L’Expo 67 et la prétendue xénophobie des Québécois

Chronique de André Sirois


C’est à bon droit que les Québécois célèbrent avec fierté le 50e anniversaire de l’Expo 67. Il s’agit d’une belle et grande réussite dont ils ont toutes les raisons de s’enorgueillir. En six mois, l’Expo 67 a accueilli plus de 54 millions de visiteurs qui sont repartis ravis de cette expérience exceptionnelle. Opération réussie.
À mon avis, il conviendrait aussi de souligner qu’une bonne partie de ces 54 millions de visiteurs étaient des étrangers, des non-Québécois dirons-nous, et que les Québécois les ont accueillis très chaleureusement, sans aucun incident raciste ou xénophobe. Aucun.
J’ai travaillé à la préparation de l’Expo 67, à partir de 1965. J’étais chargé de relations publiques. J’avais dans mes dossiers les pays de la Place d’Afrique — composés en grande partie de Noirs — et ceux du bloc soviétique — des «méchants communisses» — et jamais je n’ai entendu un seul de leurs représentants, avec lesquels j’avais des relations de travail directes et chaleureuses, formuler la moindre plainte. S’il y avait eu un problème, un seul, nous en aurions été informés immédiatement. Les services de sécurité aussi, bien entendu. Et les médias auraient fait leur travail. Il n’y a rien eu. Rien que du positif.
Lors de la célébration de l’Expo 67 au théâtre Maisonneuve la semaine dernière, j’ai vérifié auprès d’ex-collègues des relations publiques et de certains de la sécurité et ils confirment mon souvenir. Nous n’avons eu aucun incident raciste ou xénophobe à l’Expo 67. Pas même une seule plainte. Les seules craintes que nous avons eues sur le plan de la sécurité ne relevaient pas du danger ou de la menace, mais de l’enthousiasme exubérant de l’accueil faits à certains invités étrangers; par exemple Eartha Kitt, Léopold Sedar Senghor ou Ravi Shankar.
Alors, que conclure? Comment peut-on concilier cette expérience exceptionnelle, ces faits bien réels, ces millions d’étrangers accueillis chaleureusement, avec les accusations de xénophobie lancées maintenant contre les Québécois? Serait-ce qu’en 50 ans la tradition d’accueil et d’hospitalité des Québécois a disparu subitement? Qu’il y aurait eu un revirement inexpliqué d’une génération à l’autre? Ne serait-ce pas plutôt parce que ces accusations de xénophobie ne correspondent en rien à la réalité historique et ne sont que du dénigrement, lui-même bien ethnique (du «Québec bashing»), orchestré par quelques-uns à des fins inavouables?
André Sirois
Avocat auprès de l’ONU
New York


Laissez un commentaire



5 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    10 mai 2017

    Quelle belle réussite.Moi aussi j'y étais.Étudiant,ce fut le plus bel emploi d'été de ma vie.
    1 photo souvenir.

  • Marcel Haché Répondre

    10 mai 2017

    Puisque Nous vivons désormais dans une société multiculturelle, c’est-à-dire multi-conflictuelle, tous les gouvernements québécois, souverainistes aussi bien que fédéralistes, pourraient faire un millage d’enfer s’ils pouvaient seulement concevoir que le mot « Réciprocité » est bel et bien un mot français.
    Les péquisteux, en particulier, s’ils renouaient avec cette idée qui a déjà été dans l’air que respirait le gouvernement Lévesque, cesseraient enfin de parler des deux côtés de la bouche …eh oui, eh oui, l’Indépendance n’ayant jamais été espérée ni par ni surtout pour l’électorat du West Island. Bien au contraire…On jase.

  • Yves Corbeil Répondre

    9 mai 2017

    Merci M.Sirois,
    Nous le savons qu'on est pas xénophobe ou raciste. Quelques individus ne sont pas l'image d'une entière population et des gens comme ça il y en a partout.
    Par contre dans l'autre solitude, leur façon (les autorités) de traiter les francophones laisse perplexe sur leur vrai nature. Imaginez un instant si on faisait subir le même sort à nos concitoyens anglophones et allophones. J'ose même pas penser ce qu'ils diraient de nous. Ils nous traitent déjà de la sorte et on n'agit même pas comme ça.
    Peut-être devrions-nous commencé à penser à l'avenir de nos enfants et renforcir la loi 101 et surtout s'assurer que tous les nouveaux arrivants fonctionnent en français au Québec. Le bilinguisme c'est un plus dans une société mais le français c'est un ''must'' dans la nôtre et à l'école ça doit se passer en français jusqu'à l'université.

  • Jean-Claude Pomerleau Répondre

    8 mai 2017


    Oui il y a du racisme systémique au Québec.
    Celui des anglo-saxons contre nous depuis plus de 250 ans. Et que, ni QS ni le PLQ, ne dénoncent, préférant placer la victime dans la boite des accusés.
    Québec solidaire des... libéraux.
    Jean Claude Pomerleau

  • Marcel Haché Répondre

    8 mai 2017

    Vous avez parfaitement raison, André Sirois. Zéro racisme à Expo 67. J’y ai travaillé itou. Une formidable atmosphère.
    C’est tout le Québec qui était à l’Expo, pas seulement Montréal. Et « Quand tu viendras… » reste encore aujourd’hui l’hymne magnifique, encore au cœur de toute une génération qui a été trahie.
    Eh oui, hélas, déjà en 1967, on jase là... quelques têtes fêlées trouvaient que Nous étions tissés beaucoup trop serrés. Le père de l’actuel premier ministre canadien fut alors un redoutable anti-tissé-serré. C’est cette même tête fêlée qui Nous imposera plus tard, au cours de son règne anti-Québec, on jase encore… que Nous vivions dans une société radicalement moins tissée-serrée et de plus en plus multiculturelle, de fait de plus en plus multi-conflictuelle. Salutations.