Hydro-Québec pourvoyeur de contrats aux amis

L'avenir par l'environnement

Toutes les générations veulent que le Québec profite de l'Énergie.

Tribune libre

L'Hydro-Québec, qui fut le flambeau de la Révolution tranquille, se présente désormais comme le pourvoyeur de contrats aux entrepreneurs en béton. Voilà l'idée qu'on peut retenir en sortant du visionnement du film de Nicolas Boisclair et Alexis de Gheldere, commenté par Roy Dupuis, "Chercher le courant".
Le documentaire s'appuie sur les calculs mêmes de l'Hydro pour démontrer que la construction de nouveaux grands barrages ne peut plus être rentable. Le principe évoqué, de produire un surplus d'électricité pour exportation, afin de générer les profits nécessaires à nos urgences nationales, ne tient plus parce que les clients visés, tel l'État de New York, visent eux-mêmes l'utilisation d'énergie renouvelable et ne sont plus prêts à payer ce qu'il nous en coûterait pour produire l'hydro-électricité.
Les auteurs du documentaire ont descendu en canot tout le parcours de la rivière Romaine pour être en mesure de pointer à la caméra l'étendue des dommages environnementaux et humains que causeront chacun des quatre bassins de rétention du courant accumulés derrière chacun des quatre barrages planifiés. Ils démontrent que le résultat final de cette quête effrénée de courant électrique aboutit à l'élimination complète du courant de cette rivière à son embouchure dans le Saint-Laurent. Les écologistes comparent cette rivière à un soluté régénérateur que reçoit le fleuve après son long cours polluant à travers villes et fermes depuis la vaste étendue des Grands Lacs. Un grand malade à qui l'on retire brutalement le soluté…
Pour continuer leur démonstration avec le même sérieux, les auteurs établissent l'hypothèse alternative d'ériger un parc éolien en proximité même de cette rivière, dans un des meilleurs corridors venteux connus, à l'écart de toute agglomération urbaine susceptible d'en subir les inconvénients visuels ou sonores. Et le bilan économique y gagne haut la main, tout comme l'envahissement environnemental.
Ce document, actuellement en circulation sur tout le territoire du Québec, a forcé la société d'État à réagir à la hâte.
http://www.hydroquebec.com/4d_includes/la_une/PcFR2011-010.htm
La faiblesse de l'argumentaire ressort presque sur tous les thèmes abordés.
"L’éolien est une énergie intermittente puisque sa production dépend des vents,"
C'est ignorer l'existence d'accumulateurs destinés à l'emmagasinage comme pour l'hydro.
"Le solaire est également une filière de production d’électricité intermittente, mais dont le coût est beaucoup plus élevé que celui de l’éolien." Fallacieux aussi.
"Au Québec, l’électricité produite à partir de la biomasse et du biogaz permet principalement de mieux gérer les matières résiduelles organiques. Cependant, les quantités d’approvisionnements accessibles à des conditions raisonnables sont relativement faibles et ne peuvent se comparer au potentiel hydroélectrique du Québec." Le document en démontre l'usage très réalisable à court terme grâce aux collectes sélectives et aux lisiers animaux.
"Le projet de la Romaine, dont la réalisation s'étale de 2009 à 2020, poursuit le développement du potentiel hydro-électrique du Québec. Il contribue à la sécurité énergétique du Québec à long terme, de façon rentable."
Les calculs de l'Hydro sont modifiés au fur et à mesure que les environnementalistes en démontrent la non-rentabilité devenue criante pour toutes sortes de raisons économiques. Pour masquer un engagement de plusieurs décennies envers les grands entrepreneurs, la société d'État s'évertue à nier la supériorité devenue évidente, des nouvelles technologies de production d'énergie. Au lieu de s'en tenir aux barrages déjà existants pour assurer ses arrières en cas d'urgence, on insiste pour confier au secteur privé (ami en business) la poursuite de ce projet hydro-électrique qui date et même tout développement collatéral d'initiatives susceptibles de devenir prédominantes: éolien, solaire, géothermie, biogaz. La société d'État ne s'est même pas réservé la maîtrise d'œuvre d'éventuelle ponction de sources d'énergie fossile: gaz et pétrole de schiste. À d'autres les profits de nos ressources naturelles!
Le grand public a déjà été sensibilisé à cette question ce dimanche soir à la populaire émission "Tout le monde en parle". On a pu y entendre un des auteurs du docu, Nicolas Boisclair, et le célèbre acteur Roy Dupuis. Ce devrait être l'aiguillon nécessaire pour que chacun profite de leur passage dans sa région pour aller constater de visu la qualité de ce travail de recherche sur le terrain.
Évidemment, il ne suffit pas de savoir. Que faire après?... Quand la nation s'entend sur la grande épine à notre pied, elle s'entend pour l'extirper. Nous avons perdu le contrôle de nos richesses naturelles et nous voulons le reprendre. Le mot "VERT" prend maintenant tout son sens. L'environnement n'est plus seulement ramasser ses papiers ou fermer l'eau en se brossant les dents. Les écologistes ne sont plus de vagues rêveurs déconnectés… On comprend maintenant que toutes les générations, au Québec, peuvent faire front commun pour que notre gouvernement se réserve l'exploitation de nos richesses naturelles pour notre souveraineté sur l'Énergie essentielle à une société moderne.
De façon pratico-pratique, un Parti politique sérieux dans son projet d'autonomie économique et politique doit réaliser que le seul moyen de se rallier les générations montantes, trop tièdes à leur projet paternaliste, est de s'affirmer dans le sauvetage de l'environnement. De même, les "boomers" trop tièdes aux concepts modernisés d'écologie vitale ont leur bout de chemin à parcourir pour rejoindre leurs descendants dans ce projet d'avenir emballant: un Québec souverain vert, débarrassé du boulet des provinces de l'Ouest, engluées dans leurs sables bitumineux, pas si éthiques qu'on le dit.

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Ouhgo (Hugues) St-Pierre196 articles

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Fier fils de bûcheron exploité. Professeur retraité d'université. Compétences en enseignement par groupes restreints, groupes de réflexion, solution de problèmes. Formation en Anglais (Ouest canadien), Espagnol (Qc, Mexique, Espagne, Cuba), Bénévolat latinos nouveaux arrivés. Exploration physique de la francophonie en Amérique : Fransaskois, Acadiens, Franco-Américains de N.-Angl., Cajuns Louisiane à BatonRouge. Échanges professoraux avec la France. Plusieurs décennies de vie de réflexion sur la lutte des peuples opprimés.





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