L’art de semer la confusion

Les contradictions du PQ

Tribune libre


La participation du gouvernement Marois au Conseil de la fédération a atteint la quintessence de l’incohérence. Un parti qui se prétend souverainiste et qui a dénoncé de façon virulente la création du Conseil de la fédération comme étant une bébelle au service de l’unité canadienne n’a rien de mieux a faire, après quelques mois au pouvoir, que de légitimer cette institution en y participant et en jouant le jeu de la bonne entente. Pauline Marois a en quelque sorte entériné la stratégie de Jean Charest, un fédéraliste à tout crin, sous prétexte qu’il ne fallait pas laisser de siège vide. Mais alors pourquoi le premier ministre du Canada ou celui de la Saskatchewan n’ont-ils pas jugé opportun de s’y présenter?
Comment les Québécois peuvent-ils prendre au sérieux le projet souverainiste du Parti québécois lorsqu’ils assistent à de tels têtes-à-queues politiques? Si la première ministre d’un parti souverainiste s’intègre aux institutions canadiennes, ils comprendront alors qu’il n’est pas nécessaire de rompre le lien fédéral puisque même un parti souverainiste soutient que le Québec peut y trouver son compte. Se dire souverainiste et agir en fédéraliste ne peut servir la pédagogie de l’indépendance car les actes comptent plus que les paroles. En voyant Pauline Marois en connivence avec ses homologues provinciaux, les Québécois ont retenu le message suivant : la première ministre du Québec ne représente pas autre chose qu’une province comme les autres et elle adhère aux vertus du bon-ententisme. Cette attitude ambivalente engendre une dissonance cognitive dans l’opinion publique et discrédite l’idée que l’indépendance est nécessaire et urgente.
Mais cette incohérence n’a pas que des effets symboliques, elle affecte aussi le développement énergétique du Québec puisque Madame Marois a publiquement désavoué son ministre de l’environnement en ouvrant la porte à l’importation du pétrole des sables bitumineux de l’Alberta. Le ministre Breton pensant avoir les coudées franches dans un gouvernement qui se prétend souverainiste avait quelques jours plus tôt fermé la porte à l’arrivée du pétrole albertin au Québec en invoquant le fameux slogan du « Maître chez nous ». Avant d’accéder au cabinet, il avait l’habitude de proclamer avec candeur que l’indépendance énergétique était plus importante que la souveraineté politique du Québec. Mais la réalité vient de le rattraper et il devra se rendre à l’évidence que sans l’indépendance, ses ambitions écologistes resteront lettre morte. Le carcan fédéral s’applique aussi en matière de développement énergétique. Contrairement à ce que croit le ministre, le Québec n’est pas libre de ses choix et Ottawa peut décider de faire circuler le pétrole sale d’un océan à l’autre en faisant peu de cas des études environnementales québécoises.
Peu soucieuse de l’indépendance énergétique, Madame Marois s’est dite ouverte à une entente avec l’Alberta dans la mesure où ce serait avantageux pour le Québec. La notion d’intérêt du Québec a le dos large et nous fait avaler bien des couleuvres. Si elle persistait dans cette logique d’accommodement, elle renforcerait le lien de dépendance du Québec vis-à-vis le pétrole de l’Ouest. Est-ce ainsi au PQ qu’on entend l’émancipation nationale? La première ministre a sans doute oublié que dans le passé le chemin de fer devait être le ciment de l’unité canadienne, puis cette mission fut attribuée à la télévision et qu’aujourd’hui les conservateurs entendent la confier au pétrole de l’ouest. Comme on l’a fait en 1980, on se servira de l’argument du pétrole à bon marché pour faire chanter les Québécois et les convaincre des avantages du fédéralisme. Comment les péquistes pourront-ils faire la promotion de la souveraineté puisqu’ils auront consenti à notre subordination énergétique? On ne peut décidemment pas faire confiance au Parti québécois pour nous amener sur le chemin de l’indépendance tant sur le plan énergétique que politique.


Laissez un commentaire



7 commentaires

  • Jean-Claude Pomerleau Répondre

    27 novembre 2012

    Le pétrole et le réseau d'oléoducs, un autre projet de même nature que le chemin fer de J A MacDonald pour le "nation building".
    C'est ce que souhaitent les propagandistes de " l'Idée fédérale ". Et que les souverainistes, craignent . Mais cela tient de l'analyse sommaire.
    En fait c'est le contraire qui se réalise : La monté en puissance des provinces pétrolières a mené à la métamorphose du Canada, caractérisée par la dislocation (de facto) de la fédération (en 2008). C'est ce que j'entends démontrer lors d'une présentation (date à déterminée) sur le thème :
    Géopolitique de l'énergie et souveraineté
    Oléoduc : le Québec a t il le gros bout du tuyau
    Il importe de comprendre le contexte et la situation créé par le pétrole albertain ; et, d'identifier l'occasion qui s'offre aux souverainiste de rebâtir un rapport de force, perdu depuis 95.
    JCPomerleau

  • Stéphane Sauvé Répondre

    27 novembre 2012

    @ Monsieur Tremblay,
    Vous avez raison. La stratégie est d'aller chercher des votes aux caquistes. Mais ca ne peut pas être efficace lorsque l'on connait la force de la machine médiatique qui elle, a l'objectif de fairer entrer les caquistes.
    La bonne stratégie est celle où le courage et l'innovation occupent tout le terrain, surtout dans les 100 premiers jours après l'élection. Les stratégistes du PQ se gourrent "all the way" alors que le PQ est en train de bruler toutes ses cartes.
    Tu ne peux faire d'un mulet un cheval de course...le PQ est en train de le démontrer!

