L’avenir de la souveraineté

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C'est par la CAQ que se fait le renouveau souverainiste


Hier matin, Catherine Fournier, la députée de Marie-Victorin, a annoncé qu’elle quittait le caucus du Parti québécois pour siéger comme indépendante. Elle confirmait ainsi une rumeur circulant depuis un temps dans le milieu souverainiste, où bien des individus s’agitent actuellement en prétendant refonder le mouvement. Ce n’est pas surprenant. 


Décomposition 


Un parti en décomposition, par définition, se décompose. Les critiques n’avaient pas tort, toutefois, de lui rappeler que si elle s’était présentée comme indépendante, sans le soutien du PQ, elle n’aurait jamais été élue en octobre dernier. 


Pendant longtemps, ce qui arrivait au Parti québécois n’arrivait pas qu’au PQ. Le PQ était le personnage principal de la vie politique québécoise. C’est lui qui définissait les termes du débat public. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas. La vie du PQ n’intéresse plus que les péquistes, et encore, ils sont de moins en moins nombreux. 


Le PQ semble de plus en plus appartenir à une époque révolue de notre vie politique. À moins d’un revirement possible, mais improbable, il est appelé à connaître le même sort que la défunte Union nationale. 





Les échecs à répétition du PQ ont contribué au discrédit de ce parti. Le PQ, il faut aussi le dire, a voulu lier trop intimement la souveraineté avec sa vision du « progrès social », c’est-à-dire, avec une certaine gauche technocratique. Cela ne veut pas dire qu’on ne trouve pas des milliers de militants admirables dans ce parti. 


Mais on ne saurait assimiler le naufrage péquiste à la fin de l’idée d’indépendance, qui semble prendre un détour inattendu pour renaître. 


Le gouvernement caquiste de François Legault a fait le pari d’un autonomisme raisonnable et d’une affirmation identitaire modérée pour le Québec. Il constate aujourd’hui à quel point le Canada anglais est systématiquement hostile à toute ouverture à l’endroit du Québec. 


Autrement dit, il n’est pas insensé de penser que François Legault et ceux qui le suivent redécouvrent tôt ou tard pourquoi ils ont longtemps été souverainistes. Il se pourrait aussi qu’en temps et lieu, bien des Québécois se montrent favorables à une vision de la souveraineté détachée de la social-bureaucratie péquiste. 








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En fait, la meilleure nouvelle pour l’idée d’indépendance n’est pas venue récemment des militants souverainistes, qui ne se parlent qu’entre eux depuis longtemps, mais de Mario Dumont, qui, dans nos pages, expliquait samedi dernier qu’il voterait encore Oui à la souveraineté. 


Dumont n’est pas qu’un commentateur brillant. C’est pour bien des Québécois l’incarnation d’un nationalisme pragmatique, ancré dans le bon sens. C’est aussi l’héritier de la coalition de 1995, qui avait su s’élargir au-delà des seuls indépendantistes orthodoxes. 


Dumont envoyait un signal : la souveraineté est encore pertinente. 


Dumont 


Dans sa chronique, Dumont parlait mieux de l’indépendance que bien des militants professionnels. L’indépendance doit nous permettre d’assurer la survie de notre identité. Elle doit nous permettre de nous gouverner par nous-mêmes. C’est une question de responsabilité. 


Son texte avait mille fois plus d’importance pour l’avenir du camp national que les querelles lamentables d’un parti en fin de vie.