La mise en réseau avec les différents acteurs rompt l’isolement du mentoré qui ne se sent plus seul et qui s’enrichit des échanges avec les autres acteurs qui pratiquent le même métier ou la même profession.
Dans cette perspective, elle doit élargir ses réseaux de contacts qui sont de précieux outils. Le mentor a un vécu socioprofessionnel qui lui permet d'accompagner le mentoré, de partager avec lui son expérience, de l'encadrer et de lui donner des conseils. Le mentor fournit toute l’information dont le participant a besoin pour affronter le marché du travail en abordant, au cours des rencontres, différents thèmes: parcours professionnel, société québécoise, intégration sociale et professionnelle, marché du travail, pistes d’emplois et conseils, réseau de contacts. Durant une période de douze semaines, le jumelage s'effectuera entre mentors et participants qui bénéficieront d’un minimum de trois rencontres. Lors de ces échanges, les participants pourront obtenir une aide morale et bénéficier des conseils d’un mentor motivé et expérimenté. Le Carrefour jeunesse-emploi Bourassa-Sauvé dont la mission est l’intégration sociale, économique et professionnelle des jeunes adultes âgés de 16 à 35 ans, participe grâce à son programme Mentorat Québec Pluriel à la dynamisation du tissu social.
La personne immigrante doit aussi élargir ses champs de recherche d’emploi à travers les autres régions du Québec qui offrent des possibilités souvent méconnues. Elle doit bien sûr utiliser le français comme langue de socialisation et de cohésion sociale.
Une bonne stratégie d’approche des employeurs et un tempérament de fonceur
La personne immigrante doit bâtir une culture de la recherche d’emploi, avec en toile de fond, une attitude empreinte d’humilité. Afin de mettre tous les atouts de leur côté, les nouveaux arrivants doivent absolument garder intacte leur motivation en s’entourant de gens positifs. Un tempérament de fonceur et de débrouillardise constituent une preuve de dynamisme nécessaire à l’obtention d’un emploi. Les nouveaux arrivants ont aussi intérêt à bien structurer leurs démarches de recherche d’emploi (activation des réseaux et bonne stratégie d’approche des employeurs). Ils doivent aussi démontrer à l’employeur la valeur ajoutée qu’ils peuvent offrir à l’entreprise afin de se démarquer des autres candidats qui visent le même poste.
De plus, pour certains profils, la réorientation de carrière ou la mise à niveau de certaines compétences pourrait être un tremplin à l’obtention d’un emploi; c’est même parfois une nécessité. Certains chômeurs expérimentés québécois envisagent même de retourner aux études afin de mieux mettre à jour leurs connaissances et de pouvoir affronter la réalité du marché du travail dans un contexte de fragilité économique. En attendant des jours meilleurs, toutes les stratégies devraient être mises de l’avant pour maximiser les chances d’embauche.
Nécessité de maîtriser la culture d’entreprise québécoise
La personne immigrante doit chercher à mieux comprendre le fonctionnement et les us et coutumes de la société québécoise. Pour cela, elle doit assister à la session « S’adapter au monde du travail québécois » offerte par des organismes communautaires mandatés par le ministère de l’Immigration et des Communautés culturelles du Québec (MICC). De plus, elle doit participer à des ateliers de recherche d’emploi pour mieux structurer sa recherche d’emploi au Québec. Ensuite, en attendant de se trouver un emploi dans son domaine, elle doit chercher une « jobine » avec des horaires flexibles afin de comprendre le milieu de travail au Québec. Elle doit s’entourer de personnes-ressources (pour avoir en tout temps une attitude positive devant les employeurs) qui lui diront comment elles-mêmes ont fait pour réussir à se trouver un emploi, dans leur domaine, au Québec. Elles lui décriront les difficultés auxquelles elles ont été confrontées et comment elles ont pu utiliser les outils et ressources disponibles pour faire partie du monde du travail. Les séances de trois journées qui se donnaient à Immigration-Québec– Nord de Montréal, remplacées par la nouvelle formule (S’adapter au monde du travail québécois (SAMTQ) – Vivre ensemble au Québec) cherchent à conscientiser les néo-Québécois à l’importance de comprendre les enjeux culturels dans le milieu du travail québécois afin non seulement de les intégrer mais aussi de les maintenir en emploi.
Des mises en situation pratiques permettent aux personnes immigrantes de se faire déjà une idée des réalités du marché du travail en développant des habiletés et des connaissances pertinentes. Le Québec étant une société pragmatique, le nouvel arrivant se trouve, par ces exercices, imprégné des façons de faire de sa nouvelle société, en ce qui concerne la relation à autrui et la manière efficace et claire de communiquer avec ses collègues. Il approfondit les notions développées dans ces ateliers tout comme lors des rencontres individuelles avec des conseillers en emploi et/ ou des Clubs de recherche d’emploi de 3 à huit semaines.
Le MICC décrit sur son site Internet Quelques caractéristiques et valeurs du marché du travail québécois permettant de mieux connaître la réalité de la culture organisationnelle québécoise: « Les valeurs dominantes dans les entreprises québécoises sont généralement l’égalité, la coopération, la flexibilité, la participation. Les gestionnaires québécois valorisent la participation des employés dans l’entreprise. Bien qu’ils ne le fassent pas systématiquement, ils n’hésitent pas à consulter leurs subordonnés au besoin. Ils s’attendent alors à une communication directe et à des commentaires constructifs. »
La connaissance ou la maîtrise des codes culturels, des règles, du fonctionnement du marché du travail facilitent l’intégration durable en emploi des nouveaux arrivants. Les conduites culturelles en emploi au Québec mettent l’accent sur les valeurs des entreprises notamment celles des petites et moyennes entreprises. Le Québec, une société de langue française laïque adopte une politique d’intégration basée sur l’interculturalisme qui, en respectant les individus prône le partage des valeurs communes.
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L’auteur est sociologue-blogueur et conférencier. Il travaille présentement comme conseiller en emploi pour le projet Mentorat Québec-Pluriel au Carrefour jeunesse-emploi Bourassa-Sauvé. Il est aussi auteur du livre « Intégration professionnelle des personnes immigrantes et identité québécoise: une réflexion sociologique » qui paraîtra en juin 2012.
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L’ABC d’une intégration socioprofessionnelle des nouveaux arrivants
Tribune libre
Doudou Sow26 articles
Sociologue de formation, spécialisé en Travail et organisations, l’auteur
est actuellement conseiller en emploi pour le projet Mentorat
Québec-Pluriel au Carrefour jeunesse-emploi Bourassa-Sauvé
(Montréal-Nord).
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1 commentaire
Nicodème Camarda Répondre
28 février 2012Bonjour monsieur DouDou.
Avant tout je tiens à vous féliciter. Je serais bref. Je me pose une question toute simple. Le bénévolat comme outil d'intégration ou d’adaptation est-ce le meilleur des outils?
Pardonnez-moi ma franchise et mon ignorance du sujet mais j'ai un doute. Selon-moi, le plus efficace des outils d'intégration ou adaptation demeure un bon salaire ou un emploie. Non pas que je sois en désaccord avec la notion de "bénévolat".
Je me dis seulement qu'une main d’œuvre bon marcher n'est pas faite pour déplaire à certains milieux peu scrupuleux. D'où mon point et cette autre question.
Advenant que ce bénévolat ne soit récupéré par ces milieux financiers politiquement très influant, est-ce que cela ne risque pas de retarder l’intégration des nouveaux arrivant?
Je sais, ce n'est qu'une hypothèse mais je me demandais ce vous en pensiez..
Bien à vous,
Amicalement:
Nicodème Camarda