  • Archives de Vigile Répondre

    26 novembre 2012

    Je vais résumer. Le PQ est un parti de l'oligarchie mondialiste soumis au fédéralisme canadien. Grâce à une petite armée de militants à la loyauté ridicule, il fait passer n'importe quoi («social-démocratie», bon gouvernement, déficit zéro, le virage à droite sur les feux rouges, le renversement de Charest, ne pas laisser la chaise vide, et j'en passe...) comme autant de pas vers la souveraineté et ce, décennies après décennies; démagogie électorale après démagogie électorale.
    L'indépendance est une rupture de l'ordre colonial et de ses suites institutionnelles. Ceux qui,comme Pauline Marois, se voilent la face pour ne pas voir la radicalité du combat qui est devant nous ne méritent rien du Québec. Et je dis à Vigile comme à mes compatriotes décervelés, branche toi...
    GV

  • Archives de Vigile Répondre

    26 novembre 2012

    JE pense qu'elle cherche à gagner des votes auz caquistes. C,est la seule stratégie que je vois. Ne l'oubliez pas , elle n'est pas majoritaire et sans cette majorité elle ne peut rien faire Donc elle se remet plus au centre car elle croit sûrement qu'il y a plus de votes à aller chercher chez les caquistes et en se faisant elle n'a pas besoin de faire alliance avec ces fourbes de cQS qui font semblant d'être souverainistes. On l'a vu aux dernières élections fédérales.
    Donc c'est la pari que fait Marois: " NE PAS FAIRE DE VAGUES" pour obtenir une majorité. Moi je crois qu'en se recentrant elle fera moins peur aux QUébécois pour la question de la souveraineté et elle démontre au Canada anglais que le QUébec même indépendant peut être un allié avec le Canada au niveau économique.
    Voilà ma vision des choses. La seule chose qui m'inquiète c'est qu'avec les Anglais les finasseries ne fonctionnent en général pas très bien.

  • Archives de Vigile Répondre

    26 novembre 2012

    Monsieur Monière
    Nos dirigeants politiques québécois, tous confondus, ont tellement bien intégré ou intériorisé l'image de leurs bourreaux depuis la conquête de 1759, avec cette confusion identitaire et ce dédoublement de personnalité; qu'ils sont devenus des zombies atteints du syndrome de Stockholm incapables de se défaire de leurs bourreaux colonisateurs du Canada-anglais et de leurs chaînes. Gros cas de psychanalyse! Quand vont-ils comprendre que la chose la plus élémentaire dans la vie, c'est que tu ne peux servir deux maîtres en même temps?
    André Gignac 26 nov12

  • Stéphane Sauvé Répondre

    26 novembre 2012

    Regardez qui a ouvert le bal à Pauliiiine....Bouchard, Boisclerc...Charest...
    Si tout cela est le fruit d'une stratégie pour mieux gagner, et que nous parvenons à créer notre pays grâce à ses calculs...elle sera proclamée la plus grande stratégiste de l'histoire du Québec!
    Mais entre vous et moi, j'ai quelques doutes...

  • Archives de Vigile Répondre

    26 novembre 2012

    Un commentaire lu sur Indépendantes.org très à propos:
    "Je suis incapable de voir Pauline Marois autrement que comme une bagarreuse. Et, comme je l’ai répété quelquefois ici, je suis persuadée qu’il y a beaucoup de façons de combattre. J’ose croire qu’elle est tout particulièrement rusée. Alors, pour ma part, malgré mes inquiétudes actuelles, je mise là-dessus… Et je m’étonnerais qu’elle s’écrie: « Vive la conférération! » Je me demande si elle n’a pas mis quelques personnes dans sa « petite poche »… Sembler reculer pour mieux bondir? Des fois que… Je sais, je suis naïve – mais pas tant que ça! – et… encore un peu patiente…"
    Source: http://www.independantes.org/2012/11/26/le-conseil-de-la-federation/
    Si ce n'est pas le syndrome de Stockholm...
    Le PQ et ses disciples... Quand on écrit "Je suis incapable de voir Pauline Marois autrement que comme une bagarreuse", on parle de disciples. Il est temps d'avoir un "Judas" qui va faire le hara-kiri du PQ, ça presse!