L'Agence des PPP coûte plus cher que prévu

Le p.-d.g a un salaire plus élevé que le sous-ministre de la Santé, s'indigne le PQ

17. Actualité archives 2007


L'Agence des partenariats publics privés du Québec (APPP), créée par le gouvernement Charest en 2005, a presque triplé sa masse salariale et son budget relatif aux avantages sociaux, qui passe de 1,3 à 3,1 millions de dollars pour l'exercice financier 2006-07. Son budget total est de 7,1 millions $. C'est ce qu'on apprend dans le décret concernant les prévisions budgétaires de l'APPP, adopté le 18 octobre dernier par le gouvernement Charest.
Environ 8 % de la masse salariale est consacrée à la rémunération de son p.-d.g, Pierre Lefebvre (anciennement de Price Waterhouse Cooper), dont le traitement a été majoré de 2 % le 1er avril dernier, ce qui lui vaut maintenant une rémunération de base de 219 300 $. Avec le boni de 10 % auquel il a droit, son salaire pour l'année en cours pourrait grimper à 240 230 $. De plus, M. Lefebvre a droit à un montant de 3450 $ de frais de représentation et à 920 $ par mois pour un appartement à Québec. Il peut se faire rembourser ses dépenses de voyage (sur présentation de pièces justificatives), et on lui remet une allocation pour l'adhésion à un cercle de gens d'affaires ainsi qu'une allocation de 610 $ imposable pour son automobile.
L'attachée de presse de la présidente du Conseil du Trésor, Monique Jérôme-Forget, précise que l'État n'avait pas le choix: pour obtenir «l'expertise et des compétences dans le domaine» des PPP, il fallait payer «les salaires du "domaine"». Du reste, selon elle, ce traitement est «comparable à ceux des présidents d'organismes comme Hydro-Québec, la Caisse de dépôt, la Société générale de financement, Loto-Québec ou l'Autorité des marchés financiers». En comparaison de ces grandes sociétés, toutefois, le nombre d'employés de l'APPP, de 24 actuellement (une personne a quitté récemment et sera remplacée sous peu), est plutôt réduit. Cela représente tout de même le double de ce que Mme Jérôme-Forget avait promis lors des consultations du projet de loi 61 créant l'Agence: «Nous estimons à 12 personnes le nombre d'employés qui composeront l'agence», avait-elle dit en octobre 2004.
Le critique péquiste en matière de services gouvernementaux, Sylvain Simard, s'étonne de la rémunération versée à M. Lefebvre: «Avec un quart de million par année en salaire, le président de l'Agence gère une boîte d'un budget de 7,2 millions $ avec 25 personnes pour le moment. Le sous-ministre à la Santé, lui, gagne 30 % de moins pour gérer 22 milliards $ et 272 833 employés. Cherchez l'erreur!»
M. Lefebvre souligne pour sa part que le nombre de PPP au Québec, inexistant avant l'an dernier, est maintenant de sept: la salle de l'OSM, les dossiers des CHSLD, les CHU, les autoroutes 25 et 30, les aires de services. «Ça représente 4 milliards $ de projets», dit-il, ajoutant «non sans fierté»: «[Compte tenu du] staff réduit que l'on a si l'on se compare aux agences comparables en Colombie-Britannique, qui a quelque 115 personnes à son emploi et, en Ontario, 100 personne, on est efficients».
L'APPP consacrera 2,8 millions $ à l'embauche de consultants externes dans les secteurs «financier, de processus ou des services juridiques», a expliqué M. Lefebvre, qui a tenu à préciser que le choix des firmes se fait toujours dans les ministères. «L'agence ne choisit jamais de façon unilatérale une firme conseil», dit M. Lefebvre. Dans le cas du CHU de McGill, par exemple, la firme Price Waterhouse Cooper a été choisie pour travailler sur les processus. «Dans le cas du CHUM, c'est Raymond Chabot Grand Thorton qui a été choisie. C'est une firme pour laquelle je n'ai jamais travaillé», a plaisanté M. Lefebvre.
L'opposition doute de l'utilité de cet organisme : «L'APPP est une véritable mine d'or pour ces consultants. On pourrait même dire qu'elle est une distributrice à contrats lucratifs, mais la distributrice échappe au contrôle des parlementaires. C'est inquiétant», dit M. Simard.


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